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Le ministre de l’Intérieur p.i. s’engage à donner aux Libanais, dans les 72 heures, des détails sur l’enquête au sein des FSI Fatfat prend le taureau par les cornes et annonce l’arrestation de 416 personnes, dont 138 Syriens

Le ministre de l’Intérieur par intérim, Ahmad Fatfat, a tenu hier une conférence de presse à l’issue d’une réunion du Conseil central de sécurité qu’il a présidée. Une réunion dont on retiendra, outre les chiffres et les détails, une promesse ferme de la part du successeur de Hassan Sabeh : « Les forces de sécurité ont commis des erreurs. L’armée a commencé une enquête interne, et je m’engage, au plus tard dans 72 heures, à donner aux Libanais des informations détaillées sur l’enquête au sein des FSI. Et s’il est prouvé qu’il y a eu lacunes, cela sera transmis au parquet militaire », a dit le ministre Fatfat. « Certains troubles étaient prévus : dans la nuit de samedi, les services de sécurité ont reçu des informations selon lesquelles certaines parties souhaitaient provoquer des émeutes pendant la manifestation. Voilà pourquoi les services de sécurité ont préparé ce qu’elles ont pu. 900 éléments des FSI se sont ainsi déployés à Achrafieh, en plus de commandos de l’armée, de commandos de la marine et forces spéciales. Les FSI ne pouvaient pas donner plus, elles souffrent d’un manque en hommes. Idem pour les brigades antiémeute, formées de 350 hommes il y a huit mois, et qui en comptent 850 aujourd’hui, alors qu’elles devraient, pour faire face à ce qui s’est passé dimanche, disposer de 3 500 hommes », a commencé par dire le ministre, évoquant également le déficit « énorme » en matériel et en équipements. La direction générale des FSI, l’armée, la Sécurité de l’État ont fait des études relatives aux besoins en hommes et en matériel, et cela « nécessite une décision politico-financière audacieuse. Les pertes matérielles, économiques et politiques enregistrées le 5 février sur les court, moyen et long termes, restent bien plus élevées que ce que nous auraient coûté les forces de sécurité », a rappelé Ahmad Fatfat, posant tout haut la question que tout le monde répète tout bas : « Quelle sécurité souhaitons-nous pour le Liban ? » Le ministre a dénoncé les parties politiques qui ont commencé à douter de la décision politique liée à l’envoi des forces de sécurité, et même, a-t-il regretté, de la volonté de ces forces de faire face aux émeutiers. « Au contraire : cette décision a été prise, des gaz lacrymogènes et des tirs à blanc ont été utilisés ; l’armée, en un même point, a tiré 5 000 balles en l’air, et malgré cela, les émeutiers n’ont pas reculé », a expliqué Ahmad Fatfat. « Il fallait alors prendre une décision politique extrêmement dangereuse : tirer sur les manifestants. Alors, nous avons choisi le moindre des deux maux, nous avons préféré le mauvais choix au lieu du pire », a-t-il souligné, mettant néanmoins l’accent sur des manquements et des fautes. « Cette manifestation n’a pas été étudiée sérieusement, ni l’appel, ni le nombre de participants, ni le trajet, et encore moins l’emplacement de l’ambassade danoise », a-t-il insisté, se demandant pourquoi la manifestation ne s’est pas dirigée « vers la représentation norvégienne » (située, rappelons-le, à la rue Bliss)… Et relevant qu’il n’y a pas eu de coordination efficace entre les forces de sécurité et les organisateurs de la manif. Le ministre de l’Intérieur p.i. s’est ensuite penché sur les arrestations, photos de presse (et prises de la télévision) à l’appui, assurant que toutes les personnes arrêtées l’ont été une fois prouvée leur participation aux émeutes, sur base du témoignage d’une personne déjà interpellée, ou sur les photos. « Nous voulons leur demander des comptes à tous sans exception, tout en respectant la loi », a-t-il dit, avant de donner une série de chiffres. Ainsi, sur les 416 personnes arrêtées, 202 l’ont été par les FSI (107 Syriens, 26 Palestiniens, 70 Libanais et 5 apatrides), 185 par l’armée (140 Libanais, 1 Soudanais, 1 apatride, 20 Palestiniens et 23 Syriens), et 23 par la Sécurité de l’État (13 Libanais, 1 Palestinien, 8 Syriens et 1 apatride). Au total, 223 Libanais, 138 Syriens, 47 Palestiniens, 1 Soudanais et 7 apatrides ont été arrêtés. « Aucune personne n’a été relâchée avant que l’on ne se soit assuré qu’elle n’a participé, d’aucune façon que ce soit, aux émeutes de dimanche », a dit le ministre. D’autre part, le Conseil central de sécurité, a-t-il poursuivi, a décidé de renforcer la confiance entre les différentes forces de sécurité. Il a également évoqué l’arrestation de 5 personnes incriminées dans des attaques contre des casernes de l’armée à Beyrouth et Saïda. Le ministre a en outre indiqué que les 13 membres d’el-Qaëda arrêtés il y a quelque temps continuent d’être interrogés. Il a promis que toutes les parties concernées allaient veiller 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 sur la sécurité des Libanais, remerciant les habitants d’Achrafieh et les leaders politiques pour leur sagesse, et informant l’ensemble des responsables politiques que les portes du ministère de l’Intérieur leur sont ouvertes au cas où ils disposeraient d’informations ou de conseils à donner. Ahmad Fatfat a ensuite évoqué le communiqué de l’Alliance du 14 mars (dont il fait partie) d’avant-hier lundi, démentant la présence de fondamentalistes armés jordaniens à Wadi Khaled, Fneidek ou Minié. « Des enquêtes détaillées sont menées à ce sujet, mais nous n’avons aucune information sur la présence de ces gens-là », a-t-il dit, révélant que certaines des informations données sont partielles, ou qu’elles ont dû arriver d’une façon partielle aux membres de l’Alliance du 14 mars, et qu’aucune personne entrée de Syrie ne l’a fait d’une manière illégale. « Je ne travaille pas en tant que membre d’un pôle politique ; je me comporte en tant que professionnel de la sécurité », a-t-il en outre insisté, soulignant que le ministère de l’Intérieur est prêt à donner toutes les informations, dans le détail, à qui le souhaite. Et rappelant que toute manifestation se fera dorénavant en fonction de la loi en vigueur, et promettant une entière transparence sur tout ce qui concerne la sécurité des Libanais. Au cours d’une discussion à bâtons rompus avec les journalistes, Ahmad Fatfat a annoncé un projet visant à augmenter le nombre des FSI jusqu’à 24 000 en 2006 et 28 000 en 2007, soit 7 éléments pour 1 000 habitants. « Mais cela demande bien plus de moyens que ce qui existe jusqu’à présent », a-t-il déclaré, évoquant les dons des pays amis et indiquant que seul celui du Qatar a été fourni jusqu’à présent. Interrogé sur la décision politique commune, il a parlé d’un problème que tout le monde connaît et qui doit être présenté le plus clairement possible au peuple libanais. « Il s’agit de la sécurité politique : les conflits politiques et les ingérences étrangères ont un impact sur la sécurité », a-t-il souligné, rappelant encore une fois que la moitié des personnes arrêtées sont de nationalité syrienne et palestinienne.
Le ministre de l’Intérieur par intérim, Ahmad Fatfat, a tenu hier une conférence de presse à l’issue d’une réunion du Conseil central de sécurité qu’il a présidée. Une réunion dont on retiendra, outre les chiffres et les détails, une promesse ferme de la part du successeur de Hassan Sabeh : « Les forces de sécurité ont commis des erreurs. L’armée a commencé une enquête...