Actualités - OPINION
Chebaa constitue un sérieux écueil Siniora fait de son mieux pour assainir les relations avec la Syrie
Par ABI AKL Philippe, le 29 novembre 2005 à 00h00
Le président du Conseil, Fouad Siniora, doit remettre sous peu au secrétaire général du Conseil supérieur libano-syrien, Nasri Khoury, une réponse circonstanciée au message que lui a adressé dernièrement son homologue syrien, Mohammed Naji Otri. Divers points y sont traités dont le tracé des frontières. Siniora s’applique surtout à mettre en relief la volonté libanaise de relations aussi solides que cordiales entre les deux pays. Sur base, bien évidemment, de respect mutuel. Il répète que le Liban ne renie pas l’aide syrienne. Relevant cependant que le tracé des frontières est une nécessité commune, pour gommer tout sujet de différend territorial pouvant altérer les rapports bilatéraux. Siniora reste en contact avec les parties locales, dont le Hezbollah. Et il pourrait voir bientôt le général Michel Aoun à Rabieh.
Rappelons que le pouvoir syrien a récemment changé d’attitude. Il y a eu d’abord les insultes de Bachar el-Assad. Puis, Otri avait, à trois reprises, refusé de prendre Siniora au téléphone. Brusquement, il lui a adressé une lettre aimable, suivie d’une conversation téléphonique d’une heure et quart. Dans laquelle il proposait lui-même un tracé des frontières. Mais en excluant Chebaa, qui ne serait incluse qu’après un retrait israélien du Golan. Ce que le gouvernement libanais refuse d’envisager, tout devant au contraire commencer par ce point, selon lui. Il y a donc un risque que les relations dérapent de nouveau sur ce dossier, évidemment crucial puisqu’il est d’ordre régional voire international.
Parallèlement, Farouk el-Chareh s’est rendu à Barcelone auprès de Siniora. Il lui a transmis les salutations d’Assad, ajoutant que la Syrie est prête à tourner la page. Chareh, pour confirmer l’ouverture, a indiqué à Siniora que dans son speech au sommet euromed, il allait certifier la libanité de Chebaa.
Quoi qu’il en soit, l’ouverture syrienne en direction du gouvernement libanais accompagne son acceptation du site de Vienne, proposé par Mehlis. Damas renonce au quartier général de l’Unidof, sur les hauteurs du Golan. Elle n’a pas pu décrocher un protocole judiciaire avec la commission internationale, à l’exemple du Liban.
Assurances
Mais elle parle de garanties fournies par un des Cinq Grands, et affirme que ses cinq cadres convoqués à Vienne lui reviendront, libres, après l’interrogatoire. Là aussi, il y a eu un brusque revirement syrien. Puisque que quelques heures à peine avant la conférence de presse de son second, Mouallem, annonçant l’accord, Chareh (toujours lui), inversant les rôles, accusait Mehlis de ne pas coopérer ! On pensait alors la rupture consommée, avec une menace imminente de sanctions. Mais les pressions de dernière minute exercées notamment par la Russie et par l’Arabie saoudite ont porté leurs fruits. Et les Syriens se sont inclinés devant le choix de Mehlis.Tout en affirmant, pour sauver la face, qu’il s’agit d’un compromis puisque Monteverde, première idée du juge, est écarté.
Retour à Siniora et aux relations bilatérales, le président du Conseil ne laisse passer aucune occasion, sociale ou politique, pour répéter que la Syrie doit désormais comprendre les nouvelles règles du jeu. À savoir que le Liban est redevenu effectivement indépendant, libre, souverain, maître de ses décisions comme de ses destinées nationales. Et qu’à partir de là, il ne souhaite qu’une chose : entretenir avec la Syrie des relations vraiment fraternelles, d’égal à égal. En précisant, pour la rassurer, que ce pays ne servira jamais de tremplin pour des actions ou des politiques étrangères la ciblant. Et que le Liban ne sera assujetti à aucune puissance extérieure et ne subira aucune influence nuisible aussi bien à la Syrie qu’à sa propre indépendance comme à sa stabilité intérieure.
Sans complexe
Cela étant, et la précision est utile, le Liban traite sans complexe, dans un esprit positif, avec tous les pays qui lui proposent leur amitié et leur aide. À condition qu’on ne lui pose pas de conditions, justement, surtout pas d’ordre politique. Car il peut admettre des conditions financières ou économiques, qui sont du reste normales, comme la nécessité d’effectuer des réformes, mais il ne peut se soumettre à des directives politiques. En d’autres termes, la doctrine simple de Siniora est que l’intérêt national bien compris passe avant tout. Et que toutes les parties libanaises, ainsi que les pays étrangers, devraient comprendre que ce pays ne doit plus servir de lice, de bouc émissaire, ni de serviteur des intérêts d’autrui.
Partant de là, de ces principes, Siniora répète, selon ses proches, que le tracé des frontières doit commencer par Chebaa et non pas finir par là, comme le veut la Syrie. Il souligne que le Liban n’est pas disposé à attendre une paix globale, et la libération du Golan, pour récupérer son territoire. En tout cas, le Liban compte mettre à contribution l’ONU pour le tracé des frontières. Parce qu’Israël lui a grignoté des parties à Kfarchouba, dans le Arkoub comme dans la zone des hameaux de Chebaa.
Par ailleurs, les ministres Marwan Hamadé et Ghazi Aridi proposent la création d’un tribunal international pour juger l’affaire de l’assassinat du président Hariri. Le Conseil des ministres doit étudier cette idée, en principe, cette semaine. Les deux ministres soulignent qu’on voit mal comment on pourrait juger éventuellement des Syriens au Liban, quand la Syrie a obstinément refusé que des interrogatoires de témoins syriens se déroulent à Monteverde.
Philippe ABI-AKL
Le président du Conseil, Fouad Siniora, doit remettre sous peu au secrétaire général du Conseil supérieur libano-syrien, Nasri Khoury, une réponse circonstanciée au message que lui a adressé dernièrement son homologue syrien, Mohammed Naji Otri. Divers points y sont traités dont le tracé des frontières. Siniora s’applique surtout à mettre en relief la volonté libanaise de...
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