Grands absents des élections générales de janvier, les Arabes sunnites d’Irak affirment avoir voté pour dire non aux Américains et au pouvoir dominé par les chiites.
«Le refus de l’occupation étrangère » : la phrase vient immédiatement dans la bouche de nombreux sunnites interrogés hier par l’AFP sur ce qui a motivé leur participation la veille aux législatives, eux qui ont boudé la consultation du 30 janvier. « Nous rêvons du départ des Américains et nous rêvons de stabilité. C’est pour cela qu’on a voté », dit une ménagère de Baaqouba, Ahlam Zouheïr, 52 ans. Elle traduit un sentiment répandu au sein de sa communauté qui forme entre 20 et 25 % de la population irakienne, mais qui avait dominé l’Irak jusqu’à la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003. Comme pour le référendum sur la Constitution en octobre, qui a vu une forte participation des Arabes sunnites appelés par leurs chefs à rejeter ce texte, ils se sont rendus en masse dans les bureaux de vote la veille.
Ahmed Alouane, instituteur de 48 ans de la même ville, espère que le vote des siens aidera à « éviter au pays une guerre civile en mettant fin aux tueries », allusion aux assassinats parmi les membres de sa communauté. « Nous avons participé aux élections pour dire que nous faisons partie intégrante de ce pays et que nous n’acceptons plus d’être marginalisés », dit un ancien membres des forces de l’ordre de Saddam Hussein, Khaled Abdel Rahmane. « Nous voulons prouver au monde que nous sommes des hommes de paix, même si nous pouvons faire la guerre aussi », poursuit-il. « J’espère ne plus voir une communauté accaparer le pouvoir qu’elle soit sunnite, chiite ou autre. »
Équilibrer la composition du Parlement est l’une des autres raisons avancées pour justifier le vote des Arabes sunnites, qui n’avaient qu’une poignée de députés dans l’Assemblée sortante. « Il fallait instaurer l’équilibre au sein de l’Assemblée qui était anormalement dominée par les représentants d’une seule communauté », a souligné Mohammed Abdel Aziz, un ingénieur de 42 ans, habitant Bagdad, en référence aux chiites. Selon lui, cette situation a encouragé le gouvernement à persécuter les Arabes sunnites qui ont « souffert des mains des forces de l’ordre » composées surtout de chiites. « Nous avons participé pour arrêter les massacres qui étaient commis contre nous par le gouvernement et je m’attends à un avenir un peu meilleur », renchérit Ahmed Salem, un commerçant de Bagdad de 35 ans.
Dans la campagne électorale, le départ des troupes américaines et les exactions attribuées aux services de l’ordre contre les Arabes sunnites ont été les thèmes majeurs pour les listes sunnites.
Les candidats sunnites n’ont cessé d’appeler à un calendrier de retrait des forces étrangères, jugé irréaliste dans les conditions actuelles par les chiites et les Kurdes qui craignent que cela ne provoque une dégradation de la situation sécuritaire.
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