Alors que le Haut Comité de secours évalue encore les dégâts provoqués dans l’immeuble Tabaris 812 pendant les manifestations du dimanche 5 février à Achrafieh, le montant des dommages se précise pour les propriétaires et locataires de l’immeuble. « Les dégâts sont estimés entre 30 et 40 millions de dollars », affirme le président du comité des copropriétaires de Tabaris 812, Richard Jreissati. Cela comprend les destructions matérielles et le manque à gagner en termes de location de l’espace, a-t-il souligné, sachant qu’il faudra « au moins un an » pour que les locaux soient à nouveau opérationnels. Excluant un dédommagement de la part des assureurs de l’immeuble, les propriétaires collaborent actuellement avec le Haut Comité de secours qui doit évaluer le montant des dégâts avant de prévoir d’éventuels remboursements. « Pour le moment, on teste la volonté des autorités », indique M. Jreissati, qui commence cependant à exprimer quelques « doutes » sur la coopération des autorités, une certaine lenteur ayant été remarquée sur ce plan. « En cas de non-remboursement, nous nous préparons à une offensive de taille », prévient-il. Si le gouvernement ne tient pas ses promesses, les propriétaires de Tabaris 812 envisagent une série de mesures pouvant aller d’un « campement devant l’immeuble » à une campagne médiatique internationale massive, indique M. Jreissati. De son côté, Talal Makdissi, le président du groupe THG, un des principaux résidents de l’immeuble, affirme avoir été contacté par de nombreuses personnalités politiques locales et régionales, mais par aucun membre du gouvernement. Pour lui, « quel que soit le montant des dédommagements, il sera inférieur à la valeur réelle des dégâts ». Les locaux des compagnies du groupe (Intermarkets, Team, Media Edge, Young and Rubicam et Asdaa), qui s’étendaient sur 1 600 m2, deux étages de l’immeuble, ont subi des dommages importants. Harb Harb, un responsable financier du groupe, les évalue à trois millions de dollars, « mais les dégâts matériels ne sont pas les plus importants ». « Les 96 employés du groupe ont repris leur travail dès le lendemain, souligne-t-il. En revanche, la perte de certains documents est inestimable. » En effet, les archives du groupe, « qui représentent 20 ans de création », ont entièrement pris feu « et cela n’a pas de prix », déplore M. Harb. Les dégâts immatériels, notamment en termes de perte de clientèle, sont également au centre des préoccupations de Joseph Lati, président de la Banque Lati, dont le siège était situé au rez-de-chaussée de l’immeuble. En effet, certains locataires de l’immeuble étaient des « clients de qualité » de la banque, explique M. Lati. « Une partie d’entre eux sera sûrement perdue en raison de son déménagement », a-t-il estimé. Concernant les dégâts matériels, le président de la banque n’a pas souhaité donner une évaluation, mais il prévoit « un coût de remplacement très élevé ». Par rapport à la fin de l’année 2000, date à laquelle a été construit le siège, l’euro est passé de 0,8 pour un dollar à 1,2, la cherté de vie a augmenté de 50 % et une TVA de 10 % a été imposée, explique M. Lati. Ce qui, selon lui, multiplie le coût de remplacement par 2,5 %. Du côté des autorités, on n’a pas voulu donner de chiffres avant la fin du travail de recensement du Haut Comité de secours dans l’immeuble. Le montant des remboursements sera ensuite discuté en Conseil des ministres, a précisé un fonctionnaire. En revanche, les particuliers du quartier qui ont subi des dégâts pendant la manifestation sont appelés à se rendre auprès du comité, à l’immeuble Starco, les 16 et 17 courant, pour recevoir leurs dédommagements. Plus de 200 personnes devraient être concernées, a indiqué un membre du comité. Sahar AL-ATTAR