«Je peux vous assurer que le Liban jouit d’un appui total du Conseil de sécurité, du secrétaire général et de l’ONU », a affirmé hier le représentant du secrétaire général de l’ONU au Liban, Geir Pedersen, au terme d’un entretien de soixante minutes avec le ministre de la Justice, Charles Rizk.
L’entretien a porté sur la nouvelle résolution 1644 prise par le Conseil de sécurité, la prorogation pour six mois du mandat de la commission d’enquête internationale sur l’assassinat de Rafic Hariri et les perspectives d’élargissement du mandat de la commission aux autres crimes terroristes qui se sont produits au Liban à partir du 1er octobre 2005 et tout au long de l’année 2005, comme de l’instauration d’un tribunal à caractère international pour juger les coupables.
« Ce qui est important, c’est que la résolution du Conseil de sécurité demande au gouvernement de commencer par définir ses besoins et la nature de l’assistance technique qu’il réclame, avec la coopération de la commission d’enquête. Je pense qu’il y a là beaucoup de souplesse», a dit M. Pedersen aux journalistes.
L’émissaire onusien a affirmé qu’ « il est faux » de croire que le Conseil de sécurité a rejeté la demande de création d’un tribunal à caractère international pour juger les assassins de Rafic Hariri.
« Une telle demande, a précisé l’émissaire onusien, ne peut être approuvée d’une seule fois. Elle exige réflexion et planification. Ce processus a été enclenché et il importe qu’il commence à travers un dialogue avec le gouvernement libanais. »
Pour M. Pedersen, en effet, « il importe d’insister sur l’unité nationale libanaise ».
« J’espère que la résolution prise hier contribuera à renforcer cette unité » , a-t-il enchaîné.
« Nous avons été consternés par l’assassinat de Gebran Tuéni et nous réfléchissons toujours à ce qui s’est passé et aux conséquences de cet assassinat, a poursuivi le représentant du secrétaire général de l’ONU. Tout comme nous avons relevé la sagesse de son père et du message qu’il a adressé au peuple libanais et à la communauté internationale, à savoir que le temps n’est pas à la vengeance, mais à un travail en commun. Je pense que c’est exactement dans cet esprit que nous devons travailler ensemble. ».
« Israël doit respecter
la souveraineté libanaise »
Sur la situation à la frontière et les violations de la ligne bleue, M. Pedersen a déclaré : « J’ai été très inquiet à ce sujet, et j’ai constaté que les violations aériennes par Israël se pousuivent. Je voudrais dire que ces violations doivent cesser. Nous avons été également inquiets de constater que ces violations se sont produites le jour des obsèques de Gebran Tuéni. Ces violations sont autant d’atteintes à la souveraineté libanaise et, comme vous le savez, le Conseil de sécurité s’est prononcé très clairement au sujet de la souveraineté du Liban. Israël doit respecter la souveraineté libanaise. »
Pour sa part, le ministre de la Justice, Charles Rizk, a affirmé que « la résolution était en deçà des espoirs de certains comme en deçà de ce que d’autres redoutaient ». « On peut en tirer trois conclusions, a-t-il ajouté, d’abord que les calculs des grandes puissances ne tiennent pas compte des aspirations ou des craintes des petits pays. Ensuite que les grandes puissances n’ont pas d’amis, elles n’ont que des intérêts, comme disait de Gaulle. Troisièmement, c’est que cette résolution médiane pourrait avoir pour conséquences, et ce sont là des conséquences positives, d’aider le gouvernement libanais à trouver une solution de compromis au différend interne qui a éclaté au cours du dernier en date des Conseils des ministres, et qui a conduit à la suspension de la participation de certains ministres. »
M. Rizk a toutefois convenu que le Conseil de sécurité a approuvé « le principe » de la création d’un tribunal à caractère international et de l’élargissement de la compétence de la commission d’enquête indépendante.
Concrètement parlant
Concrètement parlant, comment va se définir le nouveau champ de coopération entre le Liban et l’ONU ? « C’est ce dont nous avons parlé aujourd’hui » , a dit M. Rizk.
On apprend à ce sujet, de notre correspondant au palais Bustros Khalil Fleyhane, que le ministre de la Justice a chargé des magistrats d’établir les bases juridiques du tribunal à caractère international dont Beyrouth souhaite la formation.
Ce sera, précise notre correspondant, un tribunal siégeant en dehors du Liban, sous pavillon de l’ONU, et composé de magistrats libanais et étrangers. Il devrait être prêt à se réunir aussitôt que paraîtra l’acte d’accusation dans l’affaire Hariri.
Selon Fleyhane, l’assistance technique que pourrait solliciter le Liban porterait sur la présence d’experts, l’usage de laboratoires, etc.
Par ailleurs, M. Pedersen a rencontré le ministre des AE Faouzi Salloukh, qui boude à son domicile.
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