Le procès du seul coupable officiel de l’organisation des attentats du 11-Septembre 2001, le Français Zacarias Moussaoui, s’est ouvert hier dans l’agitation, ce dernier contestant ses avocats et qualifiant la procédure de « cirque », avant d’être évacué. À peine amené hier dans la salle d’audience du tribunal fédéral d’Alexandrie (Virginie, près de Washington) où environ 120 jurés potentiels attendaient que la juge Leonie Brinkema leur présente l’affaire et leur fasse remplir un questionnaire, Zacarias Moussaoui s’est levé. « Je veux être entendu ! Ces gens ne me représentent pas », a-t-il dit en montrant ses avocats. La juge lui a répondu que son tour pour parler n’était pas encore arrivé. Il a répété : « Ces gens ne me représentent pas », puis a ajouté : « Je suis el-Qaëda. » Alors qu’il sortait, il a encore déclaré : « Ils ne me représentent pas, ils sont américains », avant de conclure : « Ce procès est un cirque. » Lors d’une deuxième audience peu après 11h00 avec un autre groupe de jurés, Moussaoui a repris la parole pour contester sa défense. Il a une nouvelle fois été sorti. Moussaoui, 37 ans, refuse depuis plusieurs mois de communiquer avec ses avocats, qu’il a parfois accusés de comploter contre lui en dépit de leurs efforts pour le défendre depuis plusieurs mois. Le Français, vêtu de la combinaison verte du prisonnier, arborant une longue barbe et les cheveux plus longs qu’à l’accoutumée, comparaissait en public pour la première fois depuis le 22 avril 2005. Il avait alors plaidé coupable pour les six chefs d’accusation retenus contre lui en lien avec les attentats du 11-Septembre, dont quatre sont passibles de la peine de mort. Tout en admettant sa complicité, il avait aussi affirmé qu’il ne faisait pas partie de l’opération 11-Septembre, précisant qu’il devait attaquer la Maison-Blanche lors d’une autre série d’attentats. L’audience d’hier marque le début du processus de sélection des jurés pour ce procès, qui, après la reconnaissance de culpabilité, ne portera que sur sa peine : prison à vie ou peine de mort. Cinq cents personnes tirées au sort sur les listes électorales de Virginie étaient convoquées par groupes pour remplir un questionnaire d’une quarantaine de pages. « Ce questionnaire a pour but d’obtenir des informations sur votre profil, pouvait-on lire en première page. Le but de ces questions est de déterminer si les jurés potentiels peuvent se prononcer de manière neutre sur cette affaire. » « Si vous avez des questions sur ce que vous venez de voir, vous devrez l’indiquer dans le questionnaire », a aussi dit la juge à l’assistance après l’incident provoqué par Moussaoui. Elle a expliqué aux jurés qu’ils devraient tenter de rester éloignés des journaux, pour ne pas être influencés, pendant le processus de sélection et les audiences. Les questionnaires seront analysés par les deux parties avant des séances de questions orales qui démarreront le 15 février. Au final, 18 des 500 personnes convoquées (12 jurés et leurs suppléants) seront retenues. La mère de Moussaoui, Aïcha el-Wafi, originaire du Maroc, n’était pas présente. Elle assistera au procès après la sélection des jurés, à partir du 6 mars. Mais depuis la France, elle a pris sa défense. « Zacarias est un coupable idéal parce qu’il est pauvre, instruit et arabe, a-t-elle affirmé à l’AFP. Mon fils refuse de parler aux avocats, à la défense, parce qu’il a compris qu’il n’y a pas de solution, que le procureur américain veut un coupable. » À Paris, le ministère des Affaires étrangères a pour sa part contesté avoir abandonné ce ressortissant français, comme l’en accuse Mme el-Wafi. « Nous avons toujours exprimé notre entière disponibilité pour rencontrer M. Moussaoui dans le cadre de l’exercice de la protection consulaire », a déclaré à l’AFP le porte-parole adjoint du ministère, Denis Simonneau.