Caillassé à Najaf, Iyad Allaoui parle d’une tentative d’assassinat Recrudescence de la violence à l’approche des élections en Irak

L’armée irakienne a annoncé hier qu’elle avait tué vingt rebelles au cours d’une contre-attaque menée au nord de Bagdad après avoir perdu 19 soldats samedi dans une embuscade. Par ailleurs, l’ancien Premier ministre Iyad Allaoui a affirmé avoir réchappé hier à une tentative d’assassinat lors d’un déplacement électoral mouvementé à Najaf, dans le principal lieu saint de l’islam chiite d’Irak. Les forces irakiennes ont attaqué les rebelles près de Adhaim (100 km au nord de Bagdad) où un engin piégé artisanal avait explosé samedi près d’une patrouille qui avait été au même moment attaquée et avait tué 19 hommes. Au cours de cette opération, « 20 rebelles ont été tués et 5 faits prisonniers », a indiqué le ministère de la Défense. En outre, 75 suspects ont été arrêtés. L’armée américaine a annoncé de son côté la fin de l’opération « Lance » menée contre les rebelles dans la vallée de l’Euphrate au moment où les sunnites menacent de quitter le processus de réconciliation nationale si de telles opérations continuent. Cette opération irako-américaine, engagée vendredi dernier à Ramadi, visait à créer des conditions normales pour les législatives du 15 décembre, a précisé le commandement américain. Simultanément, l’armée américaine a annoncé la fin prochaine de l’opération « Marteau de fer » menée dans la région de Hit, également dans la vallée de l’Euphrate. Washington rencontre des groupes sunnites De son côté, le conseiller à la Sécurité nationale, Stephen Hadley, a déclaré hier sur CNN que l’ambassadeur américain en Irak, Zalmay Khalilzad, rencontre des groupes sunnites en Irak ayant des liens avec les insurgés pour les inciter à rejoindre le processus politique. M. Hadley a tenu à préciser qu’« évidemment », il n’y aurait « pas de contact avec ceux qui ont du sang sur les mains ». Ces opérations militaires successives, menées dans la province d’al-Anbar, bastion sunnite de l’Irak, ont suscité des tensions dans le pays à l’approche des élections et d’une conférence de réconciliation nationale prévue à Bagdad, en février-mars prochains. L’approche des élections est marquée par une vague d’assassinats de personnalités sunnites et chiites. Ainsi, cheikh Abdel-Salam Abdel-Hussein al-Maliki, représentant le chef radical chiite Moqtada Sadr dans un quartier de Bagdad, a été trouvé assassiné par balles dans sa voiture, hier matin. Au lendemain d’un lourd bilan militaire marqué par la mort de 19 soldats irakiens et de 14 militaires américains, les forces américaines ont annoncé avoir eu deux blessés lorsqu’un de leurs convois a sauté sur une bombe dissimulée sur le bord de la route, dans le quartier occidental de Khadra, à Bagdad. D’autre part, une bombe artisanale dissimulée derrière une voiture au centre de Bagdad a explosé faisant 2 morts et 11 blessés, selon la police. Cet attentat visait une patrouille de la police. Dans ce contexte de violence, des statistiques officielles, compilées hier par l’AFP, notent que le mois de novembre a été meurtrier en Irak avec une augmentation de plus de 50 % du nombre d’Irakiens morts dans les violences, qui passe de 407 en octobre à 666. La grande majorité des morts, 548, sont des civils. Sur un autre plan, près de 150 candidats aux législatives pourraient être écartés de la course électorale pour appartenance au Baas, le parti dissous de Saddam Hussein, a indiqué à l’AFP un responsable de la c ommission électorale. Par ailleurs, l’ex-Premier ministre irakien Iyad Allaoui, candidat aux législatives du 15 décembre, a été caillassé hier dans la ville sainte de Najaf, au sud de Bagdad, et a accusé ses assaillants d’avoir tenté de le tuer. « À sa sortie du mausolée de Ali, des gens rassemblés à l’extérieur ont interpellé M. Allaoui en criant “Dieu, maudis les baassistes !” », a raconté un responsable de la police sous le couvert de l’anonymat. M. Allaoui, lui-même un ancien baassiste qui a fait défection sous Saddam Hussein, est favorable à une politique plus ouverte concernant les anciens cadres du régime déchu, écartés de la nouvelle administration. La foule a lancé des cailloux et des chaussures au député et candidat chiite. Ses gardes ont alors tiré en l’air pour disperser le rassemblement, a ajouté cette source. Mais le député a donné une autre version des faits, affirmant avoir été l’objet d’une tentative d’assassinat. Selon lui, une bande de 50 à 60 personnes l’a entouré alors qu’il était encore à l’intérieur du mausolée, à prier avec d’autres candidats de sa liste et ses gardes. « Ils avaient des pistolets et des couteaux », a-t-il déclaré à la télévision irakienne al-Charqiyah. Toujours, concernant le dossier des législatives, le grand ayatollah Ali Sistani, autorité la plus influente du chiisme irakien, a invité les fidèles à participer aux élections législatives du 15 décembre et à voter pour des candidats religieux, a annoncé samedi son cabinet. Les instructions de Sistani ne relèvent pas de la fatwa, ou édit religieux, mais elles n’en sont pas moins susceptibles de peser d’un grand poids sur le choix des électeurs. Concernant le dossier des otages, plusieurs personnalités allemandes, dont la chancelière Angela Merkel et des responsables religieux, ont lancé hier un appel commun à la libération de l’otage allemande Susanne Osthoff, disparue depuis plus d’une semaine en Irak. Cet appel intervient suite à la fin de l’ultimatum lancé par les ravisseurs.