Mais le responsable au sein du CPL reste très...
Actualités - CHRONOLOGIE
Bilan - Le responsable au sein du CPL affirme que Aoun a eu des rencontres avec les « décideurs » américains « Nous ne voulons pas que l’on dise : les Libanais ont eu une chance et n’ont pas su la saisir », affirme Bassil
le 28 novembre 2005 à 00h00
À peine rentré de Washington après une visite d’une dizaine de jours aux côtés du général Michel Aoun, Gebrane Bassil est très sollicité. Tout le monde voudrait savoir si cette visite a effectivement permis au général de sonder les intentions américaines sur la prochaine étape au Liban et notamment sur la question présidentielle.
Mais le responsable au sein du CPL reste très discret, refusant de reconnaître à des parties étrangères, fussent-elles américaines, le pouvoir de décision dans les affaires internes libanaises.
Gebrane Bassil affirme donc que la visite était très réussie si on la replace dans son contexte véritable : remercier les Américains pour l’appui qu’ils apportent au Liban et exposer le point de vue d’un courant représentatif au sein de la population libanaise sur certaines échéances futures, notamment les résolutions internationales sur le Liban.
Bassil précise que le général Aoun considère avoir une dette envers les États-Unis, notamment parmi les membres du Sénat et ceux du Congrès, qui l’ont reçu et entendu alors qu’il n’avait aucune fonction officielle et ne pouvait pas encore mesurer l’étendue de sa popularité. Ils ont été convaincus par son discours au point de faire voter une loi en faveur de la souveraineté du Liban, dans la foulée du Syria Accountability Act. « Le général, ajoute Bassil, estime que la moindre des politesses est de remercier ceux qui ont aidé son pays. Il a eu aussi des rencontres avec des responsables dans tous les secteurs de l’Administration US : le National Security Council, le bureau de la vice-présidence des États-Unis, le département d’État et le Pentagone ».
À ceux qui lui font remarquer que Aoun n’a quand même pas rencontré des figures en vue, comme le président Bush ou la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice, Bassil répond avec une pointe de sarcasme : « Certains journalistes pensent que pour qu’une visite aux États-Unis soit réussie, elle doit forcément prévoir une photo avec le président ou la secrétaire d’État. Nous autres, nous avons vu les hommes qui fabriquent les décisions américaines et ceux qui s’occupent des dossiers Liban et Moyen-Orient, dans les différents secteurs de l’Administration. Nous nous sommes ainsi entretenus avec le n° 2 du National Security Council, J.D. Crouch, en présence d’Elliot Abraham, avec le chef du bureau du vice-président, John Hannah, avec le n° 2 du Pentagone, Eric Edelman, ainsi qu’avec David Welch et Nicolas Burns au département d’État, où une réunion élargie a été tenue. »
La 1559, la Syrie
et le Hezbollah au cœur
des entretiens
Gebrane Bassil confie qu’avec ses différents interlocuteurs américains, le CPL a développé les thèmes suivants : « Ce qu’ont fait les Nations unies et les États-Unis pour le Liban est très bien, mais reste insuffisant. Certes, le Liban a obtenu son indépendance, mais les élections législatives qui s’y sont déroulées sont loin de répondre aux critères démocratiques véritables. Les élections doivent donc être justes et équitables. De même, ne pas lutter contre la corruption, c’est étouffer le processus démocratique, puisque la corruption, avec son cortège d’argent sale et d’institutions étatiques faibles, peut servir de terrain fertile au terrorisme… »
Le responsable au sein du CPL ajoute que les Américains ont surtout évoqué la résolution 1559, le Hezbollah et la Syrie. « Sur ces thèmes, notre position est la suivante : nous sommes pour les résolutions internationales, mais nous sommes attachés à la stabilité du Liban. Or, nous pensons que toute déstabilisation en Syrie pourrait avoir des répercussions dans notre pays. C’est sous cet angle que nous nous intéressons à la situation en Syrie. Quant au changement de régime dans ce pays, nous pensons qu’il doit être décidé par les Syriens eux-mêmes. De toute façon, nous ne sommes pas partie dans ce dossier pour que ce thème soit évoqué avec nous. »
Bassil affirme que le général a exposé son programme et sa vision pour le Liban et a perçu un réel intérêt chez ses interlocuteurs américains. « Nous avons senti qu’il y avait une chance réelle d’aide dans tous les domaines. Cette aide est tributaire de certaines conditions. Et nous sommes d’accord, car, sinon, on se retrouvera dans les situations précédentes où le Liban bénéficiait d’aides financières par exemple sans que jamais personne ne sache où allaient les sommes ainsi accordées. »
Selon Bassil, les Américains ont beaucoup parlé du Hezbollah, et la réponse du général a été très claire : « Nous devons d’abord prendre en considération les intérêts du Liban. Le Hezbollah a une existence politique et populaire incontestable que même les Américains reconnaissent à travers les dernières élections législatives. Il faut donc mener un dialogue sérieux, en donnant à ce parti tout son poids politique et en tenant compte de ses appréhensions. Il ne faut pas non plus occulter ses craintes de voir le Liban subir des agressions israéliennes, et évoquer avec clarté le dossier des fermes de Chebaa ainsi que celui des détenus libanais en Israël. Bref, il s’agit de voir quels sont les meilleurs moyens de défendre ensemble le pays. »
Bassil précise que le général Aoun ne s’est pas rendu à Washington pour se plaindre du gouvernement, même si, en tant que chef d’un parti d’opposition, il œuvre à en rectifier le tir. « Notre objectif est d’aboutir à la formation d’un gouvernement fort et uni. Mais ce thème-là n’a pas été évoqué avec nos interlocuteurs américains. Nous avons simplement souhaité que la communauté internationale aide le Liban mais sous condition, pour qu’on ne dise pas après : les Libanais ont eu une chance en or et ils n’ont pas su la saisir. »
Selon lui, les points de vue étaient identiques sur de nombreux dossiers et cette visite a permis au général de rectifier une image que beaucoup ont cherché à ternir. « Mais le général n’a jamais évoqué sa candidature à la présidence de la République. Il s’est rendu aux États-Unis en tant que chef d’un courant représentatif au sein de la société libanaise. Quant à l’actuel président, nous étions contre l’amendement constitutionnel. Mais aujourd’hui, cette question doit faire l’objet d’une entente interlibanaise. Car autrement, il nous faudra soit s’en tenir aux règles constitutionnelles, soit effectuer un coup d’État militaire. »
Bassil confirme que la semaine qui commence verra des rencontres entre le général Aoun et le Premier ministre ainsi qu’avec le leader druze Walid Joumblatt. « Nous espérons que ces rencontres seront fructueuses et que la majorité, qui est, en définitive, plus fictive que réelle, a compris qu’elle ne peut rien entreprendre toute seule ».
À la question de savoir si la visite du général aux États-Unis lui donnera un push comme candidat à la présidence, Bassil répond que l’agenda de cette visite n’a rien à voir avec les considérations présidentielles. « De plus, le rôle des États-Unis est sujet à controverse au Liban. Il n’est donc pas dit qu’une telle visite est vraiment utile dans ce sens. D’ailleurs, le général ne lie pas ses relations internes à des considérations internationales. Cette visite a été l’occasion de rappeler que le peuple que représente Aoun partage des valeurs avec les Américains. Pour le reste, laissons ceux qui le souhaitent vivre en plein délire. Tantôt c’est le général qui revient au Liban sur un cheval syrien, et tantôt le voilà de retour sur un blindé américain… Il faut savoir ce que l’on veut », conclut Bassil.
Scarlett HADDAD
À peine rentré de Washington après une visite d’une dizaine de jours aux côtés du général Michel Aoun, Gebrane Bassil est très sollicité. Tout le monde voudrait savoir si cette visite a effectivement permis au général de sonder les intentions américaines sur la prochaine étape au Liban et notamment sur la question présidentielle.
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