Cinq jours après l’attentat de Mkallès, l’assassinat du député et journaliste Gebran Tuéni continue de susciter à Beyrouth et à l’étranger les condamnations les plus fermes, mais également des appels à sortir de l’impasse.
Le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, a ainsi estimé hier que « le pays traverse une crise très difficile ». « Mais nous espérons que nous pourrons la surmonter à travers l’union des Libanais dans toutes leurs communautés et tous leurs courants, et ce pour sauver la nation », a-t-il ajouté.
La députée et ministre des Affaires sociales, Nayla Moawad, qui a rencontré hier à Bkerké le patriarche, a affirmé que l’attentat qui a coûté la vie à Tuéni constitue « une nouvelle étape de la guerre terroriste que mène le régime syrien contre les Libanais libres, contre l’arabité, la souveraineté et l’indépendance ». « Nous sommes attachés à l’élargissement de la compétence de la commission d’enquête internationale sur l’assassinat de Rafic Hariri, pour qu’elle englobe également celui du président René Moawad, qui a été la première victime de cette série », a-t-elle dit.
De son côté, le chef du Renouveau démocratique, l’ancien député Nassib Lahoud, qui visitait également Bkerké, a déploré « une perte irremplaçable », estimant que les Libanais avaient bien le droit de soupçonner le régime sécuritaire libano-syrien d’être à l’origine des attentats, et que l’élargissement de la compétence de la commission d’enquête devrait permettre « de mettre un terme à la série criminelle qui ne doit plus se poursuivre ».
Quant au député Abbas Hachem, il a souligné à l’issue de son entretien avec Sfeir la nécessité de mettre un terme à la crise politique actuelle, afin d’éviter le pire.
Le député Amal Yassine Jaber a en outre estimé que l’assassinat de Tuéni vise à étouffer la liberté et les voix libres au Liban, estimant que les Libanais devront être « à la hauteur du défi en unifiant leurs rangs et en surmontant la crise », et espérant que Tuéni sera « le dernier martyr de ce pays ».
Les organismes économiques ont affirmé que l’attentat de lundi vise à « empêcher le Liban de reprendre sa vie normale », indiquant que la mort du PDG d’an-Nahar constitue « une grande perte pour le Liban et la liberté », alors que le PNL a rendu hommage à Tuéni, « qui a consacré sa vie à la défense de la souveraineté du Liban et de la dignité des Libanais ». L’ancien commandant en chef des FL, Fouad Abou Nader, a de son côté déclaré : « Gebran, tu es plus grand que les partis, les journaux et les nations, tu es devenu le symbole d’une jeunesse résistante pour la liberté, et les symboles sont plus forts que la mort. »
Plus incisif était l’avocat Sinane Barraj, qui a estimé qu’après l’assassinat de Tuéni, il n’est plus possible de parler de « rationalité et de relations privilégiées ». Enfin, la militante des droits de l’homme, Ougarit Younan, a salué « la leçon de non-violence » qu’a donnée Ghassan Tuéni en invitant les Libanais à enterrer leur haine et leurs divisions.
Les réactions internationales n’ont également pas manqué. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a ainsi exprimé toute son « affection et solidarité » à Ghassan Tuéni, alors que le vice-président exécutif du Club de Monaco, Claude de Kémoularia, a salué au nom du club en M. Tuéni et sa famille « un exemple de courage et de détermination en faveur de la liberté ». De son côté, le ministre grec des Affaires étrangères, Petros Molyviatis, et la présidente du Parlement grec, Anna Psarouda-Benaki, ont présenté à leurs homologues libanais leurs « plus vives condoléances ».
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