« Une déclaration verbale sur Chebaa est insuffisante, il faut une procédure officielle », souligne Sfeir
La question de Jérusalem au cœur des travaux
des patriarches orientaux, à Amman
AMMAN, de Habib CHLOUK
Réunis au couvent de la Visitation à Amman, les sept patriarches catholiques d’Orient réfléchissent, depuis lundi, aux valeurs de justice et de paix dans un monde où règne la loi du plus fort. Ils le font dans le cadre de leur XVe congrès, qui se tient cette année en Jordanie, sous la présidence du patriarche latin de Jérusalem, Michel Sabbah.
C’est ce dernier qui a ouvert, lundi soir, le congrès par un exposé dans lequel il a posé la problématique sur laquelle doivent réfléchir les patriarches.
Mgr Sabbah a parlé du Moyen-Orient comme d’un monde où « l’homme s’est mis dans une situation d’impuissance qui le rend incapable de recevoir le don de la paix qu’il demande à Dieu ».
« Oui, a dit le prélat, il y a de quoi nous troubler et nous effrayer, devant tout ce que nous vivons en Terre sainte, en Irak, au Liban en ces derniers temps, dans tous nos pays et même dans le monde entier. »
La situation est particulièrement dramatique en Terre sainte, a enchaîné le patriarche, où la question des droits de l’homme se double d’une autre question cruciale, celle de Jérusalem et de son statut.
Le patriarche Sabbah plaide, dans ce domaine, pour une ville qui soit la capitale de deux États, Israël et la Palestine, où chacun des deux peuples israélien et palestinien reconnaîtrait la place de l’autre « de façon définitive ».
Tout naturellement, cette question amène Mgr Sabbah à réfléchir sur la question de la violence et du terrorisme. « Pourquoi, s’est-il interrogé, puisque toutes les guerres finissent sur la table des négociations, ne pas commencer par celle-ci ? »
L’antidote au terrorisme passe, selon le patriarche Sabbah, « par la collaboration entre les cultures, une éducation religieuse saine et la justice dans les relations entre les peuples ».
Déclaration finale
Par ailleurs, les patriarches ont nommé hier les membres du comité chargé de rédiger leur déclaration finale, en fin de semaine. La journée d’hier a ensuite été consacrée à l’examen de la situation de la paix et de la justice en Terre sainte, en Jordanie, au Liban et en Syrie. Les rapports mesurent la situation dans ces divers pays au regard des principes et critères de bonne gouvernance tirés de la charte internationale des droits de l’homme et d’études du comité des droits de l’homme.
Les droits de la politique
En marge du congrès se sont posées hier d’autres questions, plus politiques, dont le point focal était le patriarche Sfeir, très courtisé par la presse jordanienne.
La prise de position qui s’est détachée des autres, hier, a porté sur la déclaration faite la veille, à Barcelone, par le ministre syrien des Affaires étrangères, Farouk el-Chareh, au sujet de la « libanité » des fermes de Chebaa.
Jugeant cette prise de position verbale insuffisante, le patriarche maronite a affirmé, dans un entretien accordé au quotidien jordanien officiel al-Raï : « La question des fermes de Chebaa est très controversée. La propriété en est disputée par les uns et les autres depuis bien longtemps. Certains disent que ces fermes appartiennent à la Syrie, d’autres qu’elles appartiennent au Liban. Aujourd’hui, il ne suffit pas que la Syrie déclare que ce territoire est libanais. Il faut qu’une procédure officielle soit ouverte en ce sens devant l’ONU. Dire “ ces fermes sont à vous ” ne suffit pas. Il faut une procédure officielle. »
Par ailleurs, la tenue du congrès des patriarches orientaux fait la une de la plupart des journaux jordaniens.
Le quotidien al-Destour publie, sur quatre colonnes à la une, une déclaration du patriarche Sfeir affirmant : « Les groupes qui jettent l’anathème sont une déviance religieuse. » Le quotidien al-Ghad prête au patriarche maronite le propos suivant : « Toute agression contre la liberté est une agression contre la dignité de l’homme. »
Le Dyar jordanien et le quotidien al-Arab al-Yom rendent aussi compte de l’ouverture du congrès des patriarches d’Orient.
Message au pape
À l’ouverture de leurs travaux, les patriarches ont adressé un message au pape Benoît XVI dans lequel ils l’ont remercié pour « sa sollicitude en faveur de la paix en cette région tourmentée », lui demandant de bénir leurs travaux.
AMMAN, de Habib CHLOUK
Réunis au couvent de la Visitation à Amman, les sept patriarches catholiques d’Orient réfléchissent, depuis lundi, aux valeurs de justice et de paix dans un monde où règne la loi du plus fort. Ils le font dans le cadre de leur XVe congrès, qui se tient cette année en Jordanie, sous la présidence du patriarche latin de Jérusalem, Michel Sabbah.
C’est ce...
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