Con tres palabras : une chanson qui a fait rêver des générations entières de midinettes, car la conquête amoureuse y tient à trois petits mots magiques. En politique cependant, l’amour n’a pas trop voix au chapitre. Et il est difficile de croire que la formule somme toute banale récitée jeudi devant le Parlement par Fouad Siniora – la Résistance n’a été appelée, et ne le...
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L’ÉDITORIAL de Issa GORAIEB Appellation contrôlée
Par Issa GORAIEB, le 04 février 2006 à 00h00
Con tres palabras : une chanson qui a fait rêver des générations entières de midinettes, car la conquête amoureuse y tient à trois petits mots magiques. En politique cependant, l’amour n’a pas trop voix au chapitre. Et il est difficile de croire que la formule somme toute banale récitée jeudi devant le Parlement par Fouad Siniora – la Résistance n’a été appelée, et ne le sera, que par son nom de Résistance nationale – est tout ce qu’il fallait en vérité pour dénouer une crise gouvernementale qui se prolongeait depuis des semaines.
La ferme réponse libanaise aux attaques du président syrien Bachar el-Assad contre Fouad Siniora ; ensuite, l’appel à la constitution d’un tribunal à caractère international pour juger les assassins de Rafic Hariri ; puis la demande d’élargissement de l’enquête onusienne aux autres attentats terroristes, et dont le dernier en date a emporté le député et journaliste Gebran Tuéni ; et pour finir cette exigence d’une déclaration officielle exemptant la Résistance de l’appellation de milice. Tous ces dossiers ont été autant d’arguments invoqués par le tandem Amal-Hezbollah pour boycotter les réunions du gouvernement comme de l’Assemblée. Quelle entente, gardée confidentielle pour le moment, a-t-elle permis de débloquer la situation ? En attendant d’y voir plus clair, on se félicitera sans réserves – mais non sans commentaires – de ce retour général à la raison. À la discussion responsable. Au dialogue politique engagé à l’ombre des institutions, c’est-à-dire en Conseil des ministres, dans l’enceinte du Parlement ou encore au sein du forum proposé par le président de l’Assemblée Nabih Berry.
Toujours est-il que son come-back étatique, c’est à grand fracas, littéralement au son du canon, que l’opère le Hezbollah. Comme un seul homme les Libanais se sont insurgés au spectacle de cet innocent berger froidement abattu par les Israéliens alors qu’il emmenait paître son troupeau du bon côté de la ligne bleue, fait dûment constaté d’ailleurs par les observateurs onusiens. Et ils sont nombreux, les Libanais, à comprendre que le martyre gratuit du jeune Ibrahim appelait quelque riposte contre l’agresseur : encore qu’au vu du flagrant déséquilibre des forces, on est en droit de se demander quel bord pâtirait le plus, en réalité, d’une escalade de la violence échappant à tout contrôle.
En revanche, les Libanais sont beaucoup moins nombreux à cautionner la détermination proclamée du chef du Hezbollah à frapper l’agresseur sans demander l’autorisation de quiconque. Comment a-t-on pu faire partie de l’Exécutif et boycotter dans le même temps celui-ci ? À peine cette interrogation est-elle rendue caduque, que lui sont substituées celles-ci, encore plus graves : quel dialogue sérieux est-il possible avec les autres quand on se pose en seule fraction habilitée à porter les armes ; quand on s’arroge l’exclusivité du pouvoir de faire la guerre à la frontière sud, quand on va jusqu’à dénier ne serait-ce qu’un droit de regard à ce même État auquel on s’est pourtant intégré en y envoyant des députés d’abord, et puis des ministres ?
L’autre observation qui s’impose, c’est que la décrispation actuelle a paradoxalement lieu à l’heure où le Proche et le Moyen-Orient vivent une période des plus troubles : tout se passant comme si l’exacerbation du dossier nucléaire iranien, de même que les incertitudes ouvertes par la victoire électorale des islamistes palestiniens, commandaient précisément à toutes les parties en présence un surcroît de prudence.
C’est un test de responsabilité en tout point décisif que passe en ce moment le Hamas, tenu en effet de gérer tout à la fois ses aspirations nationales et une population écartelée, saucissonnée par l’occupant israélien et dont la subsistance dépend plus que jamais de l’assistance internationale. Et c’est un test non moins déterminant qui attend une Résistance rentrée après une longue bouderie au bercail gouvernemental et dont on est en droit d’attendre qu’elle résiste aussi aux chants de sirènes, qu’ils soient iraniens ou syriens. Qu’elle place l’intérêt de tout le Liban au-dessus des considérations régionales, qu’elle surmonte la tentation du singularisme communautaire.
Alors, et alors seulement, aura-t-elle fait taire les sceptiques en levant la tenace ambiguïté milicienne qui la poursuit. Alors la Résistance aura-t-elle pleinement mérité, autrement qu’en termes de convenance politique, son label national.
Con tres palabras : une chanson qui a fait rêver des générations entières de midinettes, car la conquête amoureuse y tient à trois petits mots magiques. En politique cependant, l’amour n’a pas trop voix au chapitre. Et il est difficile de croire que la formule somme toute banale récitée jeudi devant le Parlement par Fouad Siniora – la Résistance n’a été appelée, et ne le...
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