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Actualités - CHRONOLOGIE

assassinat hariri - Damas « inquiet » face aux tentatives « d’induire en erreur » la commission Mehlis Le mystère le plus total plane sur les interrogatoires des cinq officiers syriens à Vienne

Entre Damas et Vienne, c’est le black-out total. Tard dans la soirée, les protagonistes syriens et internationaux de l’enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri n’avaient pas encore laissé filtrer la moindre information concernant l’interrogatoire dans la capitale autrichienne des cinq officiers baassistes par la commission présidée par Detlev Mehlis, la Syrie ayant affirmé en soirée vouloir rester « totalement discrète » à ce sujet. Même mutisme chez les responsables onusiens à Beyrouth et à New York, qui ont catégoriquement refusé de dire si les officiers syriens étaient déjà arrivés à Vienne pour y être interrogés, ou bien s’ils n’avaient pas encore quitté les rives du Barada. Les seules indications qui ont été fournies se sont vite avérées contradictoires, brouillant ainsi encore plus la vision à ce niveau, puisque les autorités autrichiennes affirmaient en début d’après-midi que les cinq Syriens n’étaient pas encore arrivés sur leur territoire, alors qu’au même moment, une source diplomatique française indiquait qu’ils « devraient » avoir déjà fait le déplacement. Par ailleurs, certaines informations ont indiqué hier que M. Mehlis ne procédera pas lui-même aux interrogatoires à Vienne, où d’autres membres de son équipe entendront les officiers. Auparavant dans la journée, le ministère autrichien de l’Intérieur avait ainsi précisé que les responsables syriens n’étaient toujours pas arrivés dans la capitale autrichienne à 14h00, heure de Beyrouth. « À ma connaissance, ils ne sont pas encore arrivés », a déclaré à l’AFP le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Rudolf Gollia. « Nous sommes en alerte antiterroriste maximum », a-t-il cependant ajouté, en se refusant à tout autre commentaire. Toutefois, une source française indiquait presque au même moment que la délégation syrienne « devrait déjà être là » (à Vienne). Les Nations unies et l’ambassade de Syrie en Autriche n’ont de leur côté pas confirmé l’arrivée de la délégation syrienne. « C’est un dossier strictement confidentiel sur lequel nous ne faisons pas de commentaire », a déclaré le porte-parole des Nations unies à Vienne. Interrogée par L’Orient-Le Jour, la porte-parole de l’organisation à Beyrouth, Nasra Hassan, s’est également abstenue de fournir des informations à ce sujet. Damas n’était pas plus transparente hier, puisqu’elle refusait de révéler tout indice relatif à la date de l’interrogatoire. « Les interrogatoires auront bien lieu à Vienne comme convenu avec (…) Mehlis, mais la Syrie veut observer une discrétion totale sur la date du départ des témoins syriens », a déclaré une source du ministère syrien des Affaires étrangères. Selon cette source, « la Syrie poursuit une coopération totale avec la commission d’enquête, mais souhaite que cela se fasse loin du regard des médias ». De son côté, la LBCI affirmait hier à midi que les visas des cinq officiers syriens qui doivent se diriger à Vienne pour être interrogés par la commission d’enquête étaient toujours en préparation. Le correspondant de la chaîne à Damas a également fait état d’une série de réclamations que la Syrie aurait formulées auprès de la commission d’enquête et des autorités autrichiennes. Damas aurait ainsi exigé que l’ensemble des interrogatoires se déroule en un seul jour et dans le secret le plus total, les organes de presse devant être catégoriquement empêchés de couvrir l’événement. Les cinq responsables devront également être entourés d’un imposant dispositif sécuritaire, a ajouté le correspondant. La Syrie accuse « certains Libanais » Par ailleurs, et toujours dans le cadre des investigations, la Syrie a mis en garde hier contre les tentatives de « certains Libanais » d’induire en erreur la commission d’enquête de l’ONU, à la suite de la rétractation du témoin syrien, Houssam Taher Houssam, qui avait affirmé lundi avoir fait sous la menace un faux témoignage dans lequel il accuse deux proches du président syrien Bachar el-Assad d’avoir commandité l’assassinat de l’ex-Premier ministre. « Les autorités judiciaires libanaises et la commission d’enquête doivent prendre les mesures nécessaires pour faire cesser ces (témoignages) trompeurs (...), afin de préserver notre action commune visant à parvenir à la vérité dans ce crime », a précisé un communiqué du ministère des Affaires étrangères syrien. « La Syrie exprime sa profonde inquiétude face aux tentatives de certains d’induire en erreur la commission d’enquête. Elle souligne que sept points du rapport présenté par la commission internationale au Conseil de sécurité sont basés sur le témoignage de Houssam », a affirmé un responsable du ministère, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. « Houssam ne peut pas être à la fois sincère dans ses accusations contre la Syrie et menteur lorsqu’il parle en public de son faux témoignage » à la commission Mehlis, a ajouté ce responsable, jetant ainsi les doutes sur la sincérité du témoin syrien qui s’est rétracté. Il affirme en outre que le faux témoignage de Houssam rappelle celui de Mohammed Zouhair Siddiq, actuellement incarcéré en France à la suite d’un mandat d’arrêt émis par le Liban en octobre « pour implication dans le crime » (de l’assassinat de Rafic Hariri). « La Syrie avait mis en garde contre ce faux témoignage, mais la commission internationale avait ignoré » les avertissements de Damas, selon le communiqué des Affaires étrangères. « Siddiq est devenu un suspect, mais son faux témoignage figure toujours dans le rapport de M. Mehlis publié en octobre », a-t-il ajouté. À Beyrouth, et malgré les derniers rebondissements, l’enquête semble avoir repris son cours normal. Detlev Mehlis a ainsi rencontré hier au Palais de justice le procureur général près la Cour de cassation, le juge Saïd Mirza, en présence de l’avocate générale, Jocelyne Tabet, du juge d’instruction près la Cour de justice dans l’affaire Hariri, Élias Eid, et du coordinateur entre la commission et le ministère de la Justice, le juge Ralph Riachi. Les discussions ont porté sur les derniers développements de l’enquête, notamment en ce qui concerne les interrogatoires des officiers syriens à Vienne ainsi que les déclarations de Houssam. M. Eid avait en outre entendu trois témoins dans cette affaire. Le procureur s’était entretenu auparavant avec les chefs des différents services sécuritaires, notamment l’armée, les FSI, la Sûreté de l’État et la Sûreté générale, évoquant avec eux les investigations concernant les attentats terroristes qui avaient frappé le Liban après le 14 février.
Entre Damas et Vienne, c’est le black-out total. Tard dans la soirée, les protagonistes syriens et internationaux de l’enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri n’avaient pas encore laissé filtrer la moindre information concernant l’interrogatoire dans la capitale autrichienne des cinq officiers baassistes par la commission présidée par Detlev Mehlis, la Syrie ayant affirmé en...