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ESCALES - Un haut lieu touristique, fréquenté par les célébrités, pourrait bientôt fermer ses portes Le Paris Bar, légende des nuits berlinoises

Cinquante-trois ans après sa création par un soldat français, le légendaire restaurant Paris Bar, haut lieu des nuits berlinoises fréquenté par des célébrités comme Madonna, Leonardo diCaprio et Gerhard Schröder, croule sous les dettes et pourrait disparaître. L’annonce du dépôt de bilan il y a environ une semaine a été un « choc » pour de nombreux habitués de cette institution, passée de la rubrique « people » à celle des faits divers des grands journaux allemands après une récente descente d’agents du fisc berlinois. Au menu de l’enquête visant la célèbre enseigne de la Kantstrasse, une avenue de l’ancien Berlin-Ouest, figurent des arriérés d’impôts, des charges sociales impayées et des soupçons de travail au noir, précise la justice berlinoise. Les débiteurs réclament au Paris Bar une somme supérieure à un million d’euros, selon les administrateurs judiciaires. « On ne connaît pas encore le chiffre exact, mais ça va être difficile à régler », confie le patron autrichien, Michel Würthle, 72 ans. « On attend qu’un groupe d’amis du Paris Bar fasse une offre pour satisfaire quelques débiteurs », explique le septuagénaire, qui gérait depuis 26 ans le Paris Bar avec son compatriote Reinald Nohal, 67 ans. Le duo avait repris le restaurant en 1979, à une époque où Berlin était coupée en deux par le Mur (1961-1989). Ce bistrot était déjà célèbre dans les années 1950, lorsqu’il était exploité par le Français Jean Coupy, qui s’était installé à Berlin avec son épouse, une chanteuse d’opérette danoise. Après le décès du Français, puis de son neveu qui lui avait succédé, Michel Würthle et Reinald Nohal ont fait du Paris Bar un « must » pour nombre de stars d’Hollywood, en particulier pendant le Festival international du film de Berlin, la Berlinale. La « grâce » linguistique de Madonna… Le local, avec aux murs et aux plafonds des œuvres d’artistes-peintres et photographes contemporains, était souvent trop petit pour accueillir à la fois Jack Nicholson, Robert de Niro, des personnalités de la politique et du showbiz allemands et des Berlinois à l’affût de célébrités. Au point que Madonna s’était vu refuser un jour la dernière table non occupée, réservée pour Gina Lollobrigida, alors présidente de la Berlinale. La chanteuse américaine s’était alors écriée : « Who the fuck is Gina Lollobrigida ? » Mais « elle s’était quand même assise et avait pris un verre pour faire son apparition comme toutes les stars », se souvient le patron en évoquant l’une des anecdotes du Paris Bar. Le succès du restaurant, où les clients sont accueillis par un « bonjour » ou « bonsoir » en français, a poussé Michel Würthle à ouvrir en 2001, dans les murs du rez-de-chaussée voisin, Le Bar du Paris Bar, dans lequel beaucoup d’argent a été investi. « On croyait vraiment que la situation économique allait prospérer, mais c’est le contraire qui s’est produit », dit-il. La conjoncture difficile après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis et la concurrence des bars « branchés » de Berlin-Est ont aggravé les difficultés financières du bar, entraînant celles de la SARL regroupant les deux enseignes, qui emploie 49 salariés. Peu avant la visite du fisc, Reinald Nohal a remis sa démission lors d’une réunion de sociétaires, alors que son associé entend bien rester à la tête du Paris Bar : « C’est l’œuvre de ma vie. Je ne connais personne qui puisse assurer la continuité », affirme Michel Würthle, observant que le restaurant et le bar continuent de fonctionner comme si de rien n’était. « Nous allons devoir trouver un nouvel exploitant prêt à payer les dettes et à continuer d’investir », suggère pour sa part le propriétaire de l’immeuble, Horst Schaller. « Toutefois, ajoute-t-il, on ne peut pas imaginer le Paris Bar sans le duo Würthle et Nohal ». À condition de trouver un accord avec toutes les parties, observe Michel Würthle, qui se veut optimiste.
Cinquante-trois ans après sa création par un soldat français, le légendaire restaurant Paris Bar, haut lieu des nuits berlinoises fréquenté par des célébrités comme Madonna, Leonardo diCaprio et Gerhard Schröder, croule sous les dettes et pourrait disparaître.

L’annonce du dépôt de bilan il y a environ une semaine a été un « choc » pour de nombreux habitués de cette...