Plusieurs milliers de pèlerins ont afflué jeudi en Arabie saoudite pour le pèlerinage annuel de La Mecque (haj), beaucoup s’apprêtant à entrer dans le « royaume sacré » par l’une des cinq villes entourant le lieu saint.
Devant une mosquée d’al-Jouhfah, à environ 150 km au nord de La Mecque, au milieu du désert du Hijaz, un groupe de pèlerins iraniens, originaires d’Ispahan, se regroupent autour des bus dans lesquels ils ont fait le voyage. « J’ai récité “labbaïk” il y a une heure et j’ai commencé à pleurer », raconte Mohammed Hossein Ranjbar, 54 ans. « Labbaïk » est une prière récitée par les pèlerins pour déclarer leur soumission à Dieu et leur intention de commencer le haj.
C’est à al-Jouhfah que les pèlerins, venus du Caire et de Damas dans des caravanes de chameaux, s’arrêtaient, il y a plusieurs centaines d’années, pour « l’ihram », ce rituel de purification et de prière, censé placer le pèlerin dans un état de sacralisation avant qu’il ne débute les rites du haj à La Mecque.
Le haj commence cette année le 7 janvier, d’après le calendrier lunaire musulman. Hommes et femmes s’enroulent dans une étoffe blanche et non cousue. Pendant toute la période du pèlerinage, il leur est interdit d’avoir des relations sexuelles, de jurer, mentir, parler fort et se parfumer.
L’écrasante majorité des pèlerins d’aujourd’hui arrive en avion en Arabie saoudite, à l’aéroport affairé de Djeddah, deuxième ville du royaume, située sur la côte ouest. Certains arrivent en état d’ihram, récitant leurs prières dans l’avion tandis qu’il vole près de La Mecque, alors que d’autres préfèrent suivre la tradition et se conformer au rituel dans l’une des cinq villes entourant La Mecque, désignées par le prophète Mahomet il y a plus de 1 400 ans.
Le haj est l’un des cinq piliers de l’islam. Tout musulman est tenu de le faire au moins une fois dans sa vie s’il en a les moyens. Le nombre de pèlerins arrivés en Arabie saoudite s’élevait jusqu’au 23 décembre à 622 000, d’après des sources officielles. Ces dernières années, le nombre total de pèlerins avait atteint les deux millions.
« Le haj est la plus grande conférence annuelle au monde », déclare cheikh Khalaf ben Mohammed al-Moutlak, un religieux chargé du site d’al-Jouhfah. Assis par terre, dans une pièce moquettée d’un petit immeuble jouxtant la mosquée, ses associés l’écoutent attentivement tandis que des dattes et du café à la cardamome circulent. À l’intérieur de la mosquée, des pèlerins iraniens vêtus de blanc lisent le Coran, prient ou s’allongent sur le tapis pour un petit somme avant leur voyage, à la tombée de la nuit, vers Médine, où est enterré le prophète Mahomet, avant de retourner à La Mecque.
Un homme à la jambe amputée est assis contre le mur, ses béquilles posées près de lui. « C’est vraiment dur pour moi, mais je fais cela pour la deuxième fois pour l’amour de Dieu », raconte Moustafa Zariy, un Iranien de 44 ans, originaire d’Ispahan, en expliquant qu’il fait le haj cette année pour son père, mort récemment sans avoir complété les rites. Il dit qu’il tentera de rester en paix avec lui-même malgré « l’amertume » qu’il ressent envers les pays occidentaux, qu’il accuse d’être responsables de la perte de sa jambe en 1982, pendant la guerre qui a opposé l’Iran de 1980 à 1988 à son voisin irakien, alors dirigé par Saddam Hussein. Moustafa Zariy affirme que Saddam Hussein a utilisé des armes fournies par des pays comme la France.
À l’aéroport de Djeddah, un groupe de pèlerins irakiens jubilant arrivent de Bassora (sud de l’Irak). Abdel Amir Amer, 41 ans, exhibe fièrement la bourse qu’il portera pour garder son argent lorsqu’il aura changé de vêtements pour l’ihram à Abyar Ali, près de Médine. « Ça va être fantastique ! » affirme-t-il.
Sam DAGHER (AFP)
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