Le magnifique univers floral de Jim Jarmusch
Les sorties de la semaine
le 08 décembre 2005 à 00h00
Broken Flowers,
de Jim Jarmusch
Sorte de road-movie sur la recherche du soi intérieur, Broken Flowers suit le voyage de Don Johnston, quinquagénaire aussi célibataire que casanier, parti retrouver ses anciennes amours après avoir reçu une lettre anonyme mystérieuse.
Broken Flowers, c’est d’abord le film de Jim Jarmusch, un cinéaste américain à la sensibilité européenne. Aucune volonté de produire du commercial, mais l’envie profonde de présenter une histoire, des personnages et une ambiance singulière. Son dernier long-métrage réunit toutes ces qualités. La force même du film réside là. Chaque détail est travaillé, réfléchi et conçu afin de créer un ensemble cohérent. Le film est ponctué de quatre histoires, celles d’un homme qui rencontre quatre femmes. Ces séquences, aussi drôles qu’insolites, offrent des moments uniques, des personnages originaux et des situations goûteuses. Le cinéaste a d’ailleurs plus insisté sur les personnages que sur le scénario lui-même. Ainsi, il présente Sharon Stone en mère d’une ado lolita de quinze ans vivant dans une maison sans prétention, Frances Conroy en bourgeoise coincée, Jessica Lange en communicatrice pour animaux et Tilda Swinton en country girl. Ces portraits de femmes, aussi absurdes que diamétralement opposés, ne tombent pourtant jamais dans la caricature, et ce grâce à un cinéaste qui a su jouer dans la nuance et surtout choisir des actrices de talent. Si les morceaux musicaux (qui oscillent entre jazz, funk et rythmes latino) de l’artiste éthiopien Mulatu Astatke servent de fil conducteur, un autre élément, et non des moindres, lie les différentes histoires: Don Johnston, joué avec brio par Bill Murray. Ce dernier, pas vraiment sorti du Lost in Translation de Sofia Coppola, excelle une fois de plus dans l’art de l’intériorité, du minimalisme, du mutisme et de la réserve afin de camper un homme solitaire, passif et désenchanté. Un homme encombré par sa propre personne, si l’on en croit sa stature raide et ses gestes donnés au compte-gouttes. Nul besoin d’écraser son personnage par trop de dialogues. Un simple battement de sourcil ou un léger rictus suffisent à satisfaire le spectateur. Le personnage de Bill Murray est d’ailleurs le miroir exact du film ; à savoir un mélange de mélancolie et de malice, d’aigreur et de douceur, de décalé et de réaliste, de tristesse et de drôlerie.
Ce sont précisément ces contradictions qui font toute la beauté et l’originalité de cette fausse comédie qui s’interroge sur l’amour, l’incompréhension homme-femme et la fuite du temps.
Concorde, Abraj, Zouk
Red Eye,
de Wes Craven
Spécialiste du film d’horreur, réalisateur de A Nightmare on Elm Street et de la trilogie Scream, Wes Craven choisit cette fois la voie du thriller, du suspense psychologique. On oublie donc le couteau, le masque, les giclées de sang… bref, le trash. Le cinéaste ne cherche pas à dégoûter par des images violentes, mais plutôt à installer la peur et l’angoisse en créant une atmosphère confinée et étouffante. D’où l’idée de placer les personnages à bord d’un avion. Alors que Lisa (Rachel McAdams) prend le «red eye» (dernier vol de nuit) pour retourner en Floride, Jackson Rippner (Cillian Murphy) la menace de tuer son père si elle ne l’aide pas à assassiner un homme politique.
Aucune issue, aucun moyen d’échapper. Les spectateurs comme les passagers sont prisonniers dans cet espace clos. Craven va même jusqu’à placer le bourreau et la victime côte à côte, histoire de bien faire monter la tension. Certes, une petite angoisse pointe son nez, mais elle ne suffit pas à nous tenir en haleine, d’autant plus qu’à la deuxième partie du film, les données changent. L’avion atterrit et Lisa parvient à s’enfuir. Commence alors l’incontournable jeu du chat et de la souris. Plus la souris prend de la distance, plus le chat devient méchant et impatient, et plus le film devient mauvais. Red Eye tombe alors dans le banal et le déjà-vu. Dommage, le film était pourtant bien parti, et les personnages, honnêtement travaillés, étaient incarnés par des acteurs qui ne surjouaient pas.
Espace, Kaslik, Freeway,
Circuit Empire- sauf Sofil
The Great Raid,
de John Dahl
Ce film de guerre est basé sur les livres The Great Raid of Cabanatuan de l’historien William B. Breuer et Ghost Soldiers de Hampton Sides. L’histoire revient sur un épisode réel qui se déroula en janvier 1945, aux Philippines: l’armée américaine tente une périlleuse mission consistant à libérer les 500 soldats détenus dans des camps japonais.
L’histoire se divise en trois parties: celle des prisonniers (menés par Joseph Fiennes), celle du commando américain (avec à sa tête James Franco et Benjamin Bratt), et celle des forces de résistance contre l’armée japonaise (tenues entre autres par Connie Nielsen). Plus de deux heures de pellicules durant lesquelles le cinéaste passe d’un récit à un autre. Certes intéressant, car rappelant un épisode célèbre d’une période cruciale, le film ne parvient cependant pas à maintenir un rythme soutenu. Si les acteurs donnent de bonnes interprétations (malgré des dialogues peu travaillés), ils ne réussissent pas à capter l’attention d’un spectateur ennuyé par trop de longueurs. Ni bon ni mauvais, The Great Raid est un film respectable qui n’apporte cependant rien de nouveau.
Concorde, Abraj, Zouk
Sorties prévues pour le jeudi 15/12 (sous réserves) :
-King Kong, de Peter Jackson, avec Adrien Brody, Naomi Watts et Jack Black.
- The Family Stone, de Thomas Bezucha, avec Sarah Jessica Parker, Luke Wilson, Diane Keaton, Claire Danes, Rachel McAdams et Craig T. Nelson.
Broken Flowers,
de Jim Jarmusch
Sorte de road-movie sur la recherche du soi intérieur, Broken Flowers suit le voyage de Don Johnston, quinquagénaire aussi célibataire que casanier, parti retrouver ses anciennes amours après avoir reçu une lettre anonyme mystérieuse.
Broken Flowers, c’est d’abord le film de Jim Jarmusch, un cinéaste américain à la sensibilité...
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