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Actualités - CHRONOLOGIE

De nombreux défis attendent le mouvement, non préparé à assumer seul le pouvoir Le succès du Hamas le contraint à se métamorphoser

Une fois retombés les confettis de la fête de son inattendu raz de marée électoral, le Hamas se retrouve prématurément au pied du mur : il lui faut assumer le pouvoir. Issu en 1987 de la première intifada, ce mouvement islamiste qui s’est fait un dogme de la négation d’Israël se retrouve sans crier gare aux premières loges politiques et diplomatiques. Sans s’y être préparé, il va devoir cohabiter avec un président élu – Mahmoud Abbas – qui s’est profondément engagé envers une solution de cohabitation avec l’État juif. Il lui faudra en outre tenir compte d’une communauté internationale qui a béni cette voie pacifique et détient les cordons de la bourse de l’entité autonome palestinienne initialement rejetée par le Hamas. Par ailleurs, la « branche palestinienne » des Frères musulmans hérite de plusieurs décennies de domination du Fateh, le mouvement nationaliste dont l’histoire se confond avec celle du nationalisme palestinien. Fondé dans les années 1960 par le défunt Yasser Arafat, dont le flambeau a été repris en 2005 par Abbas, son compagnon de route de toujours, le Fateh, désavoué, n’est pas d’humeur à ouvrir une voie royale au Hamas. « Le Hamas est en crise. Il est incapable de fournir les réponses aux questions qui se posent à lui sans prévenir. Alors qu’il agitait le slogan “réforme et changement”, c’est lui qui doit changer », estime l’analyste palestinien Hani Habib. Grâce à sa majorité absolue, le mouvement fondé par cheikh Ahmed Yassine, liquidé en 2004 par Israël, est censé composer à sa guise le nouveau gouvernement palestinien. Mais il s’est empressé d’inviter les autres factions palestiniennes à y participer au motif, selon les termes d’Ismaïl Haniyeh, son chef de file électoral, de « sauvegarder l’unité nationale ». Pour les commentateurs, il est indispensable au Hamas de rallier le maximum de factions autour de lui pour atténuer son image de radicalisme aux yeux mêmes d’une partie de son électorat – sans parler de la diaspora palestinienne. Car le « tsunami politique » de mercredi s’explique autant, sinon plus, par le « ras-le-bol » des électeurs vis-à-vis du Fateh que par la popularité du Hamas, qui a engrangé une action sociale et charitable unanimement reconnue. La volonté du Hamas d’épurer un establishment palestinien corrompu fait l’objet d’un consensus, mais, selon l’analyste Mahdi Abdel Hadi, le mouvement n’a pas mandat pour tout remettre en cause. La reconnaissance du droit d’Israël à l’existence, concédée par le Fateh lors des négociations d’Oslo, est ainsi considérée par une majorité de Palestiniens comme irréversible. Le Hamas a déjà fait preuve de sa faculté d’adaptation en observant depuis un an une trêve, en prenant part au scrutin de mercredi dans le cadre d’institutions nées d’Oslo et en mettant sous le boisseau durant sa campagne ses appels à la destruction d’Israël. La plupart des analystes suivant de près le dossier estiment improbable que, parvenu au pouvoir, le Hamas reprenne dans un avenir immédiat une lutte armée à laquelle il affirme ne pas renoncer. Une telle prorogation de la trêve pourrait amener Israël à nouer une forme de dialogue avec le Hamas au lieu de prendre des mesures unilatérales au prétexte de l’absence d’un partenaire de paix.

Une fois retombés les confettis de la fête de son inattendu raz de marée électoral, le Hamas se retrouve prématurément au pied du mur : il lui faut assumer le pouvoir.
Issu en 1987 de la première intifada, ce mouvement islamiste qui s’est fait un dogme de la négation d’Israël se retrouve sans crier gare aux premières loges politiques et diplomatiques. Sans s’y être préparé,...