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Actualités - CHRONOLOGIE

Sit-in du CPL devant l’église Saint-Maron Aoun : J’appelle à la démission du gouvernement

C’est un message fort, de solidarité avec les habitants d’Achrafieh, de condamnation des tentatives de provoquer la discorde interne, mais aussi une demande claire de démission du gouvernement que le général Michel Aoun a lancés hier soir, dans la cour de l’église Saint-Maron encore jonchée de gravats. Appelés à un sit-in à 18 heures devant l’église, les militants du CPL sont venus en masse, foulards et drapeaux oranges à l’appui, mais ils ne savaient pas que leur chef participerait aussi au sit-in. Ils ont donc commencé à se rassembler, encore sous le choc des événements de la journée. Certains sont entrés directement dans l’église pour prier, d’autres discutaient entre eux, sous l’œil vigilant de Hekmat Dib, cadre du CPL, qui tenait à ce qu’il n’y ait aucun dérapage verbal, provoqué par la révolte et la frustration. Massoud Achkar, lui, parlait carrément d’invasion, se demandant pourquoi les autorités n’ont pas réagi, alors que Hekmat Dib déclarait que c’est là un dossier de plus dans lequel le gouvernement a échoué, exprimant la peur et le dégoût des citoyens. Spontanément, les participants au sit-in cherchaient des explications, essayaient de comprendre comment une manifestation de protestation contre une atteinte à l’islam au Danemark pouvait transformer un quartier pacifique en champ de bataille, surtout après l’élan d’unité du 14 mars 2005. Leur rancœur allait surtout vers le gouvernement et le ministre de l’Intérieur, incapable de les protéger et de les rassurer. Dans leurs propos, nulle agressivité, nulle violence, rien qu’une immense inquiétude et une double question :pourquoi y a-t-il eu toute cette casse et pourquoi les autorités n’ont-elles pas réagi ? Mais l’arrivée surprise du général Michel Aoun à l’église Saint-Maron modifie l’ambiance. Aussitôt, le moral des participants au sit-in remonte d’un cran. Sous les applaudissements frénétiques, le général entre dans l’église pour se recueillir quelques instants, alors que les députés de son bloc ainsi que les cadres du CPL l’avaient déjà précédé à l’intérieur. Complicité entre les manifestants et les FSI Mais il ressort rapidement, et s’adresse aux journalistes dans la cour arrière de l’église. Le verbe clair et le ton ferme, il commence par rendre hommage aux habitants d’Achrafieh et aux chrétiens en général, qui ont refusé de répondre au mal par le mal et qui ont suivi ses appels au calme. « Mais il faut aussi définir les responsabilités de ce qui s’est passé. Il y a d’abord ceux qui ont organisé la manifestation, puis ceux qui ont donné le permis et n’ont pas su protéger les gens et leurs biens. Si le droit de manifester est sacré, le droit de détruire et de saccager n’est pas reconnu. De plus, lorsqu’elles ont pris connaissance de la décision d’appeler à une manifestation, les autorités auraient dû, grâce à leurs investigations et à leurs SR – car elles en ont et que personne ne prétende le contraire –, prévoir ce qui allait se passer. » Au journaliste qui précisait que les fauteurs de troubles seraient en majorité de nationalité syrienne, le général riposte aussitôt : « Je veux bien croire qu’ils le sont tous, mais les Syriens présents au Liban sont-ils au-dessus de nos lois ? Et pourquoi les unités d’investigation n’ont-elles rien vu venir ? Pourquoi les forces déployées sur place ont-elles laissé faire ? Il est temps que le gouvernement assume ses responsabilités. Je l’appelle à démissionner. Mais avant de le faire, il doit dédommager les habitants d’Achrafieh. » À la question de savoir que pouvaient faire les forces présentes, qui n’avaient que deux choix : laisser faire ou provoquer un massacre en tirant sur la foule, le général répond : « Qu’on ne me dise pas qu’il n’y avait pas un troisième choix. On les a pourtant vus faire il y a quelques semaines à Awkar. Et on les voyait aussi faire quand ils lâchaient leurs tuyaux d’eau sur une poignée de manifestants aounistes… Il y avait une complicité claire entre les manifestants et les forces de l’ordre. Et nous en avons payé le prix. Mais nous ne sommes pas en confrontation avec les musulmans. Le Liban ne sera pas un second Irak. De nombreuses forces souhaitent le dialogue et œuvrent en ce sens. Seul le gouvernement le rejette… » La messe allait bientôt commencer. Pour des raisons de sécurité, mais aussi pour éviter de provoquer les susceptibilités de certaines forces qui venaient assister à l’office religieux, le général Aoun s’est retiré. Les militants FL, venus aussi sur place avec force drapeaux et portraits du Hakim, ont alors scandé leurs slogans habituels, dans une volonté évidente de provoquer les aounistes. L’un d’eux a même tenté de lancer une pierre sur le général. Mais celui-ci a demandé à ses partisans de ne pas répondre. Les soldats de l’armée, qui n’étaient pas bien loin, sont aussi venus se poster à l’entrée de l’église, au cas où… Mais les militants ont accepté les appels au calme, même si beaucoup en avaient gros sur le cœur. Scarlett HADDAD
C’est un message fort, de solidarité avec les habitants d’Achrafieh, de condamnation des tentatives de provoquer la discorde interne, mais aussi une demande claire de démission du gouvernement que le général Michel Aoun a lancés hier soir, dans la cour de l’église Saint-Maron encore jonchée de gravats. Appelés à un sit-in à 18 heures devant l’église, les militants du CPL sont...