Actualités - CHRONOLOGIE
Les exhumations se poursuivent aujourd’hui près de l’ancien siège des services de renseignements syriens Le bilan des fouilles dans le charnier de Anjar s’alourdit : 30 squelettes déjà localisés
le 05 décembre 2005 à 00h00
En quarante-huit heures, les restes de trente squelettes ont été exhumés d’un charnier proche de l’ancien QG des services de renseignements syriens à Anjar. Hier, les ossements de quatre personnes ont été découverts, outre les restes de 26 corps qui avaient été mis au jour samedi dernier dans deux fosses creusées dans un monticule abritant le sanctuaire d’al-Nabi Ouzeir. Les exhumations, entamées vendredi par les enquêteurs des FSI, devraient se poursuivre aujourd’hui, la police ayant découvert deux nouvelles fosses, hier après-midi, dans la même zone. Damas n’a pas tardé à réagir, des « sources syriennes bien informées », sur le site Internet de Syria News, imputant la responsabilité de ce charnier au Fateh-CR d’Abou Nidal, tandis que d’autres sources indiquaient que ce charnier est « le résultat de la guerre civile au Liban ». Or, durant trente ans et jusqu’en avril dernier, il n’y avait que l’armée syrienne et ses services de renseignements – qui ont installé, dès leur arrivée, une prison dans la localité – qui ont fait la loi à Anjar.
Les exhumations se sont donc poursuivies hier à Anjar, et les recherches, menées par des enquêteurs des FSI, se focalisaient sur un ancien puits bouché depuis des années.
Dans la matinée, les restes de 26 corps, découverts la veille dans le charnier, ont été transférés, sur ordre de la justice, à Beyrouth. Le médecin légiste, Fouad Ayoub, qui a entrepris la reconstitution des squelettes, a constaté que certains ossements datent d’une vingtaine d’années. Il a souligné que des tests ADN seront effectués ultérieurement pour être comparés aux analyses génétiques des parents de disparus et de détenus libanais dans les geôles syriennes.
Le moukhtar de Majdel Anjar, Chaabane Ajami, a indiqué à ce propos qu’il était au courant du charnier depuis 1999. Qu’il s’était présenté, il y a quelques années, devant les autorités pour les informer du fait, mais qu’on lui avait conseillé de « se taire ». Ce n’est qu’il y a une vingtaine de jours que les FSI lui ont rendu visite pour qu’il leur indique l’emplacement du charnier, a-t-il dit.
Toujours selon M. Ajami, en 1999 alors qu’une équipe chargée de l’entretien du sanctuaire d’al-Nabi Ouzeir effectuait des travaux de restauration, elle a retrouvé des tas de sable noir ne correspondant pas à la couleur de la terre qui recouvre normalement cette colline. Elle a commencé à balayer le sable et a retrouvé des corps qui n’étaient pas entièrement décomposés. Tous les squelettes portaient des sous-vêtements, à part un cadavre qui avait un pantalon de l’armée libanaise.
Ces corps n’étaient pas enterrés à une profondeur importante et ils devaient être au nombre de quarante, a-t-il dit. À la question de savoir si ces corps portaient des traces de torture, le moukhtar de Majdel Anjar a précisé qu’un bas couvrait le visage d’un des cadavres.
M. Ajami a également indiqué qu’il y a deux ans, alors qu’une équipe restaurait un puits à proximité du sanctuaire, elle y a retrouvé les restes de six squelettes. Sans prévenir les autorités, l’équipe a transporté les ossements pour les enterrer ailleurs.
Abou Nidal ?
Des sources syriennes bien informées citées par Syria News ont affirmé que « certains Libanais veulent à tout prix impliquer et accuser la Syrie de ces crimes ». « Ce sont les membres du Fateh C-R d’Abou Nidal qui effectuaient des exécutions sur ce site de 1986 à 1991. Ainsi, 400 personnes avaient été exécutées pour appartenance à des services de renseignements étrangers, notamment le Mossad », ont-elles souligné. Ces mêmes sources ont précisé qu’un « certain nombre de personnes exécutées par Abou Nidal ont été enterrées au Liban-Nord, au mont Terbol ainsi qu’à l’est de Saïda, au mont Charhabil, non loin de Abra. Le Fateh-CR a également exécuté des centaines de ses opposants palestiniens, les enterrant dans la Békaa, non loin de Mazraet el-Bassal », a conclu Syria News.
Une autre source syrienne a affirmé que « le charnier est le résultat de la guerre civile au Liban », soulignant que « la Syrie était intervenue pour mettre fin à ces événements et réinstaurer la paix civile dans le pays ».
Rappelons qu’en novembre dernier, une fosse commune renfermant les corps de trente soldats assassinés par les troupes syriennes, le 13 octobre 1990, avait été découverte non loin de Yarzé. On ignore jusqu’à présent l’endroit où les soldats libanais, assassinés de sang-froid à Deir el-Kalaa, ont été enterrés (voir L’Orient-Le Jour daté du vendredi 2 décembre).
Par ailleurs, une délégation des parents de détenus libanais dans les geôles syriennes accompagnée de Ghazi Aad, président de l’association de Soutien aux Libanais en détention ou en exil (Solide), s’est rendue hier à Anjar, où M. Aad a tenu une conférence de presse non loin du charnier.
Prenant la parole, M. Aad a appelé le gouvernement à tenir une réunion d’urgence pour prendre les décisions adéquates. Il a appelé les autorités chargées de l’exhumation des corps à la transparence, soulignant qu’une « telle découverte entraîne une responsabilité pénale ». « Il est certes très important de savoir à qui appartiennent ces ossements, mais il faut aussi que l’on sache comment et pourquoi ces personnes ont péri, et pour quelles raisons elles ont été enterrées de cette manière », a-t-il dit.
Il a aussi appelé à ce que des fouilles soient effectuées à proximité de tous les anciens sièges de services de renseignements syriens au Liban, évoquant la possibilité qu’il puisse exister des charniers à Tripoli. Il a également rappelé que les Libanais capturés par les troupes de Damas étaient envoyés à Anjar avant d’être transférés dans les prisons syriennes.
Le président de Solide a réclamé « une commission d’enquête internationale pour faire la vérité sur l’identité des personnes enterrées dans les fosses communes ». « C’est une question humanitaire qu’il ne faut pas occulter », a-t-il dit.
En quarante-huit heures, les restes de trente squelettes ont été exhumés d’un charnier proche de l’ancien QG des services de renseignements syriens à Anjar. Hier, les ossements de quatre personnes ont été découverts, outre les restes de 26 corps qui avaient été mis au jour samedi dernier dans deux fosses creusées dans un monticule abritant le sanctuaire d’al-Nabi Ouzeir. Les...
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