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Accueil populaire à Fahiss pour les patriarches catholiques d’Orient à l’ouverture de leur congrès Sfeir en Jordanie : « Je suis en règle générale contre la prorogation du mandat du président de la République »

Amman, de Habib CHlOUK « La paix à laquelle nous aspirons ne sera pas réalisée par la consécration des armes destructrices, en lançant des batailles acharnées qui détruisent les villes et les villages, ou en commettant des massacres internes. » C’est par ce constat que le patriarche Sfeir, qui se trouve, depuis dimanche, en Jordanie, a inauguré son sermon au cours de la messe célébrée par le patriarche de Jérusalem, Mgr Michel Sabah, à l’occasion de l’ouverture du quinzième Congrès des patriarches catholiques d’Orient. «La paix que nous voulons est à rechercher dans le respect de la loi et de l’équité de manière à donner à chacun son droit en toute dignité », a poursuivi Mgr Sfeir, qui a tenu à rappeler que la véritable justice est celle qui nous a été enseignée par le Christ. Ces paroles de paix n’ont pas empêché le patriarche, en réponse à une question après la messe, de préciser qu’il était, par principe, contre la prorogation du mandat du président de la République. Après la lecture de l’Évangile, le prélat maronite s’est adressé aux patriarches de Jérusalem, Mgr Sabah, des grecs-catholiques, Mgr Grégoire III Lahham, des syriaques, Mgr Ignace Pierre VIII Abdel Ahad, des arméniens-catholiques, Mgr Narcisse Pedros IXX, des chaldéens, Mgr Emmanuel III Dali, au pape des coptes catholiques d’Alexandrie, Mgr Estéphanos II Ghattas, en présence du nonce apostolique, Mgr Fernando Fellouni, des notables de la ville de Fahiss où se tenait l’événement, et plusieurs fidèles de la localité. Et le patriarche de poursuivre : « Nous aspirons tous à la liberté. » « Toutefois, la liberté concédée suppose la responsabilité et la nécessité de rendre compte de ses actes », a encore indiqué le patriarche Sfeir. Il a en outre estimé que la responsabilité commence au sein de la famille, par le biais notamment de l’éducation religieuse, en passant par le lieu de travail où l’employeur « doit respecter les règles et la loi du travail » pour finir par les responsables politiques, qui, a-t-il dit « ont la responsabilité de la législation et celle de donner le bon exemple en matière de justice, de probité et de transparence ». Soulignant qu’on « ne peut pas ne pas être affecté et touché par ce qui se passe autour de nous », le cardinal a évoqué les catastrophes qui endeuillent le monde arabe, souhaitant que « la paix puisse enfin régner sur l’ensemble du monde arabe et dans les esprits de tous les peuples du monde ». Reçus aux portes de la ville dans une liesse populaire, toutes communautés confondues, les patriarches avaient eu du mal à se frayer un chemin parmi les habitants de la localité, venus les accueillir en nombre, brandissant des banderoles de bienvenue. Également au rendez-vous, un groupe de fidèles relevant de la paroisse orthodoxe, qui se sont rassemblés sous deux énormes calicots, l’un souhaitant la bienvenue aux patriarches catholiques, l’autre condamnant « les attentats meurtriers de Amman ». D’un bout à l’autre de la ville, les cloches des Églises carillonnaient en l’honneur des invités qui ont été reçus par le métropolite de Philadelphie et de l’ensemble de la Jordanie pour les grecs-orthodoxes, Mgr Vénédictos. C’est à Lahoud de décider… À l’issue de la messe, le patriarche a reçu les journalistes au salon de l’Église. Au quotidien jordanien qui lui demandait de commenter les demandes de démission formulées par certaines parties à l’adresse du chef de l’État, Émile Lahoud, le prélat maronite a répondu : « Je ne suis pas parmi ceux qui réclament indubitablement la démission du président Lahoud. » Toutefois, a-t-il rappelé, « j’étais dès le départ contre la prorogation du mandat du chef de l’État en général, et non seulement ce président en particulier », a-t-il dit en allusion à la prorogation du mandat d’Élias Hraoui. « L’amendement de la Constitution ne saurait avoir lieu qu’en cas de circonstances exceptionnelles, ce qui n’était pas le cas », a ajouté le patriarche. Mgr Sfeir a rappelé que certaines voix se sont effectivement élevées pour réclamer l’isolement du président. Il a cependant indiqué que c’est au chef de l’État d’estimer si sa présence à la tête du pouvoir « est utile ou non, et de décider en fonction ». Évoquant l’affaire Hariri, et les divisions qu’elle entraîne au sein de la société politique libanaise, le patriarche a indiqué qu’« il y a eu auparavant plusieurs crimes sur lesquels on n’a toujours pas fait la lumière. Rafic Hariri est un homme qui a son poids au Liban et ailleurs et les siens ont tenu à rechercher les auteurs du crime ». Et d’ajouter : « Le fait que les Libanais sont divisés en deux camps ne signifie pas nécessairement qu’une partie est pour la vérité et une autre contre, à l’exception de ceux qui ont pris part à l’assassinat. » Quant aux divisions internes, « elles relèvent de la vie politique », a précisé le patriarche. Dans une entrevue à l’AFP, Mgr Sfeir a évoqué par ailleurs la question de laïcité, soulignant que le « christianisme ne craint pas les statuts personnels civils qui prévalent en Europe », notamment en Italie. « L’ancien président Élias Hraoui avait appelé à l’adoption du mariage civil facultatif. Nous n’étions pas en faveur de cette proposition, car les musulmans refusent l’idée de la laïcité alors que nous l’acceptons. Toutefois, nous ne pouvons faire cavalier seul sur cette question », a précisé le cardinal. À la question de savoir si, selon lui, l’Église orientale pourrait jouer à l’avenir un rôle dans les domaines social et économique, il a répondu par la positive, rappelant qu’elle le fait déjà par le biais de ses institutions sociales. « L’Église joue également un rôle au plan politique », a ajouté Mgr Sfeir, rappelant que l’institution religieuse chrétienne tente de répandre ses principes et de les préserver. « Dans les pratiques de l’Église, la politique n’est pas une affaire de mensonges ou de manœuvres. Elle a pour rôle de défendre les valeurs humanitaires et de veiller sur la justice et l’égalité », a-t-il conclu.
Amman, de Habib CHlOUK

« La paix à laquelle nous aspirons ne sera pas réalisée par la consécration des armes destructrices, en lançant des batailles acharnées qui détruisent les villes et les villages, ou en commettant des massacres internes. » C’est par ce constat que le patriarche Sfeir, qui se trouve, depuis dimanche, en Jordanie, a inauguré son sermon au cours de la messe...