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Kazakhstan - L’Occident peu enclin à critiquer le pouvoir en place, même en cas de fraude électorale Le président Nazarbaëv « plébiscité » pour un énième mandat

Le président sortant Noursoultan Nazarbaïev aurait remporté, selon un sondage sorti des urnes, une victoire écrasante lors de l’élection présidentielle qui se tenait hier au Kazakhstan, alors que l’opposition dénonçait des « violations multiples » de la loi électorale. Le chef de l’État, qui dirige depuis 16 ans d’une main de fer ce pays d’Asie centrale, aurait recueilli 84,55 % des suffrages. M. Nazarbaïev devance très largement son principal concurrent, Jarmakhan Touyakbaï, le candidat du mouvement d’opposition, Pour un Kazakhstan juste, qui aurait reçu moins de 10 % des voix, alors que les trois autres candidats se partageraient les 5 % restants. Samedi, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) avait souligné que les autorités avaient omis d’observer une série de recommandations censées garantir un scrutin démocratique. Interrogé sur la stratégie de l’opposition, M. Sarimov, un porte-parole de M. Touyakbaï. a simplement déclaré qu’elle aurait recours à « tous les mécanismes juridiques potentiels et possibles ». Quelque 1 600 observateurs étrangers suivaient le déroulement du scrutin. M. Nazarbaïev, 65 ans, déjà au pouvoir du temps du Kazakhstan soviétique, avait remporté le précédent scrutin en 1999 avec plus de 80 % des voix. Le président sortant, malgré un style autoritaire et le faible cas fait de la liberté d’expression, s’est construit une popularité indéniable par une croissance économique forte et une stabilité politique qui tranchent avec la situation dans les pays voisins d’Asie centrale. Il a toujours affirmé que le développement économique devait précéder l’évolution démocratique, en faisant même l’un de ses thèmes de campagne. Mais selon les experts, l’Occident sera peu enclin à critiquer le pouvoir kazakh, même en cas de fraudes massives. Fin politique, M. Nazarbaïev a fait de l’Europe et des États-Unis ses alliés, notamment grâce aux gigantesques réserves pétrolières que recèle le sous-sol de ses immenses steppes désertiques. Le scénario révolutionnaire qui avait secoué la Géorgie, l’Ukraine puis le Kirghizstan ces deux dernières années n’avait donc guère de chances de se reproduire, même si l’opposition a tenté de défendre auprès des 8,6 millions d’électeurs son message de démocratisation et des accusations de corruption contre le chef de l’État et sa famille. « Il n’y aura pas de révolution dans des pays riches en ressources naturelles. Il n’y a pas de révolution là où il y a du pétrole », selon Edouard Poletaïev, du magazine Mir v Azii. L’échec récent d’un scénario « révolutionnaire » en Azerbaïdjan, autre grand producteur d’or noir en ex-URSS, après des élections législatives marquées par des fraudes et le silence occidental qui a suivi, semble confirmer la théorie. Mais les régimes politiques d’ex-URSS ont aussi adapté leurs techniques pour se maintenir au pouvoir. La tactique-clé est donc de s’efforcer de donner une façade démocratique au régime et aux scrutins. Par exemple, un accès égal aux médias pour M. Nazarbaïev et ses quatre concurrents est garanti par la loi, mais parallèlement, les journaux d’opposition sont saisis et plusieurs opposants interpellés. Autre inégalité, celle des moyens dont les candidats disposent. Alors que Nazarbaïev terminait sa campagne par un grand « show à l’américaine » dans un Palais des sports flambant neuf à Astana, le principal candidat de l’opposition, Jarmakhan Touyakbaï, devait se contenter d’un vieux théâtre d’Almaty, la capitale économique. Mais surtout, le coup de maître du pouvoir kazakh a été de reprendre la symbolique de ses adversaires. La couleur jaune a été la couleur de campagne de M. Nazarbaïev, alors qu’elle était à l’origine choisie par l’opposition. Selon M. Stapaïev, ces techniques de campagne auraient été importées par des conseillers russes, qui, pendant un an, ont cherché des parades à l’esprit « révolutionnaire » afin d’éviter que celui-ci ne se propage à la Russie et au reste de l’ex-URSS.
Le président sortant Noursoultan Nazarbaïev aurait remporté, selon un sondage sorti des urnes, une victoire écrasante lors de l’élection présidentielle qui se tenait hier au Kazakhstan, alors que l’opposition dénonçait des « violations multiples » de la loi électorale. Le chef de l’État, qui dirige depuis 16 ans d’une main de fer ce pays d’Asie centrale, aurait recueilli...