Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Lahoud, Amal et le Hezbollah d’un côté, la nouvelle majorité de l’autre Procès international et 1559, un dialogue de donnant-donnant en vue…

Liban, pays de consensus, pays de marché. La majorité veut un procès international. La minorité, plus exactement les prosyriens, veut le rejet effectif de la 1559. Alors, au milieu, on propose un dialogue, une négociation. Mais justement dans cette perspective, et comme l’exige la règle du jeu, chacun fait d’abord monter les enchères. Ainsi n’y a-t-il pas eu d’accord entre Lahoud et Siniora, lors de leur dernier entretien. Le président du Conseil a répercuté la proposition Hamadé-Aridi, que lui-même appuie à fond, d’une demande de création d’un tribunal international. Évidemment assortie d’une demande de prorogation de la mission Mehlis. Les deux ministres ont dès lors souhaité que le Conseil des ministres se réunisse à cet effet. Mais le chef de l’État a répondu qu’il n’y a pas lieu de se presser. Et qu’il est préférable d’attendre le rapport Mehlis, prévu pour le 15 décembre. Ajoutant qu’il vaut de même mieux connaître d’abord la nature des charges que le juge d’instruction libanais aurait retenues dans son acte d’accusation ultérieur. Selon le président de la République, on pourrait alors déterminer plus facilement s’il convient ou non de réclamer une cour internationale ou panachée. Bref, la proposition Hamadé-Aridi se heurte à une fin de non-recevoir de la part du régime. Et il en va autant comme on sait pour le Hezbollah ou les autres alliés locaux de la Syrie. Précaution Pourtant, les ministres Hamadé et Aridi avaient pris la précaution d’une sorte de préavis. Leur idée remonte en effet à plus de 15 jours. Ils l’ont mise en circulation à l’avance, pour prévenir toute accusation de prendre de court les gens d’en face. Cela, après la tragi-comédie du retrait des cinq ministres chiites de la séance de solidarité avec le Premier ministre libanais, suite aux outrages assadiens. Ces représentants d’Amal et du Hezbollah avaient prétendu n’avoir pas pris connaissance du discours du président syrien, que tout le Liban avait attendu et suivi. Un prétexte d’autant plus contestable que, ce jour-là, la séance du Conseil avait été retardée d’une heure pleine. Le cas le plus poignant, si l’on peut dire, reste celui de Faouzi Salloukh. En tant que ministre des Affaires étrangères, il était en effet formellement en devoir non seulement d’écouter Assad mais aussi d’en commenter les propos à l’adresse du Conseil des ministres libanais. Décision Quoi qu’il en soit, pour ce qui est du procès international, tout comme d’ailleurs pour la prorogation de la mission Mehlis, le vrai maître du jeu reste le Conseil de sécurité des Nations unies. Dans le principe, il doit tenir compte des avis qualifiés. C’est-à-dire, dans le premier cas, des desiderata de l’autorité libanaise et, dans le deuxième, des souhaits de la commission internationale d’enquête. Or tant Siniora que Mehlis ont déjà fait savoir, l’un qu’une cour internationale ou panachée siégeant à l’extérieur est indispensable, l’autre que les investigations nécessitent bien plus de temps que les quelques jours qui nous séparent du 15. D’autant que les témoins syriens, dont le rôle pourrait être capital, ne seront pas entendus par les interrogateurs avant le 4-5 décembre à Vienne. Contradiction On a pensé un moment, après l’ouverture de Chareh sur la « page tournée » et sur Chebaa, que les prosyriens mettraient de l’eau dans leur vin. Mais non. Sans même attendre le vrai-faux témoin Houssam Taher Houssam et sa soi-disant rétractation, ils ont continué à ruer dans les brancards. Refusant le procès international, sans se soucier de se contredire. Car, en même temps, à l’exemple de la Syrie, ils rejetaient l’audition des Syriens à Monteverde. Ce qui en bonne logique aurait dû signifier un refus d’un procès au Liban… Sans s’arrêter à ce détail, les prosyriens, le Hezbollah en tête, montent avec vigueur au créneau. En déclarant tout de go qu’il n’est pas question d’accepter la procédure démocratique d’un vote en Conseil des ministres ou à la Chambre. Parce que la question, d’après eux, dépasse le cadre de la majorité numérique et nécessite, à cause de son importance cruciale, un consensus national ; donc un dialogue. Contre-pression Les majoritaires répondent en faisant valoir que le Hezbollah et ses alliés imposent pratiquement au Liban officiel un rejet effectif de la 1559 et du désarmement. Sans consultation ni consensus. Il n’est pas admissible, relèvent les majoritaires, que le Hezb force la décision dans un cas qui le concerne, et exige un consensus dans l’autre qui concerne les haririens. Autrement dit, ces derniers disent au Hezb : « Vous ne pouvez pas nous refaire le coup des Syriens qui nous disaient :“ Ce qui est à nous est à nous, et ce qui est à vous est à nous comme à vous.” » Rappelant qu’abusant, selon eux, d’un rapport de forces surgonflé, le Hezb et Amal avaient réussi à imposer, contre la nécessité du changement, la réélection de Berry, l’obtention des AE et des désignations déterminées, les haririens trouvent que la mesure est pleine. Ils contrent donc les prosyriens avec la proposition sous-jacente suivante : ou bien un désarmement accéléré, moyennant un procès local ; ou bien une cour internationale, en échange d’un lointain compromis sur l’intégration du bras armé du Hezb dans les forces régulières nationales. L’affaire est donc à suivre. Philippe ABI-AKL
Liban, pays de consensus, pays de marché. La majorité veut un procès international. La minorité, plus exactement les prosyriens, veut le rejet effectif de la 1559. Alors, au milieu, on propose un dialogue, une négociation.
Mais justement dans cette perspective, et comme l’exige la règle du jeu, chacun fait d’abord monter les enchères. Ainsi n’y a-t-il pas eu d’accord entre Lahoud...