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Actualités - CHRONOLOGIE

Affaire Hariri - La commission Mehlis récuse les déclarations de Houssam Coup de théâtre à Damas : le « témoin masqué » de Mehlis accuse le groupe Hariri de l’avoir incité à mentir

Houssam Taher Houssam, un témoin syrien entendu par la commission d’enquête de l’ONU sur l’assassinat de Rafic Hariri, a prétendu hier que plusieurs responsables libanais, dont le chef du Bloc du futur, Saad Hariri, l’avaient forcé à mentir lors de son audition sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre. Il a notamment déclaré avoir fait un faux témoignage en accusant sous la menace Maher el-Assad, frère du président syrien Bachar el-Assad et chef de la garde présidentielle, et Assef Chawkat, chef des services de renseignements militaires et beau-frère du président, d’avoir commandité ce crime. La commission de l’ONU, dans un communiqué, à immédiatement réfuté les allégations de Houssam. Ce dernier, un Syrien kurde qui dit avoir travaillé avec les services de renseignements syriens et libanais durant les années de la tutelle militaire de Damas sur le Liban, est ainsi revenu sur son témoignage devant cette commission au cours d’une conférence de presse à Damas après une longue interview diffusée dimanche soir par la télévision publique syrienne. Il a affirmé être « le témoin masqué » qui avait été confronté au général Jamil Sayyed, selon le rapport du magistrat allemand Detlev Mehlis, chef de la commission d’enquête internationale sur l’assassinat de Hariri. Maher el-Assad et Assef Chawkat « étaient les plus visés (...). On m’a demandé de les attaquer. Tout ce que j’ai dit, c’est qu’ils étaient les commanditaires de l’attentat », a-t-il indiqué. Il a ajouté que son témoignage était « entièrement faux » et que ses aveux lui avaient été extorqués « sous la menace et contre des sommes d’argent astronomiques », précisant avoir été torturé au Liban pour qu’il fournisse ces informations. Houssam a prétendu que, conduit chez le ministre de l’Intérieur, Hassan Sabeh, on lui avait offert « 1,3 million de dollars » pour dénoncer les deux responsables syriens et certifier au juge Mehlis avoir vu le camion utilisé pour le meurtre de Rafic Hariri dans une base militaire syrienne. « Tout ce qui s’est passé est (...) un complot (...). La Syrie est innocente du meurtre. Les accusations ont été fabriquées », a-t-il dit. « On m’a proposé de l’argent, une maison et une voiture. On m’a proposé de m’envoyer en France pour y subir une opération chirurgicale afin de modifier mon physique », a-t-il ajouté, avant d’accuser nommément Farès Khachane, journaliste au quotidien al-Mostaqbal et à la Future TV, de l’avoir forcé à dire certaines choses aux enquêteurs. Selon sa version des faits, M. Khachane aurait eu un rôle central dans toute cette affaire, puisqu’il lui fournissait régulièrement les données qu’il devait avancer à la commission. Le journaliste aurait en outre, selon lui, été en contact avec des Américains et des Israéliens. Houssam a également affirmé avoir rencontré Saad Hariri, et que celui-ci lui aurait demandé de rester « aux ordres » de M. Khachane. Il précise que le fils Hariri, qu’il a qualifié de « très sensible », lui aurait également dit qu’il était convaincu de l’implication de Damas dans le meurtre de son père, mais qu’il avait besoin de son témoignage pour le prouver. « On » lui aurait par la suite demandé de se rendre à Vienne pour faire face aux cinq responsables syriens qui doivent y être interrogés par Mehlis dans les bureaux de l’ONU. D’après lui, le chef du PSP, Walid Joumblatt, et le ministre des Télécommunications, Marwan Hamadé, auraient également demandé à d’autres témoins de fournir de faux témoignages. Houssam a ainsi affirmé avoir « rencontré » un grand nombre de personnalités politiques et médiatiques libanaises dans les couloirs du siège de la commission d’enquête à Monteverde. Parmi ces personnes, il a cité MM. Joumblatt et Hamadé, ainsi que le député de Beyrouth, Gebran Tuéni, et la journaliste de la LBC, May Chidiac. Houssam a déclaré que, d’après lui, Mehlis n’avait pas connaissance de ce complot. « J’ai senti qu’il n’avait aucun lien (avec cela) et qu’il n’en avait pas connaissance », a-t-il dit. L’identité de Houssam aurait dû en principe rester secrète après sa collaboration avec la commission Mehlis, mais elle a été divulguée ces dernières semaines par un certain nombre de médias, ce qui a poussé la justice libanaise à réagir. Le témoin devait ainsi être entendu aujourd’hui par le juge d’instruction près la Cour de justice dans l’affaire Hariri, Élias Eid. Mais il a fui il y a deux jours vers la Syrie en laissant sa voiture de location au poste-frontière de Masnaa. Selon le rapport d’étape présenté le 20 octobre à l’ONU par M. Mehlis, un « témoin » syrien, dont l’identité avait alors été gardée secrète, a indiqué que la décision d’assassiner Hariri avait été prise lors d’une rencontre ayant réuni notamment Maher el-Assad et Assef Chawkat avec des responsables libanais. Houssam dit être ce témoin, mais son nom n’apparaît pas dans le rapport Mehlis. La commission Mehlis récuse, Damas exulte La commission d’enquête de l’ONU sur l’assassinat de Rafic Hariri a immédiatement récusé les déclarations de Houssam, en faisant référence aux déclarations de ce dernier lorsqu’il avait comparu devant elle. Dans un communiqué publié hier, la commission indique que le témoin syrien a signé le 1er septembre 2005 une déclaration affirmant qu’il se présentait « volontairement » devant elle, avant de signer le texte suivant : « Je n’ai pas été menacé ou forcé de venir (devant la commission), et je n’ai reçu aucune promesse ou incitation quelconque. Je reconnais que toute fausse déclaration dans mon témoignage constituerait un crime contre les lois de la République du Liban. » Il s’était également engagé à répondre à toutes les questions des enquêteurs, et à préciser à la commission s’il invoquait des informations qu’il avait obtenues à travers d’autres personnes, ou bien des événements auxquels il avait personnellement assisté, a ajouté la commission. Le communiqué précise également que ce témoin avait contacté la commission de l’ONU fin juin, en se présentant comme un « ex-officier du renseignement syrien au Liban ». La commission a cependant tenu à indiquer que le témoin a déclaré devant elle à plusieurs reprises craindre des représailles, contre sa famille et lui-même, de la part des services de sécurité syriens. Elle a en outre rappelé en conclusion qu’elle « n’offre pas, et n’a jamais offert, des compensations en échange des informations qu’elle reçoit ». De son côté, la commission d’enquête syrienne sur l’assassinat de Rafic Hariri a jugé hier que le rapport de la commission d’enquête de l’ONU sur ce meurtre s’était « effondré » sur le plan juridique après les déclarations de Houssam. « Au niveau juridique, le rapport Mehlis s’est effondré. Il était basé sur deux principaux témoins : Mohammed Zouheir as-Sadiq, qui est maintenant incarcéré en France, et Houssam », a dit Ibrahim Darraji, porte-parole de la commission d’enquête syrienne, lors d’une conférence de presse commune avec Houssam. « La balle est dans le camp de la commission Mehlis, qui s’est basée sur les déclarations d’une personne qui présente maintenant l’histoire exacte », a-t-il ajouté, demandant « à tout le monde de relire le rapport Mehlis en supprimant toutes les histoires » avancées par ces deux témoins.
Houssam Taher Houssam, un témoin syrien entendu par la commission d’enquête de l’ONU sur l’assassinat de Rafic Hariri, a prétendu hier que plusieurs responsables libanais, dont le chef du Bloc du futur, Saad Hariri, l’avaient forcé à mentir lors de son audition sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre.
Il a notamment déclaré avoir fait un faux témoignage en accusant sous...