À l’heure où le secteur immobilier à Beyrouth connaît une période d’euphorie avec des dizaines de projets de construction aux quatre coins de la capitale, notre patrimoine architectural est en danger.
Généralement, chaque nouveau projet, qu’il soit résidentiel ou autre, implique la destruction d’un ancien immeuble ou d’une vieille maison qui avait jusqu’à présent résisté au temps.
Si bien souvent il s’agit d’édifices sans intérêt, parfois nous assistons impuissants à la destruction de bâtiments qui mériteraient un meilleur sort.
Nous avons encore assisté au cours de l’année écoulée à un jeu de massacre aux bulldozers : des immeubles des années 30 à Clemenceau, une villa à Koraytem, d’anciennes maisons à Furn el-Hayek. Nous avons même appris la vente d’un jardin accolé à une résidence très connue dans un quartier chic d’Achrafieh. À ce rythme-là, que va-t-il rester du Beyrouth du siècle dernier ?
Notre constat est que nous sommes tous responsables :
– Au premier rang des accusés, les vendeurs qui n’ont plus aucun sentiment devant leur demeure familiale et n’ont nullement l’intention de la rénover. La liste des propriétés à vendre qui contiennent de petits trésors architecturaux est effarante. Qu’ils soient aisés ou pas, ils n’hésitent pas à céder leur patrimoine immobilier qui ne représente plus à leurs yeux une valeur esthétique et affective, mais totalement financière. Seule bonne nouvelle dans cette affaire, ces propriétaires sont parfois tellement gourmands qu’une possible transaction n’est pas d’actualité dans l’immédiat.
– Les acheteurs, quant à eux, ne font pas dans la dentelle. Ils ne parlent que de rentabilité et de profits. Une parcelle a beau avoir une charmante villa avec un jardin, ils n’y voient qu’une tour de 20 étages et des bénéfices de plusieurs millions de dollars.
– Les agents immobiliers pour leur part n’ont qu’une idée en tête, leur commission. Si certains sont sensibles à la valeur architecturale d’un bien mis en vente, ils n’ont pas le dernier mot et répondent aux demandes des vendeurs et des acheteurs.
– Les autorités, enfin, ont très peu de moyens pour enrayer la tendance. Il existe bien une liste des bâtiments classés mais cela n’est parfois pas suffisant.
Devant cette situation, il est vrai que les solutions ne sont pas nombreuses.
Ils sont très rares les promoteurs qui investissent dans la vieille pierre, les mécènes prêts à débourser plusieurs millions pour acquérir une villa afin de la transformer en musée, ou ces architectes qui se battent pendant des années pour sauvegarder un immeuble en ruines à Sodeco et en faire un lieu public.
Les quartiers Koraytem, Manara, Clemenceau, Kantari, Sanayeh, Zokak el-Blatt, Gemmayzé, Saïfi, Sursock et Furn el-Hayek comptent encore quelques immeubles et de vieilles bâtisses de caractère.
Certains peuvent être rénovés en appartements de luxe, en résidence privée, voire en hôtel. Mais ces investissements nécessitent des frais colossaux.
Souvent le coût de la rénovation (de 500 à 1 000 dollars le m2 en fonction de la qualité) est plus élevé que le coût de construction du neuf. Pourtant nous sommes convaincus que l’immobilier ancien peut être à l’avenir un créneau.
Une nouvelle demande émerge, de plus en plus, de la part d’Occidentaux travaillant au Liban et de Libanais expatriés pour la location et l’achat d’appartements anciens et de maisons avec un jardin. Si certaines opportunités sont encore possibles, il faut faire vite avant qu’il ne soit trop tard.
En coopération avec RAMCO
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