Réactions
La politique des veto et des compromis commence à mettre à rude épreuve la patience des artisans du 14 mars
le 03 décembre 2005 à 00h00
Dans les milieux politiques du « 14 mars », toutes tendances confondues, l’on juge que la politique de veto ne saurait se poursuivre. Certains vont même jusqu’à penser, sans le dire encore, que ceux qui ne sont pas contents n’ont plus qu’à claquer la porte, sans plus jouer aux empêcheurs de tourner en rond, sans plus empoisonner la vie de tout un peuple.
« Il n’est plus permis qu’il y ait une paralysie de la part de volontés partielles en Conseil des ministres. Le pays ne peut pas être fondé sur des veto. Il s’agit là d’un état pathologique et l’ensemble de l’opinion publique devrait se manifester pour rejeter cette situation, qui menace l’essence même du consensus, de la démocratie, du pluralisme et de la citoyenneté », a indiqué à L’Orient-Le Jour le secrétaire général de la Gauche démocratique, Élias Atallah. Et d’ajouter que la solution doit résider dans un recours au vote pour trancher, en Conseil des ministres, notamment la question du tribunal international.
Le général Michel Aoun plaide lui aussi en faveur d’un tribunal international mixte, qui regrouperait des juristes libanais, garants de transparence et de responsabilité, et des experts internationaux, garants d’immunité et de protection.
Le général Aoun s’élève contre la culture du compromis qui s’installe en Conseil des ministres, estimant qu’une telle gestion du pouvoir ne peut pas se poursuivre et qu’elle conduit à l’impasse, et dénonçant les « successions d’erreurs et de contradictions, depuis les élections ». Il reste que le chef du CPL ne s’oppose pas en principe à un retour au sein de la coalition du « 14 mars », à condition qu’il n’y ait pas de rapports de domination, et que la règle soit la concertation et l’établissement d’un programme, pour savoir « quelle République nous construisons ».
Le chef du PSP, Walid Joumblatt, juge, pour sa part, que la séance de jeudi du Conseil des ministres était « un peu négative », estimant qu’il faudra encore quelque temps pour pouvoir assouplir la position de ceux qui sont encore récalcitrants à l’idée d’un tribunal international. Pour autant, M. Joumblatt ne désespère pas du Hezbollah. Il affirme être pour la libération des fermes de Chebaa et la défense du territoire contre les agressions israéliennes, « mais il y a un point de litige : nous ne sommes pas pour la défense du régime syrien ». « Quand le Hezbollah déclare cela, nous ne pouvons pas l’appuyer. Cela ne veut pas dire pour autant que nous sommes en train d’ourdir une machination contre le régime syrien. Mais il faut avant tout que justice soit faite », a-t-il indiqué. Et c’est dans cette même optique qu’il faut réclamer dès maintenant la mise en place d’un tribunal international.
M. Joumblatt a tenu hier une réunion de son bloc parlementaire, avant de rencontrer le député Boutros Harb. Il doit prononcer dimanche un discours à Moukhtara.
Le ministre des Télécoms, Marwan Hamadé, rappelle pour sa part que la question du tribunal international n’était pas à l’ordre du jour et qu’il était impossible de la soulever sans l’accord du chef de l’État. Cependant, le chef du gouvernement est totalement habilité à inscrire à l’ordre du jour la demande d’une cour à caractère international, et personne ne peut s’y opposer, dit-il.
« Nous sommes déterminés à aller de l’avant sur cette question. Il est évident que les Syriens paniquent à l’idée d’une juridiction internationale. Et le mot d’ordre a circulé », affirme M. Hamadé, évoquant le nombre de réactions dans les rangs prosyriens hostiles à un tribunal international.
Cependant, il existe une majorité, qui s’est exprimée à la Chambre, et qui s’exprimera de nouveau en Conseil des ministres s’il le faut, et par le vote, si le consensus reste impossible à atteindre.
Il reste que, selon une source bien informée au sein du Courant du futur, les ministres chiites vont finir par accepter l’idée d’un tribunal international, et le chef du bloc parlementaire du Courant, Saad Hariri, est en train de mener des contacts dans ce sens, de même que le Premier ministre, Fouad Siniora.
Dans les milieux politiques du « 14 mars », toutes tendances confondues, l’on juge que la politique de veto ne saurait se poursuivre. Certains vont même jusqu’à penser, sans le dire encore, que ceux qui ne sont pas contents n’ont plus qu’à claquer la porte, sans plus jouer aux empêcheurs de tourner en rond, sans plus empoisonner la vie de tout un peuple.
« Il n’est plus...
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