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Interrogations sur la viabilité et les orientations de Kadima La nouvelle donne suscite les inquiétudes sur l’avenir du processus de paix

Les jeux semblaient faits et le parti d’Ariel Sharon paraissait assuré de l’emporter aux élections du 28 mars, tant que son chef était en bonne santé. Maintenant qu’il est dans un état critique, l’issue redevient incertaine. D’ailleurs, les médias israéliens étaient unanimes à estimer que « l’ère Sharon » touchait à sa fin, Même s’il devait survivre, la gravité de l’attaque cérébrale qu’il a subie ne lui permettrait pas de continuer à diriger le gouvernement ou son parti Kadima, selon les dires de ses médecins. Or, Kadima, parti de centre-droit fondé en novembre par Ariel Sharon, était jusqu’à présent le parti d’un seul homme, devant l’essentiel de sa popularité à celle de son chef. « Kadima était totalement identifié à Ariel Sharon. Maintenant il n’est même plus certain que cette formation pourra survivre. Tout va dépendre de sa nouvelle direction », estime ainsi le politologue israélien Daniel Ben Simon. Moins pessimiste, le chercheur Yaron Ezrrahi estime pour sa part que Kadima ne peut plus espérer un rôle hégémonique mais devrait devenir « l’un des trois principaux partis du Parlement, avec les travaillistes à sa gauche et le Likoud à sa droite ». « Tout va dépendre des alliances que fera ce parti centriste. S’il s’allie aux travaillistes, il pourra poursuivre la politique d’Ariel Sharon et procéder à de nouveaux démantèlements de colonies, si ses chefs ont la détermination de Sharon », souligne ce professeur de l’Université hébraïque de Jérusalem. M. Sharon, 77 ans, semblait avant sa maladie sur le point de gagner son pari : révolutionner le jeu politique, en mettant fin à la dualité traditionnelle droite/gauche, par la création d’une troisième force en Israël. Dans cet objectif, il avait rompu avec le Likoud, dont il avait été un fondateur il y a trois décennies, et auquel il avait forcé la main en lui imposant un retrait de Gaza et un démantèlement de 25 colonies contraire au dogme du Grand Israël. Il était parvenu ensuite sans grand mal à convaincre une quinzaine des vingt députés du Likoud à le rejoindre au Kadima ainsi que des ténors du Parti travailliste comme l’ancien Premier ministre Shimon Peres. Il s’agissait pour Sharon d’accomplir son grand dessein : fixer unilatéralement les frontières d’Israël au prix de « concessions douloureuses » qui permettraient à l’État hébreu de garder l’essentiel en Cisjordanie, en l’occurrence Jérusalem-Est annexée et les blocs de colonies. Toutefois, bien qu’ayant l’apparence d’un parti orphelin, Kadima restait hier grand favori pour le scrutin, selon un sondage du Haaretz et de la chaîne 10 de télévision israélienne. Conduit par Shimon Peres, il raflerait 42 sièges à la Chambre contre 40 s’il était conduit par Ehud Olmert. Certes Olmert, partage les convictions de Sharon, sur la nécessité de « désengager » des Palestiniens et il a même eu l’initiative du plan de retrait de Gaza, réalisé en septembre. Mais il n’a ni l’autorité ni le charisme d’un Ariel Sharon, et cet avocat d’affaires, vieux routier de la politique, n’a pas fait preuve jusqu’à ce jour de la pugnacité du « bulldozer » Sharon. En dépit de ses prises de position souvent courageuses, M. Olmert risque donc fort de se heurter à une vive résistance s’il veut évacuer une partie des quelque 250 000 colons installés dans 150 implantations de Cisjordanie, d’autant que les territoires de Cisjordanie et Gaza sont le théâtre d’un chaos sécuritaire. « Beaucoup de membres du parti Kadima ne voudront pas pour chef un des hommes politiques les plus impopulaires dans le pays », relève, sur un ton peu amène, le quotidien en langue anglaise Jerusalem Post. Qui plus est, Kadima, qui par sa nature centriste reflète un large éventail d’opinions divergentes, regroupant « faucons » et « colombes », ne dispose toujours pas d’instances organisées pour fixer la liste de candidats députés, Sharon ayant gardé la haute main sur la question-clé des désignations. Franchement inquiet par l’éclipse de Sharon, le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, a estimé que « le peuple palestinien risque de faire les frais de la lutte pour le pouvoir en Israël, avec une intensification de la colonisation et des assassinats ».
Les jeux semblaient faits et le parti d’Ariel Sharon paraissait assuré de l’emporter aux élections du 28 mars, tant que son chef était en bonne santé. Maintenant qu’il est dans un état critique, l’issue redevient incertaine. D’ailleurs, les médias israéliens étaient unanimes à estimer que « l’ère Sharon » touchait à sa fin,
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