«Le Liban bénéficie actuellement d’un soutien surprenant de la communauté internationale et devrait par conséquent profiter de cette opportunité en établissant une stratégie économique durable », a souligné le vice-gouverneur de la Banque du Liban, Alain Balian. Il s’exprimait à l’occasion d’une conférence à l’ESIG sur les défaillances de l’économie libanaise et sur les moyens d’y remédier. « La dette et son service paralysent l’économie libanaise depuis des décennies en raison de l’absence d’une croissance économique durable », a-t-il martelé. M. Balian a proposé une politique économique axée sur quatre facteurs fondamentaux : créer un environnement économique favorable aux investissements en tablant sur l’amélioration de la productivité des secteurs privé et public, restructurer les marchés de capitaux, assurer une orientation adéquate aux étudiants afin de concorder l’offre avec la demande et enfin créer un cadre législatif approprié. « L’État s’est lancé dans une politique de hausse graduelle des impôts afin d’augmenter ses recettes et par conséquent a délaissé l’effet néfaste d’une telle politique sur les investissements », a expliqué M. Balian. « Il faut également miser sur l’amélioration de la productivité dans tous les secteurs à travers l’élaboration d’une stratégie adéquate de gestion de la dette et de son service qui devrait être léguée à un bureau spécialisé », a-t-il ajouté. Selon lui, un excédent primaire considérable permet également l’amélioration de cette productivité.« Afin de le réaliser, il ne faut pas seulement se soucier d’augmenter les recettes mais également de faire baisser les dépenses », a-t-il souligné. La restructuration des marchés de capitaux constitue le deuxième axe de la stratégie proposé par le vice-gouverneur : « La seule source de financement au Liban est presque limitée au secteur bancaire traditionnel, ce qui induit ne demande excessive de crédits auprès de ces dernières, d’où la nécessité de remodeler les marchés de capitaux. » M. Balian a soulevé également le problème du manque d’orientation des étudiants qui aboutit à une incompatibilité entre l’offre et la demande de travail. Toutefois, toutes ces mesures seront inefficaces en l’absence d’un cadre législatif adéquat. M. Balian a relevé qu’il était impératif d’innover et d’adopter de nouvelles lois afin de faciliter les procédures et de protéger les investisseurs. « Il faut surtout créer des lois qui protègent les sociétés en faillite ; ceci inciterait à la prise des risques, qui est l’essence de tout investissement », a-t-il conclu. Magali GHOSN