Selon ce ministre, le fait que l’émir Bandar ben Sultan, qui est en quelque sorte le responsable...
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ÉCLAIRAGE - Washington n’a pas encore décidé d’en finir avec le régime syrien, selon un ancien ministre Entre les États-Unis et la Syrie, un début de dialogue, mais le « deal » est encore lointain
Par HADDAD Scarlett, le 02 décembre 2005 à 00h00
«Ce n’est pas encore un deal au sens réel du terme, mais les Syriens et les Américains ont commencé à prendre langue… » C’est en ces termes qu’un ancien ministre qui, sans être prosyrien, a conservé des relations avec les responsables de ce pays, qualifie la situation actuelle.
Selon ce ministre, le fait que l’émir Bandar ben Sultan, qui est en quelque sorte le responsable saoudien le plus proaméricain – il a d’ailleurs occupé pendant de longues années les fonctions d’ambassadeur de son pays à Washington –, se soit rendu à trois reprises en Syrie pour y rencontrer le président syrien Bachar el-Assad ne peut pas être une simple coïncidence.
C’est d’ailleurs à la suite de ces rencontres que la Syrie a accepté d’envoyer les cinq officiers syriens à Vienne afin qu’ils y soient entendus par la commission internationale d’enquête. On sait déjà que les six officiers qui figuraient dans la liste de départ ne sont plus que cinq et, ce n’est plus un secret pour personne, ni Bahjat Sleimane ni Assef Chawkat ne figurent parmi les personnes qui seront entendues à Vienne. Selon l’ancien ministre, cet arrangement ferait partie d’un accord préliminaire, d’autant que certaines informations circulent sur la possibilité d’envoyer Assef Chawkat en Russie pour une mission qui tomberait diplomatiquement à point. En contrepartie, les Syriens n’ont pas cherché à saboter la réunion de réconciliation interirakienne, qui s’est déroulée récemment au Caire, et ils se seraient déclarés disposés à examiner sérieusement l’éventualité de la création d’une force arabe, qui se déploierait en Irak et épaulerait ainsi les forces américaines.
Mais malgré ces signaux positifs, l’ancien ministre refuse de parler d’un « deal » global, affirmant que rien n’indique pour l’instant que l’on soit arrivé à ce stade dans les pourparlers, par intermédiaire saoudien, entre Syriens et Américains.
Pour expliquer comment il est parvenu à cette certitude, l’ancien ministre avance la détermination syrienne à combattre par tous les moyens l’enquête internationale. L’ancien ministre précise que si les Américains et les Syriens étaient parvenus à un accord, les Syriens n’auraient pas lancé la « bombe Houssam Houssam », alors que les sources proches de Damas annoncent encore de nouvelles bombes dans le même genre.
Pour l’ancien ministre, ce genre de mascarade a pour principal objectif de discréditer l’enquête internationale et de semer le doute sur des dépositions considérées comme importantes dans le cadre de cette enquête. Que Houssam Houssam ait ou non été envoyé par les services de renseignements syriens pour induire en erreur la commission d’enquête internationale, son témoignage ne peut plus être considéré de la même manière après les déclarations qu’il a faites à Damas. Même si le rapport que devrait soumettre le juge allemand Detlev Mehlis au Conseil de sécurité le 15 décembre n’est pas un jugement et peut se permettre de se baser sur des indices et des présomptions, on voit mal, explique l’ancien ministre, comment il pourrait encore utiliser avec la même fermeté les « aveux » de Houssam Houssam. En fait, la mascarade syrienne montre surtout qu’il y a des failles dans le fonctionnement de la commission d’enquête. Et si, comme l’affirment certaines informations, le juge allemand devrait renoncer à ses fonctions après la publication de son rapport, son remplaçant devrait donc chercher à combler ces lacunes pour boucler son enquête.
Quelques « bombes »
du côté de Mehlis
L’ancien ministre n’exclut toutefois pas le fait que dans son rapport du 15 décembre, Mehlis puisse lancer lui aussi quelques bombes, notamment sur un manque de coopération des autorités syriennes, ou même émettre des suspicions sur certaines figures libanaises.
Pour l’ancien ministre, le rapport du 15 décembre pourrait donc être violent à l’égard de la Syrie, risquant ainsi d’entraîner des sanctions internationales contre ce pays. Mais cela ne signifierait pas que le dialogue entre Damas et Washington aurait atteint un point de non-retour. Car, selon lui, les sanctions ne seraient pas de nature à déstabiliser le régime baassiste. Si tout indique actuellement que l’on se dirige vers une confrontation entre la Syrie et les États-Unis, Damas serait, en effet, convaincu que les Américains n’ont pas décidé d’en finir avec son régime, surtout après les derniers développements en Irak et le véritable casse-tête que ce pays est en train de représenter pour les Américains.
D’ailleurs, affirme l’ancien ministre, tous ceux qui se rendent à Washington confirment cette impression, précisant que les Américains souhaitent essentiellement amener les Syriens à composer totalement sur trois points essentiels : le dossier irakien évidemment – et là les pourparlers auraient avancé sérieusement –, le conflit israélo-palestinien et l’arrêt des ingérences syriennes dans les affaires libanaises.
Tant qu’un accord sur ces trois points n’a pas été trouvé, il est trop tôt, estime l’ancien ministre, pour parler de « deal » .
Mais il se pourrait bien que le temps joue, cette fois, en faveur des deux parties. À quel prix pour le Liban ?
Scarlett HADDAD
«Ce n’est pas encore un deal au sens réel du terme, mais les Syriens et les Américains ont commencé à prendre langue… » C’est en ces termes qu’un ancien ministre qui, sans être prosyrien, a conservé des relations avec les responsables de ce pays, qualifie la situation actuelle.
Selon ce ministre, le fait que l’émir Bandar ben Sultan, qui est en quelque sorte le responsable...
Selon ce ministre, le fait que l’émir Bandar ben Sultan, qui est en quelque sorte le responsable...
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