Ainsi, peu de gens savent que la marine qui ébahit le monde en humiliant la Russie tsariste en 1905, à Tsushima, faisant du Japon une grande puissance, fut modernisée par...
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HISTOIRE - Diplomates, ingénieurs et artistes ont marqué l’archipel nippon au siècle dernier « Sabre et pinceau », chronique d’une épopée franco-japonaise oubliée
le 13 janvier 2006 à 00h00
Léon Roches, diplomate, Paul-Émile Bertin, ingénieur, Paul Jacoulet, artiste. Ces illustres inconnus, des Français du Japon, ont pourtant marqué, parfois profondément, l’histoire de l’archipel au siècle dernier.
Ainsi, peu de gens savent que la marine qui ébahit le monde en humiliant la Russie tsariste en 1905, à Tsushima, faisant du Japon une grande puissance, fut modernisée par des ingénieurs français. D’abord Léonce Verny (1837-1908) qui supervisa la construction du premier grand chantier naval de la marine impériale entre 1865 et 1876 à Yokosuka, près de Tokyo. Puis, dix ans plus tard, détaché au Japon, l’ingénieur et inventeur Paul-Émile Bertin (1840-1924) fut chargé de construire des bateaux de guerre et des arsenaux modernes.
Idem pour l’aéronautique. En 1910, le premier vol en avion au Japon s’est effectué sur un Henri-Farman français. Et il n’est pas exagéré de dire que la première mission militaire française d’aéronautique au Japon (1918-1920) a posé les bases de l’aviation militaire et de l’industrie aéronautique nippone. Cela, pour le sabre.
Pour le pinceau, un artiste comme Paul Jacoulet (1896-1960) est connu à Tokyo sous le nom de « l’autre Utamaro », un des maîtres des images « ukiyo-é » (estampes gravées sur bois et imprimées sur des feuilles de papier bon marché). Et Noël Nouët (1885-1969) a gagné le surnom de « Hiroshige IV », en référence au plus célèbre créateur d’estampes de l’ère Edo (1615-1868).
« Cela n’intéresse plus grand monde, sauf un public de militaires et de galeries de Paris », regrette Christian Polak, homme d’affaires et spécialiste d’histoire diplomatique, l’auteur de Sabre et pinceau, une chronique militaire et artistique des Français au Japon du début de l’ère Meiji à 1960.
Une chronique avec ses hauts et ses bas. Au milieu des années 20, époque charnière au Japon, la France a quelque peu délaissé l’archipel qui s’est alors tourné vers l’Allemagne. La faction proallemande a pris l’ascendant auprès des militaires nippons. « La propagande militariste japonaise a effacé la trace française. La France a été oubliée. Aujourd’hui, le parti proaméricain domine, on n’est pas antifrançais, mais on ne parle pas de la France », explique M. Polak. « Pourtant, la France a la cote d’amour, c’est le pays le plus aimé du grand public, grâce aux arts, à la peinture, la mode. Il y a toujours eu un noyau de pro-Français au Japon et un noyau de pro-Japonais en France », souligne l’érudit. « L’histoire continue, Carlos Ghosn (Français d’origine libanaise) c’est le Léon Roches moderne », ironise-t-il.
« Soie et Lumières »,
le premier volet…
Publié par la Chambre de commerce et d’industrie française du Japon, Sabre et pinceau est le deuxième volet d’une histoire de la France au Japon, après Soie et lumières (2001) consacré à « l’âge d’or » des échanges franco-nippons. Soie et lumières avait révélé le rôle des soyeux Lyonnais dans les relations entre la France et l’archipel à la fin de l’ère des Shôguns, et l’aventure extraordinaire du Dernier Samouraï, Jules Brunet, un instructeur d’artillerie français (américanisé dans la récente version hollywoodienne interprétée par Tom Cruise).
Bibliophile, M. Polak écume les bouquinistes de Kanda, le quartier latin de Tokyo, les salles de ventes, les archives de Vincennes et du Quai d’Orsay, en quête de documents inédits et d’iconographie de première main. « L’iconographie est un travail de trente ans d’assemblage. J’ai un fonds qui permet d’illustrer tous les sujets que l’on veut traiter. » « Ce que j’apporte, ce sont des preuves irréfutables, pas une légende », insiste le collectionneur, qui vient d’acquérir le premier cliché d’un empereur du Japon, une photo autrichienne de Meiji inaugurant l’arsenal de Yokosuka le 1er janvier 1872, pour cinq millions de yens (36 000 euros). « Il y a encore plein de personnages fabuleux, des militaires, des juristes, de grands bonshommes qui avaient un vrai regard, un regard puissant sur le Japon. Il y a beaucoup de choses à découvrir, ce n’est que le bout de l’iceberg », assure-t-il.
Léon Roches, diplomate, Paul-Émile Bertin, ingénieur, Paul Jacoulet, artiste. Ces illustres inconnus, des Français du Japon, ont pourtant marqué, parfois profondément, l’histoire de l’archipel au siècle dernier.
Ainsi, peu de gens savent que la marine qui ébahit le monde en humiliant la Russie tsariste en 1905, à Tsushima, faisant du Japon une grande puissance, fut modernisée par...
Ainsi, peu de gens savent que la marine qui ébahit le monde en humiliant la Russie tsariste en 1905, à Tsushima, faisant du Japon une grande puissance, fut modernisée par...
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