Ces décès portent à trois le...
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En quatre mois, cinq « martyrs » du Liban sont tombés dans les combats contre les Américains À partir de Aïn el-Héloué, Isbat al-Ansar fournit des combattants pour l’Irak
le 29 novembre 2005 à 00h00
Il fait déjà nuit dans le camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Héloué quand le silence est fendu par une voix émanant du haut-parleur de la mosquée. « Avec fierté et grâce, nous vous annonçons le martyre de nos frères moudjahidine Mohammed Ahmed al-Kourdi et Nidal Houssein Moustafa sur les champs de bataille du jihad en Irak », lance-t-elle.
Ces décès portent à trois le nombre d’habitants du camp tués en Irak pendant le seul mois de novembre, rapporte Ayat Basma, de Reuters, dans une dépêche datée de Beyrouth. Ils sont cinq à y avoir péri au cours des quatre derniers mois.
En effet, les combattants étrangers jouent un rôle central dans l’insurrection qu’affrontent les forces américaines en Irak depuis 2003. Des activistes fidèles au Jordanien Abou Moussab al-Zarkaoui ont orchestré de nombreux attentats et des décapitations. L’armée américaine affirme que Zarkaoui tente de faire venir de nouveaux combattants étrangers dans le pays parce que nombre de ses lieutenants irakiens ont été arrêtés ou tués.
Or justement, dans les ruelles tortueuses de Aïn el-Héloué, théâtre de fréquents accrochages entre activistes de factions palestiniennes rivales, des hommes sont prêts à se mettre au service du « Jordanien ».
Âgé de 36 ans, Abou Doujana – c’est un faux nom – compte les jours qui le séparent de son retour en Irak, où il veut rejoindre les « martyrs au nom de l’islam ». Il ne cache pas son admiration pour le chef d’el-Qaëda, Oussama Ben Laden. « Chaque religion a son symbole (...) et nous, en tant que sunnites et moudjahidine, nous avons le cheikh Oussama (Ben Laden) », déclare Abou Doujana, membre du groupe Isbat al-Ansar, à Reuters.
Ce mouvement, créé par un Palestinien mais comptant à présent de nombreux Libanais parmi ses membres, se fonde sur la même interprétation rigoriste du Coran que Ben Laden.
Défendre la religion de Dieu
Le groupe affirme que plusieurs dizaines de ses membres ont rejoint l’insurrection en Irak. « Isbat al-Ansar fournit un soutien militaire et logistique à el-Qaëda sur tous les champs de bataille du jihad, y compris en Irak », explique le porte-parole du groupe, qui se fait appeler Abou Charif.
Abou Doujana, un Libanais, a rejoint Isbat al-Ansar à l’âge de 18 ans et vit à présent dans le camp, dont les murs sont recouverts d’affiches à l’effigie de Yasser Arafat et de membres de différents groupes armés palestiniens. Il est allé en Irak il y a cinq mois et il n’attend qu’une chose : qu’on l’y rappelle. « Tout ce que je demande, c’est que Dieu me permette de retourner en Irak pour combattre nos ennemis croisés et ceux qui ne règnent pas suivant la parole de Dieu », lance cet homme, père de trois enfants, qui, sous sa veste militaire, porte un revolver.
« Nous sommes allés participer au jihad en Irak pour défendre la religion de Dieu, et si la mort est au rendez-vous, ce n’est pas un problème », explique Abou Doujana.
Si l’on en croit Isbat al-Ansar, des combattants de Aïn el-Héloué ont été tués ce mois-ci dans des frappes aériennes menées au cours de l’opération américaine Steel Curtain, visant à neutraliser les insurgés dans l’ouest de l’Irak.
Mais dans le camp, le décès des martyrs suscite peu de larmes. Les proches de Nidal Hussein Moustafa, un Palestinien qui a vendu son stand de falafels pour se payer le voyage en Irak, accueillent les visiteurs avec des dattes. L’occasion est festive, d’ailleurs sa mère ne porte pas la tenue noire de rigueur pour un deuil.
« Je ne pouvais pas lui dire de rester, j’aurais irrité Dieu. Donc je lui ai dit de partir », explique Oum Mohammed, dont les deux autres fils sont, eux aussi, membres d’Isbat al-Ansar.
L’un d’eux est parti en Irak le mois dernier. « Je ne sais pas si je suis heureuse ou triste. Les deux je pense. Je suis triste parce que je l’ai perdu et que je ne le reverrai plus jamais, et heureuse parce qu’il est au paradis », conclut-elle.
Il fait déjà nuit dans le camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Héloué quand le silence est fendu par une voix émanant du haut-parleur de la mosquée. « Avec fierté et grâce, nous vous annonçons le martyre de nos frères moudjahidine Mohammed Ahmed al-Kourdi et Nidal Houssein Moustafa sur les champs de bataille du jihad en Irak », lance-t-elle.
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