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Actualités - OPINION

Tout pourrait dépendre des auditions de Vienne Côté prorogation, Mehlis ne devrait pas être en reste…

En nombre de fois, mais pas en durée, Monteverde pourrait damer le pion à Baabda, côté prorogation de mandat. En effet, Detlev Mehlis, qui doit remettre encore un rapport au Conseil de sécurité via Kofi Annan à la mi-décembre, obtiendrait facilement une deuxième rallonge pour peu qu’il le juge utile. Et cela va sans doute dépendre en grande partie de sa collecte de données auprès des cinq Syriens, à Vienne. En tout cas, le gouvernement libanais a d’ores et déjà fait savoir qu’il est tout disposé à présenter une demande de poursuite de l’assistance judiciaire onusienne. Condition requise, comme on sait, pour le respect de la bonne règle et des formes. Mais le véritable maître du jeu c’est, bien entendu, le Conseil de sécurité. Car, à travers la 1595, certifiée et renforcée par la 1636, le « gouvernement du monde » s’est saisi directement du dossier de l’assassinat du président Rafic Hariri, au titre de la lutte contre le terrorisme, régie par les résolutions 1373 et 1566. À l’exemple des autorités de Beyrouth, plusieurs membres du Conseil ont fait savoir qu’ils ne s’opposent pas à ce que Mehlis continue à enquêter. Certains précisant qu’ils trouvent même cela souhaitable, voire nécessaire. Si l’éventualité devait prendre corps, cela signifierait que, le 15 décembre, la commission internationale ne présenterait pas des conclusions, mais un deuxième rapport d’étape après celui du 20 octobre. L’évolution est telle (un peu paradoxalement grâce à la Syrie !) que l’hypothèse d’un procès international, qui avait reculé juste après la 1636, reprend maintenant le dessus. On sait que selon le ministre des Télécommunications Marwan Hamadé, engagé à fond dans la bataille pour la vérité, le gouvernement libanais s’apprêterait à demander la constitution d’une cour de justice internationale. Il laisse entendre qu’on garderait la commission d’enquête, pour aider le tribunal international. Hamadé souligne que, pour plusieurs raisons, il est difficile de confier le procès à la justice libanaise et encore plus difficile de l’organiser in situ. Les Syriens refusent d’être jugés par les Libanais, considérant qu’il y va de leur dignité. Tout comme ils ont refusé que les interrogatoires aient lieu à Monteverde. Mais en même temps, les alliés des Syriens, Hezbollah en tête, refusent un procès international ! Ce qui revient à dire que l’idéal pour le camp dans lequel ils s’inscrivent serait qu’il n’y ait pas de procès du tout. Cette attitude ne les empêche pas, à l’instar des anciens tuteurs du reste, de clamer qu’ils n’ont qu’un objectif : que toute la lumière, que toute la vérité soit faite sur l’assassinat du président Hariri. Dans ce cadre, ils mettent en doute la mission Mehlis et persistent à y voir une manœuvre visant à imposer au Liban une nouvelle colonisation politique occidentale. Ou, plus exactement, israélo-américaine. Les hezbollahis s’en prennent plus particulièrement à l’action de l’ambassadeur américain, Jeffrey Feltman, et à celle de son homologue français, Bernard Émié. Qui, en fait, visitent pratiquement tout le monde, sauf ceux qui, comme le Hezbollah ou certaines formations d’obédience syrienne directe, ne voudraient pas les rencontrer. Retour au tribunal international. La suggestion faite dans ce sens en Conseil des ministres par Marwan Hamadé et Ghazi Aridi s’est heurtée aux objections immédiates d’un ministre hezbollahi, qui a répété qu’il y aurait là une internationalisation plaçant encore plus le Liban sous la domination américaine. Ajoutant que la question doit être mûrement étudiée et faire en tout cas l’objet d’un consensus national. Partant de là, ce ministre a récusé la procédure de décision normale impliquant un vote en Conseil des ministres. Le ministre Hamadé a répondu en indiquant que, demain, une communauté ou une fraction pourrait s’armer, sous prétexte de combattre Israël, pour imposer au Liban une position déterminée, et le mettre en situation délicate, contre l’avis des Libanais. Pourquoi, a-t-il enchaîné, n’insiste-t-on pas dans un cas pareil sur la nécessité d’un dialogue et d’un consensus national, comme on le fait pour une affaire qui a secoué le Liban. Un dossier comme l’assassinat du président Hariri au sujet duquel tout le monde affirme vouloir connaître la vérité, ce qui est du reste dans l’intérêt de tous. Il n’y a donc pas d’entente au sein de l’Exécutif et l’on se demande comment il va se comporter après le 15 décembre. Il est en tout cas possible que, comme la fois précédente, on n’envoie pas Salloukh à New York pour le débat sur le rapport Mehlis, mais Boutros Assaker. Plus exactement, le ministre se laverait volontiers les mains de cette mission. Car étant proche des positions du tandem Amal-Hezbollah, il lui serait difficile de défendre les vues du gouvernement libanais, favorable à un procès international. Philippe ABI-AKL
En nombre de fois, mais pas en durée, Monteverde pourrait damer le pion à Baabda, côté prorogation de mandat. En effet, Detlev Mehlis, qui doit remettre encore un rapport au Conseil de sécurité via Kofi Annan à la mi-décembre, obtiendrait facilement une deuxième rallonge pour peu qu’il le juge utile. Et cela va sans doute dépendre en grande partie de sa collecte de données auprès...