«Les soldats américains nous demandaient de venir avec eux visiter des projets de reconstruction ou des opérations de distribution d’aide humanitaire », a...
Actualités - OPINION
Éclairage - Bush « troublé » par l’affaire des articles payés par l’armée US L’ingérence américaine, une réalité connue de toute la presse irakienne
le 05 décembre 2005 à 00h00
Des journalistes irakiens ont confirmé les informations publiées par la presse américaine sur une ingérence de l’armée américaine dans les médias locaux, sans que cela ne provoque en Irak un scandale comme aux États-Unis.
«Les soldats américains nous demandaient de venir avec eux visiter des projets de reconstruction ou des opérations de distribution d’aide humanitaire », a raconté à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat, une journaliste irakienne travaillant dans un quotidien. « Puis il nous demandaient d’écrire des articles positifs, en contrepartie d’une petite somme qui ne dépassait pas les 50 dollars », a-t-elle ajouté.
Elle a travaillé trois mois au Club de la presse de Bagdad, une organisation créée par des officiers américains il y a plus d’un an et incriminée par des journaux américains dans cette affaire. « Ils nous payaient aussi pour publier des articles qu’ils nous donnaient. Si l’article était accompagné d’une photo, la somme était un peu plus importante », a précisé la journaliste.
Elle a ajouté que la direction de son journal n’était pas informée de sa collaboration avec les autorités américaines. « Je n’avais reçu aucune instruction à ce sujet », a-t-elle dit. « Au bout de trois mois, je suis partie. Toute cette affaire était ridicule et contraire à la déontologie des journalistes », a-t-elle conclu.
Selon le quotidien Los Angeles Times, l’armée américaine rémunère secrètement des journaux irakiens pour qu’ils publient des articles rédigés par des soldats américains et ensuite traduits en arabe. Ces articles, présentés comme étant rédigés par des journalistes indépendants, vantent le travail des Américains et des Irakiens dans la reconstruction de l’Irak, et dénoncent les actions des insurgés.
Jeudi dernier, le groupe de médias américain Knight-Ridder a ajouté que l’armée américaine avait payé des journalistes irakiens jusqu’à 200 dollars par mois pour écrire des histoires favorables à la coalition. Les paiements auraient été faits à des membres du Club de la presse de Bagdad.
Selon les indications recueillies auprès de plusieurs journalistes irakiens, cette situation était connue de toute la presse et concernait plusieurs journaux. La presse irakienne a d’ailleurs consacré peu de place à cette affaire qui ne fait pas scandale en Irak, contrairement aux États-Unis. L’opinion parmi les journalistes est que cette situation évoluera probablement parce que le débat qui s’est ouvert aux États-Unis obligera les Américains à renoncer à des pratiques aussi généralisées et peu discrètes. « C’est un scandale que les Américains aient recours à de tels stratagèmes, totalement contraires aux principes de ce métier et qui trompent l’opinion publique », a affirmé le journaliste irakien indépendant Ahmed Sabri, analyste pour des chaînes de télévision arabes. « Un journal doit refléter la réalité sur le terrain et non pas des informations monnayées, dont le but est d’améliorer l’image des États-Unis, qui ont échoué en Irak », a-t-il lancé en qualifiant les articles incriminés de « publicité ».
L’armée américaine a défendu ces pratiques, estimant qu’il fallait contrer les mensonges diffusés par des militants d’el-Qaëda. « Nous ne mentons pas, nous n’avons pas besoin de mentir, nous autorisons nos commandants sur le terrain à être en mesure d’informer le public irakien », a déclaré un porte-parole militaire, le général Rick Lynch. « Ce que Zarqaoui continue de faire est de mentir aux Irakiens, de mentir à la communauté internationale », a-t-il ajouté en référence au chef d’el-Qaëda en Irak, Abou Moussab al-Zarqaoui.
Un journaliste d’un quotidien à Bagdad a indiqué qu’il était parfaitement au courant de la coopération de certains collègues avec des militaires américains et qu’il avait, lui, refusé. « Il s’agit véritablement d’une tromperie, et un journaliste professionnel ne tombe pas dans un tel piège », a-t-il dit sous le couvert de l’anonymat. Suite à ces révélations, le conseiller à la Sécurité nationale Stephen Hadley a affirmé hier que le président George W. Bush est « très troublé ». « Notre politique est de soutenir des médias libres et d’obtenir la vérité », a-t-il répété.
Des journalistes irakiens ont confirmé les informations publiées par la presse américaine sur une ingérence de l’armée américaine dans les médias locaux, sans que cela ne provoque en Irak un scandale comme aux États-Unis.
«Les soldats américains nous demandaient de venir avec eux visiter des projets de reconstruction ou des opérations de distribution d’aide humanitaire », a...
«Les soldats américains nous demandaient de venir avec eux visiter des projets de reconstruction ou des opérations de distribution d’aide humanitaire », a...
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