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CORRESPONDANCE L’auteur de « White Christmas » revisité Irving Berlin, l’émigré russe et son credo américano-musical

WASHINGTON-Irène MOSALLI « Oh ! quand j’entends chanter Noël J’aime revoir mes joies d’enfant Le sapin scintillant, la neige d’argent Noël mon beau rêve blanc. » Celui qui a composé ce chant, Noël blanc, que l’on ne finit pas d’entonner durant cette période de l’année, ne reflète pas tout à fait, comme on pourrait le penser, ses toutes jeunes années. Il s’agit d’Irving Berlin (1888-1989), qui a fait les heures de gloire du Broadway des années 40. Il avait passé les cinq premières années de sa vie dans la Russie tsariste des pogroms, loin donc de toute ambiance festive. C’est en Amérique, où ses parents s’étaient réfugiés, qu’il avait découvert « la neige d’argent et les sapins scintillants ». Et c’est à l’Amérique, et plus précisément à New York, qu’il doit sa célébrité. Son White Christmas, créé en 1941 et dépeignant un paysage hivernal de rêve, était un message d’espoir pour les jeunes qui partaient outre-Atlantique combattre Hitler et le Japon : le royaume de l’enfance et de l’innocence les attendait à leur retour. Aujourd’hui on le commémore, alors que plus de deux mille versions de ce hit ont été enregistrées. 900 chansons et 19 « musicals » Le succès de ce titre avait ouvert la voie à tout un répertoire de chants de Noël, devenus aujourd’hui traditionnels : Have Yourself a Merry Little Christmas, Chestnuts Roasting On An Open Fire et Let It Snow. À noter que la plupart des leurs auteurs étaient des enfants d’émigrés européens qui voulaient prouver leur intégration au Nouveau Monde. Irving Berlin a été un frappant exemple de l’assimilation. De religion israélite, il avait épousé une Irlandaise catholique et avait élevé ses trois filles selon le rite protestant. White Christmas était l’une des nombreuses chansons qu’il avait composées pour le « musical » Holyday Inn ayant pour vedette Bing Grosby et Fred Astair, et dont le message était le suivant : « Nous sommes tous Américains et toutes les vacances (Noël aussi bien que Pâques) sont nos vacances. » Puis il a célébré cette identité commune dans God Bless America. En fait, Irving Berlin a donné le « la » patriotique américain de la Première à la Seconde Guerre mondiale avec, en particulier, deux « musicals », Yip, Yip Yaphank et This is the Army. Il n’a pas non plus oublié la Croix-Rouge à qui il a dédié Angels of Mercy. Très prolifique, il a signé 900 chansons, 19 « musicals ». Certains de ses airs sont devenus des classiques : Easter Parade et There’s No Business Like Show Business. Irving Berlin est décédé en 1989, à l’âge de 101 ans. Lors de la célébration de son centième anniversaire à Carnegie Hall, le non moins célèbre compositeur américain Morton Gould dira : « La musique d’Irving Berlin ne durera pas juste une heure, juste un jour, juste un an, mais toujours. » Un exploit pour un émigré à la scolarisation limitée, qui n’avait jamais appris à lire et à écrire la musique et qui a fait du pays de l’Oncle Sam son credo.

WASHINGTON-Irène MOSALLI

« Oh ! quand j’entends chanter Noël
J’aime revoir mes joies d’enfant
Le sapin scintillant, la neige d’argent
Noël mon beau rêve blanc. »

Celui qui a composé ce chant, Noël blanc, que l’on ne finit pas d’entonner durant cette période de l’année, ne reflète pas tout à fait, comme on pourrait le penser, ses toutes jeunes années. Il...