Pour la troisième fois en trois mois, le juge Nazem el-Khoury, chargé de l’enquête sur la faillite de banque al-Madina, a été agressé. Hier, alors qu’il faisait du jogging à Harissa, des inconnus lui ont assené des coups à la tête. Il a perdu connaissance et a été transporté à l’hôpital Notre-Dame du Liban, à Jounieh. Sur son lit d’hôpital, M. Khoury a reçu un appel téléphonique du Premier ministre, Fouad Siniora, dénonçant l’attaque, alors que dans un communiqué, le chef du PSP, Walid Joumblatt, a directement accusé la Syrie d’être derrière l’affaire. A l’issue de la première attaque dont il avait été la cible, M. Khoury avait demandé qu’on lui désigne un garde de corps pour être protégé, mais sa requête avait été refusée car elle nécessite l’approbation du Conseil central de sécurité, lui avait-t-on indiqué. Hier matin donc, alors qu’il s’adonnait à l’un de ses passe-temps favoris, non loin du domicile de son frère Fouad, M. Khoury a été agressé par deux inconnus qui lui ont assené des coups au bas de la tête à l’aide d’une batte en bois, ainsi qu’un coup de pied au ventre, avant de prendre la fuite vers la forêt voisine. Après avoir perdu connaissance dans un premier temps, le juge a réussi à contacter des membres de sa famille qui l’ont aussitôt emmené à l’hôpital où il a été soumis à des examens. Sur son lit d’hôpital, M. Khoury a reçu la visite de l’avocat général du Mont-Liban, Dany Chrabiyé, qui a ouvert une enquête, et du médecin légiste Malek Hilal qui a précisé que la situation du juge est stable. Le magistrat avait été la cible de plusieurs menaces au cours des derniers mois et d’un attentat manqué le 1er octobre, lorsque des explosifs ont été découverts près de sa voiture garée à proximité de son domicile à Sahel Alma. Quatre jours plus tard, le 4 octobre, une grenade a été trouvée non loin de son appartement. Il avait auparavant fait l’objet de menaces sur son téléphone personnel. L’ambassadeur du Liban à Chypre, Michel Khoury, venu au chevet de son frère à l’hôpital, a indiqué que le juge accusait « les ennemis de l’État libanais et de la justice ». Des membres de sa famille ont indiqué avoir tenté en vain, et jusqu’à mardi soir, de le convaincre de se démettre de ses fonctions en raison des menaces dirigées contre lui. Dans un appel téléphonique au juge, le Premier ministre a dénoncé l’agression, manifestant sa solidarité et rendant hommage aux efforts déployés par le corps judiciaire durant cette période difficile que traverse le pays. M. Siniora a aussi contacté le ministre de la Justice, Charles Rizk. Ce dernier est également entré en contact avec le juge agressé, dépêchant à son chevet le directeur général du ministère de la Justice, Omar Natour. M. Rizk a aussi donné ses instructions aux autorités judiciaires concernées pour que les responsables de l’agression soient démasqués. Par ailleurs, dans un communiqué publié par le PSP, M. Joumblatt a dénoncé l’attaque contre le juge chargé du dossier de la banque al-Madina. « C’est un exemple supplémentaire du terrorisme organisé perpétré par le régime syrien au Liban et qui a pour but d’empêcher de mettre la lumière sur les réseaux qui ont financé l’attentat contre l’ancien Premier ministre Rafic Hariri », a-t-il dit. M. Joumblatt a rappelé qu’il a été « le premier à appeler à l’ouverture du dossier de la banque al-Madina qui est étroitement lié aux attentats ».