Le système financier et monétaire international a considérablement évolué lors des dernières décennies. La croissance rapide des transferts internationaux de capitaux, l’apparition d’innovations financières à un rythme continu et l’importance croissante prise par les marchés financiers constituent un défi, tant pour les décideurs politiques que pour les...
Actualités - OPINION
commentaire - Le point de vue du vice-président de la Bundesbank La réforme du FMI
le 05 janvier 2006 à 00h00
Par Jürgen Stark*
Le système financier et monétaire international a considérablement évolué lors des dernières décennies. La croissance rapide des transferts internationaux de capitaux, l’apparition d’innovations financières à un rythme continu et l’importance croissante prise par les marchés financiers constituent un défi, tant pour les décideurs politiques que pour les institutions financières internationales. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne le FMI, car il est au service de la communauté internationale et sa stratégie fait l’objet d’un débat de toute première importance.
Ce débat n’est pas entièrement nouveau. Le processus de réforme du FMI a été lancé à la fin des années 90 et il a été poursuivi par Horst Köhler, son ancien directeur général, qui a pris plusieurs initiatives importantes. Ces réformes, notamment celles visant à renforcer le rôle de surveillance du FMI et la politique d’accès exceptionnel (financement excédant les limites normales), doivent être maintenant finalisées et appliquées.
Ainsi, l’introduction de normes et de codes, de rapports sur l’observation des normes et des codes (RONC) et de programmes d’évaluation du secteur financier (PESF) permet d’aboutir à une plus grande transparence du Fonds, ce qui ne peut qu’améliorer la surveillance bilatérale, régionale et multilatérale. Mais la politique d’accès exceptionnel qui vise à renforcer la clarté de la politique de prêt du Fonds tout en assurant sa stabilité financière n’a toujours pas été testée grandeur nature.
Il faut également porter le regard bien au-delà de ces questions. La direction du FMI partage plusieurs des points de vue exprimés à plusieurs reprises par la Bundesbank quant à sa stratégie. Cette dernière estime que le Fonds doit limiter son activité au cœur de son mandat, à savoir la défense de la stabilité monétaire, financière et macroéconomique. Pour cela, le FMI ne devrait utiliser que deux instruments : la surveillance et le conseil en matière de politique économique.
Dans le cadre de la réforme en cours du FMI, ces deux instruments sont complémentaires. L’approfondissement des analyses et l’amélioration de la transparence, conduisant à des conseils globaux et à une information donnée en temps utile, ne peuvent que renforcer sa fonction de surveillance.
À l’inverse, s’il veut agir comme arbitre mondial des politiques nationales de taux de change, il rencontrerait des difficultés insurmontables et se verrait contesté dans ce rôle. De la même manière, se positionner en tant qu’assureur tous risques qui distribuerait des crédits à titre préventif, bien plus généreusement que cela ne se pratique, serait incompatible tant avec sa mission d’assistance financière à des conditions très favorables qu’avec le système actuel de refinancement de crédit à court terme par les réserves officielles. Ce n’est que dans le cas d’une réelle crise de la balance des paiements que le FMI doit intervenir pour apporter une aide financière limitée et temporaire aux pays membres, les encourageant à mettre en œuvre leur propre politique d’ajustement et le faisant savoir aux marchés.
De même, il n’entre pas dans sa mission de devenir une institution d’aide au développement, cette fonction étant dévolue à la Banque mondiale. Chaque institution gagnera en efficacité si elle se concentre sur son mandat précis, avec les outils spécifiques dont elle dispose.
Ainsi, la mise en œuvre du plan d’allégement multilatéral de la dette initié par le G8 constitue déjà une occasion sans précédent de résoudre le problème de la dette pour beaucoup de pays pauvres. C’est aussi l’occasion pour le FMI d’intensifier son action en direction des pays à faibles revenus et de se concentrer sur le cœur de sa mission et de son expertise.
Enfin, la représentation et un droit de vote équitable pour chaque pays membre est une condition préalable pour établir la légitimité dont le FMI a besoin sur la scène internationale. La distribution des quotas à chaque pays membre doit être fonction de son poids économique et de son degré d’intégration dans l’économie mondiale. Toute modification de ces quotas doit être faite de manière cohérente, en appliquant les mêmes critères pour tous les pays. Mais, de manière à inciter les pays créditeurs à apporter leur contribution financière au Fonds, il faut maintenir un lien fort entre les quotas d’une part et les droits de vote, l’accès aux ressources du FMI et les contributions financières de l’autre.
Cette question de représentation est un élément important du réexamen de la stratégie du FMI. Mais ce réexamen et la réforme qui va suivre doivent être bien plus larges pour bénéficier au FMI et à tous ses membres.
*Jürgen Stark est vice-président de la Bundesbank. Il va rejoindre le conseil d’administration de la Banque centrale européenne dans le courant du mois de janvier.
© Project Syndicate, 2005. Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz.
Par Jürgen Stark*
Le système financier et monétaire international a considérablement évolué lors des dernières décennies. La croissance rapide des transferts internationaux de capitaux, l’apparition d’innovations financières à un rythme continu et l’importance croissante prise par les marchés financiers constituent un défi, tant pour les décideurs politiques que pour les...
Le système financier et monétaire international a considérablement évolué lors des dernières décennies. La croissance rapide des transferts internationaux de capitaux, l’apparition d’innovations financières à un rythme continu et l’importance croissante prise par les marchés financiers constituent un défi, tant pour les décideurs politiques que pour les...
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