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Les deux puissances veulent éviter un chantage à l’énergie de la part de la Russie La Chine et le Japon craignent d’être les nouvelles victimes de la « guerre du gaz »

La Chine et le Japon ont observé avec angoisse la « guerre du gaz » qui a opposé la Russie à l’Ukraine, de peur d’être victimes, eux aussi, de chantages à l’énergie. « Contrôler l’énergie d’un pays revient à contrôler ses activités » : pour Hiroshi Watanabe, économiste basé à Tokyo pour l’Institut de recherche Daiwa, la confiance que porte l’Asie à la Russie « semble avoir été érodée du fait des menaces de réduction d’approvisionnement ». Moscou avait coupé en début de mois ses livraisons de gaz à l’Ukraine en raison d’un différend sur le prix du gaz exporté de Russie vers Kiev. Washington a récemment dénoncé une décision aux motivations « politiques », ce que Moscou a démenti. Aujourd’hui, Tokyo et Pékin ont conscience d’être eux aussi vulnérables à une éventuelle détérioration de leurs relations avec la Russie. Deuxième producteur mondial de pétrole et détenteur des plus importantes réserves de gaz au monde, la Russie est en effet une source essentielle d’approvisionnement pour l’Asie, grande dévoreuse d’énergie. Le Japon assure ne pas être inquiet, mais sa dépendance croissante par rapport à l’énergie russe fait craindre que Moscou ne l’utilise, par exemple, dans le différend qui perdure sur quatre îles du sud de l’archipel des Kouriles occupées par l’armée soviétique (puis russe) depuis la Seconde Guerre mondiale et revendiquées par Tokyo. La Chine n’a pas de différend majeur avec la Russie, mais Moscou pourrait faire à Pékin ce qu’il a fait à Kiev « en cas de détérioration des relations », avertit Lim Tai Wei, membre de la Fondation du Japon. Dans les années 1960, le divorce entre le Kremlin et la Chine avait poussé les Soviétiques à abandonner leur coopération énergétique, laissant Pékin se débrouiller seul face à l’embargo américain. La complexité du jeu diplomatique énergétique ne trouve pas de meilleure illustration que dans le projet russe de construire un oléoduc pour transporter le pétrole sibérien jusqu’à l’océan Pacifique. Moscou a annoncé vendredi que sa construction, qui devrait coûter au moins quinze milliards de dollars, commencerait cet été. Il doit transporter 80 millions de tonnes par an sur 4 200 kilomètres. Mais la Russie laisse planer le doute sur lequel des deux puissants d’Asie aura la primeur des livraisons : le Japon, a assuré en novembre à Tokyo le président russe Vladimir Poutine, deux mois après avoir affirmé que la Chine serait prioritaire. La seule chose que Pékin et Tokyo puissent faire « est de continuer à travailler avec la Russie », mais « sans mettre tous leurs œufs dans le même panier », explique David Zweig, expert à l’Université de science et de technologie de Hong Kong. La Chine recherche activement des solutions de remplacement en ce qui concerne le gaz russe, dont l’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) de Malaisie, d’Indonésie ou d’Australie. Mais cette option est relativement onéreuse.
La Chine et le Japon ont observé avec angoisse la « guerre du gaz » qui a opposé la Russie à l’Ukraine, de peur d’être victimes, eux aussi, de chantages à l’énergie.
« Contrôler l’énergie d’un pays revient à contrôler ses activités » : pour Hiroshi Watanabe, économiste basé à Tokyo pour l’Institut de recherche Daiwa, la confiance que porte l’Asie à la Russie «...