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Environnement - L’eau serait déjà polluée, selon un éleveur Un dépotoir sauvage et des déchets animaux polluent la localité de Salima

Le coma dans lequel est plongé le gouvernement pour tout ce qui touche de près ou de loin à l’environnement, surtout dans le domaine des déchets de toutes sortes, n’en finit pas de disséminer l’horreur même dans les coins les plus reculés du pays. Ainsi, la verte contrée de Salima (Haut-Metn) est-elle victime de la présence d’un dépotoir où sont jetés des poulets morts (pas du fameux virus H5N1 de grippe aviaire, soit dit en passant), sans aucune protection. Les conséquences en termes de pollution sont probablement très graves et une plainte vient juste d’être déposée au parquet par le propriétaire d’une ferme de poulets située juste en contrebas du dépotoir, Alfred Moukarzel, qui pense que la source d’eau qu’il utilise pour son élevage a été polluée, et qui dénonce le scandale écologique du dépotoir. La région de Salima comporte plusieurs fermes de poulets et un abattoir, qui constitue le principal problème. M. Moukarzel pense que ces derniers mois ont dû connaître un très fort taux de mortalité par bronchite pulmonaire dans les fermes des environs, ce qui explique que, selon lui, « ce dépotoir qui existait depuis longtemps, et qui a fait l’objet de plusieurs plaintes de notre part, ait soudain pris une nouvelle ampleur ». Des poulets entiers et des restes de ces animaux peuvent être clairement distingués dans des monticules de terre, un spectacle d’horreur dans ce milieu encore très vert. Selon M. Moukarzel, deux autres fosses ont été récemment creusées et remplies de restes d’animaux. Salima n’est pas une région particulièrement riche en eau, mais des sources provenant du mont Kneïssé, véritable château d’eau, y passent avant de se déverser dans le fleuve qui porte le même nom que le village. Tout en admettant n’avoir pas eu recours, depuis le déclenchement de cette histoire, à des tests de laboratoires pour examiner l’état de sa source d’eau qui passe justement sous le dépotoir, M. Moukarzel se déclare convaincu qu’elle a déjà été touchée et que le dépotoir a déjà pollué les nappes phréatiques environnantes. La preuve, selon lui, c’est que l’éleveur a connu des taux de mortalité anormaux par bronchite dans sa ferme dernièrement, malgré toutes les précautions prises, ce qui n’exclut pas la possibilité d’une contamination de ses animaux par l’eau. À la question de savoir quelle méthode il applique lui-même pour se débarrasser des carcasses de poulets et des déchets animaux, M. Moukarzel a indiqué avoir installé un système de fabrication américaine, consistant en une technique de compostage d’une durée de quarante jours, où les déchets sont mélangés à du fumier, ce qui permet une autostérilisation du fait de la température élevée. Il dit avoir suggéré que ce système, peu coûteux et facile à appliquer, soit généralisé, sans succès jusque-là. L’éleveur a déjà notifié le ministère de l’Environnement par le biais du numéro d’urgence que ce département a mis au service de la population. Il a également déposé une plainte en tant que partie lésée auprès du parquet. « On fait ce qu’on peut » Mais au-delà du préjudice subi par une seule partie, la présence d’un tel dépotoir constitue une menace sérieuse pour l’environnement et la santé publique. « Nous avons observé des oiseaux carnivores, comme certaines espèces de corbeaux, qui se nourrissent de ces carcasses de poulets et risquent de disséminer le microbe tueur, raconte M. Moukarzel. Sans compter que c’est une région très belle, encore vierge, et considérée comme propre au tourisme. » Interrogé sur cette affaire, le président du conseil municipal de Salima, Fawaz Masri, déclare que le risque ainsi évalué lui paraît « très exagéré ». « C’est l’abattoir qui produit principalement les déchets et les poulets morts qu’on trouve dans ce dépotoir, indique-t-il. Pour en amoindrir les effets, nous avons demandé au propriétaire de l’établissement de recouvrir systématiquement les déchets de terre et de chaux. » Il confirme que le dépotoir a été élargi et que deux nouvelles fosses ont été creusées, mais souligne que cela a été fait avec l’accord du propriétaire du terrain et que des précautions sont prises. M. Masri avoue n’être pas satisfait de la situation, mais affirme faire ce qu’il peut dans les limites de ses moyens. « Nous ne pouvons exercer davantage de pressions sur le propriétaire de l’abattoir et le priver de sa ressource principale », dit-il. Concernant la plainte sur la contamination de l’eau, il estime qu’« il est difficile que l’eau ait été polluée, la source de M. Moukarzel se trouvant à au moins 200 ou 300 mètres sous terre ». « Dans tous les cas, j’ai tout de suite recommandé à l’éleveur de s’adresser aux autorités compétentes, et nous ne pouvons que nous féliciter si celles-ci se manifestent pour aider à trouver une solution », ajoute-t-il. Mais que fait le conseil municipal, vu qu’il s’agit d’une question d’intérêt public ? « La municipalité de Salima n’a été créée qu’en 2004, rappelle-t-il. Depuis, nous avons fait ce que nous avons pu pour en améliorer l’état de l’environnement, même au détriment de nos relations avec les habitants. Sachant que ce dépotoir est ancien et que, dans le passé, d’autres localités l’employaient, ce qui n’est plus le cas maintenant, nous avons obligé le propriétaire de l’abattoir à suivre des critères plus stricts dans son travail. Nous pouvons dire aujourd’hui que les conditions écologiques ont été améliorées de 50 %, même si nous avons toujours un problème incontournable d’égouts. » Suzanne BAAKLINI

Le coma dans lequel est plongé le gouvernement pour tout ce qui touche de près ou de loin à l’environnement, surtout dans le domaine des déchets de toutes sortes, n’en finit pas de disséminer l’horreur même dans les coins les plus reculés du pays. Ainsi, la verte contrée de Salima (Haut-Metn) est-elle victime de la présence d’un dépotoir où sont jetés des poulets morts (pas...