Les pays occidentaux ont exprimé hier leur inquiétude après la victoire du groupe intégriste Hamas aux législatives palestiniennes de mercredi, estimant que tout dialogue avec ce mouvement radical était conditionné par son rejet de la violence. Les mouvements islamistes, comme les Frères musulmans d’Égypte, criaient par contre victoire, assurant que « la voie de l’islam » avait gagné. Le président américain, George W. Bush, a affirmé que le Hamas devait renoncer à vouloir la destruction d’Israël et souhaité que le président palestinien, Mahmoud Abbas, reste au pouvoir malgré la victoire du mouvement radical. M. Bush avait indiqué dès mercredi soir qu’il refuserait de discuter avec le Hamas tant que ce dernier ne renoncerait pas à la destruction d’Israël. La secrétaire d’État, Condoleezza Rice, a déclaré que Washington restait opposé au Hamas mais convaincu que les Palestiniens voulaient la paix, soulignant néanmoins que « ces aspirations ne peuvent être satisfaites que par une solution à deux États qui exige de renoncer à la violence, se détourner du terrorisme, accepter le droit à l’existence d’Israël et le désarmement des milices ». La Commission européenne a indiqué qu’elle coopérera avec le futur gouvernement palestinien « quel qu’il soit, du moment qu’il est déterminé à poursuivre ses objectifs de façon pacifique ». Le chancelier autrichien, Wolfgang Schüssel, président en exercice de l’Union européenne, a pour sa part déclaré que l’UE jugera le prochain gouvernement palestinien devant être constitué par le Hamas sur « sa contribution au processus de paix ». Le Premier ministre français, Dominique de Villepin, a exprimé son « inquiétude », soulignant la nécessité pour le Hamas de « renoncer à la violence », alors que le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a « rappelé que le Hamas reste inscrit sur la liste des organisations terroristes établie par l’Union européenne ». « Il est important que le Hamas comprenne (...) qu’il doit décider entre la voie de la démocratie et la voie de la violence », a de son côté déclaré le Premier ministre britannique Tony Blair. Le chef de la diplomatie britannique, Jack Straw, a estimé que « la communauté internationale va vouloir du Hamas qu’il rejette clairement la violence et reconnaisse l’existence d’Israël ». Même son de cloche à Berlin, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, appelant le Hamas à renoncer à la violence et à reconnaître le droit à l’existence d’Israël. Le gouvernement suédois a appelé le Hamas à changer de politique s’il voulait coopérer avec l’UE et la Suède en particulier alors que le ministère néerlandais des Affaires étrangères a affirmé que les Pays-Bas ne pouvaient « pas collaborer avec le Hamas tant qu’il poursuit ses appels à la destruction de l’État d’Israël ainsi que ses actes de violence ». De son côté, la Russie a souhaité que le Hamas se prononce « pour un règlement pacifique et pour la création d’un État palestinien indépendant qui vivrait en paix avec Israël », selon son émissaire au Proche-Orient, Alexandre Kalouguine. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohammed Bedjaoui, a appelé le monde occidental à juger sur pièce le Hamas, invitant le mouvement radical à passer au plus vite à la négociation. Pour sa part, l’Iran a félicité le Hamas pour sa victoire, saluant le choix des Palestiniens pour « la poursuite de la résistance » à l’occupation israélienne. En Égypte, les Frères musulmans ont également félicité le Hamas pour sa « victoire éclatante » et « pour s’être montré à la hauteur de ses responsabilités », selon Essam al-Aryane, porte-parole des Frères musulmans égyptiens, interdits mais tolérés. Fauzan al-Anshori, porte-parole du Conseil des moudjahidine indonésiens (MMI), principal groupe islamiste radical indonésien, a qualifié la victoire du Hamas de « phénoménale ». L’Occident doit respecter le choix du peuple palestinien, a déclaré pour sa part la plus importante organisation islamiste marocaine, al-Adl wal ihsane (Justice et bienfaisance).