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Environnement - Des scientifiques attachent aux arbres des boîtiers pour percer les secrets des animaux Dans la jungle d’Indonésie, souriez pour la photo-surprise

Comme les profondeurs sous-marines, les denses forêts indonésiennes hébergent des animaux mystérieux : pour en percer les secrets, les scientifiques attachent aux arbres des appareils photo qui livrent bien des surprises. L’un de ces boîtiers à déclenchement automatique, installé sur l’île de Bornéo par le Fonds mondial pour la nature (WWF), a saisi sur négatif un mammifère carnivore inconnu. Les zoologistes pensent avoir découvert une nouvelle espèce. Entre chat et renard, le quadrupède à fourrure rousse a des petites oreilles et une longue queue horizontale. L’organisation a diffusé hier deux photographies nocturnes de l’animal prises en 2003. Depuis deux ans, les chercheurs tentent de retrouver sa trace dans la végétation exubérante de Bornéo, en vain. Mais l’efficacité des « pièges photographiques » se trouve confirmée. « Plusieurs techniques existent, comme relever les empreintes ou les excréments, mais seules les photos permettent d’identifier les animaux, par exemple en notant une cicatrice sur un tigre », explique à l’AFP Desmarita Murni, du WWF. Les dispositifs, d’un coût unitaire de 1 500 dollars, se composent d’une boîte métallique étanche, contenant une cellule infrarouge et un appareil photo chargé d’un film argentique de 24 poses. Ils sont liés à un arbre près d’un point d’eau ou d’un sentier fréquenté. Tous les quinze à vingt jours, des équipes passent changer les pellicules et les batteries. À chaque photo correspond une date, une heure et une localisation GPS. Des savants exploitent ensuite ces données, allant jusqu’à baptiser de noms tels que « Cici », « Ambar » ou « Dablo » les représentants d’espèces en bord d’extinction. Dans le parc national d’Ujung Kulon, où sont répartis 23 appareils photo, vivent les derniers rhinocéros de Java à l’état sauvage. Ils sont moins de cinquante. « Les photos sont utiles pour les surveiller. On reconnaît les mâles des femelles car ils ont une corne et leurs organes génitaux sont visibles sur les clichés pris de derrière », détaille Adji Santoso, un biologiste chargé de leur protection. Porcs-épics ou varans, léopards ou civettes, tapirs ou macaques, le bestiaire des étendues arborées indonésiennes est impressionnant. Mais, dans ce royaume végétal, les déclics des appareils photo intriguent parfois la gent animale. Sur une série de clichés visionnés par l’AFP, un imposant tigre de Sumatra, surpris par un flash, se retourne, s’approche du boîtier, lui donne un coup de patte et enfin tente de le happer avec sa mâchoire. La dernière photo montre l’intérieur de la gueule du tigre, sa langue et ses crocs. « Un de nos appareils photo a été détruit par un ours », se souvient Stephan Wulffraat, un écologiste néerlandais travaillant à Bornéo. Mais, souligne-t-il, « le piège photographique est très efficace : il n’a pas d’odeur repérable, ne cause pas de perturbation et reste actif 24 heures sur 24 ». Concernant l’énigmatique créature de Bornéo, il espère qu’à la capture sur négatif succédera une capture réelle. « Nous ne serons complètement assurés qu’il s’agit d’une nouvelle espèce que lorsque nous l’aurons saisie dans une cage ». Sur d’autres images prises au milieu de la jungle apparaît une espèce de mammifères très néfastes pour l’écosystème : les bûcherons participant à la déforestation illégale. Certains, une tronçonneuse sur l’épaule, rigolent devant l’objectif ou exhibent leur postérieur. Des experts estiment que les forêts auront disparu de Bornéo dans vingt ans et de Sumatra bien avant.
Comme les profondeurs sous-marines, les denses forêts indonésiennes hébergent des animaux mystérieux : pour en percer les secrets, les scientifiques attachent aux arbres des appareils photo qui livrent bien des surprises.
L’un de ces boîtiers à déclenchement automatique, installé sur l’île de Bornéo par le Fonds mondial pour la nature (WWF), a saisi sur négatif un mammifère...