Actualités - CHRONOLOGIE
Flou total sur l’identité des Syriens qui doivent être interrogés à Vienne et la date de leur interrogatoire L’enquête aborde une de ses phases les plus cruciales, dans le manque de transparence le plus total
le 28 novembre 2005 à 00h00
C’est l’opacité la plus totale. Cinq personnalités syriennes seront interrogées au bureau de l’ONU, à Vienne, par Detlev Mehlis, le chef de la commission d’enquête sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. C’est ce qu’avait annoncé jeudi le vice-ministre syrien de la Défense, Walid Mouallem, et c’est pratiquement tout ce que l’on sait d’officiel au sujet de la prochaine étape de cette enquête.
Aucun nouvel élément sur l’identité des personnes qui se rendront à Vienne ou la date de leur déplacement n’a pu être officiellement obtenu ou confirmé, alors que de toute évidence l’enquête aborde l’une de ses phases les plus cruciales. Sur la date des interrogatoires, le porte-parole de M. Mehlis à Beyrouth est resté muet hier. Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU à New York, Stephan du Jarric, interrogé pour L’Orient-Le Jour, l’a été tout autant. « Tout est spéculation », a affirmé du Jarric, « ces détails font partie de l’enquête et nous ne faisons pas de déclaration à ce sujet ». Sur l’agenda de Detlev Mehlis, qui se trouvait hier au Liban, le flou est également le plus total. M. Mehlis a profité du beau temps pour visiter, sous bonne garde, hier, les ruines romaines de Baalbeck. Il est intervenu pour obtenir que les photographes de presse soient autorisés à l’approcher. Mais sur son emploi du temps d’aujourd’hui, on ne sait rien.
La presse dominicale a affirmé hier que les cinq témoins syriens quitteront Damas aujourd’hui et seront interrogés demain. Mais bien entendu, aucune confirmation de cette nouvelle n’a pu être obtenue.
Des sources concordantes affirment que « le premier groupe de personnalités syriennes sera interrogé cette semaine » et que « d’autres groupes suivront », mais ne peuvent donner d’autres précisions.
Sur l’identité des personnes interrogées, c’est également le manque de transparence le plus total. Des informations contradictoires circulent sur la présence ou non du beau-frère du président syrien Bachar el-Assad, Assef Chawkat, sur la liste des personnes à interroger. Le porte-parole de M. Mehlis à Beyrouth observait hier le plus grand mutisme au sujet de cette affaire.
On rappelle qu’immédiatement après l’adoption de la résolution 1636, la commission internationale avait souhaité pouvoir interroger, au Liban, six officiers syriens : Assef Chawkat, beau-frère de M. Assad, Bahjat Sleiman, ancien chef des services de renseignements intérieurs, l’ancien chef des services de renseignements militaires au Liban, Rustom Ghazalé, et son adjoint à Beyrouth, Jameh Jameh, le chef de la section Palestine, Abdel Karim Abbas, et le spécialiste des télécommunications et d’Internet Zafer al-Youssef. Le correspondant de la LBC à Damas a affirmé hier qu’il « croit avoir compris » que les cinq personnes qui seront interrogées sont différentes des personnalités syriennes ayant déposé devant la commission d’enquête, à Damas, en juillet dernier, et dont l’identité n’a jamais été officiellement annoncée, mais parmi lesquelles on sait que figurait le brigadier Ghazi Kanaan, ministre de l’Intérieur, qui s’est suicidé depuis.
D’autres sources ont affirmé que parmi les témoins, il n’y a pas de « hauts responsables ».
On rappelle que, selon M. Mouallem, les cinq responsables se rendront à Vienne accompagnés d’avocats et du conseiller juridique du ministère syrien des Affaires étrangères Riad Daoudi.
Damas, a-t-il précisé, a obtenu « des assurances » de l’ONU et d’un membre « important » du Conseil de sécurité, en l’occurrence la Russie, sur le respect « du droit de ses ressortissants ». « Les cinq responsables retourneront en Syrie. C’est une des garanties juridiques qui nous ont été données. M. Mehlis n’a pas la compétence d’arrêter » des ressortissants syriens, a encore dit M. Mouallem.
Médiation saoudienne
Le compromis entre Damas et la commission d’enquête de l’ONU sur le lieu d’interrogatoire des suspects syriens potentiels a été obtenu grâce à une médiation saoudienne, a affirmé le roi Abdallah d’Arabie saoudite, cité hier par la presse. « J’ai longtemps conseillé au président Bachar el-Assad de coopérer avec l’ONU, mais sa réponse était négative », a déclaré le roi, cité par des quotidiens arabes paraissant à Londres.
« J’ai finalement décidé d’intervenir après avoir reçu trois messages du président Assad. J’ai alors envoyé le secrétaire général de la Sécurité nationale, le prince Bandar ben Sultan, en Syrie, pour s’entendre avec M. Assad sur une issue, et nous sommes tombés d’accord pour que l’interrogatoire ait lieu à Vienne ou en Suisse », a-t-il ajouté, selon les quotidiens en question.
Par hasard
Selon les journaux arabes, le roi Abdallah a ajouté qu’après sa mission à Damas, le prince Bandar avait été envoyé à Paris, où il « a rencontré par hasard à l’aéroport » le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, lequel « a reconnu que la décision prise par M. Mehlis d’interroger des suspects syriens au Liban n’était pas bonne, et s’est dit d’accord pour que cela se fasse à Vienne ou en Suisse ».
« L’envoyé spécial saoudien a ensuite rencontré le président français Jacques Chirac qui a donné son accord (...) et finalement on s’est entendus avec le président syrien sur le choix de Vienne », a ajouté le souverain saoudien. Selon lui, l’accord a ensuite été présenté à Ryad aux ambassadeurs des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, qui l’ont accepté.
Humiliation indésirable
« Interroger les responsables syriens au Liban aurait été une humiliation pour la Syrie et pour tous les pays arabes. Cela aurait également été le cas si l’interrogatoire avait eu lieu au Golan », ce qu’avait proposé Damas, a estimé le roi Abdallah.
Cet avis était également, implicitement, celui du Premier ministre, Fouad Siniora. Samedi, ce dernier a qualifié de positif l’accord entre Damas et l’Onu sur le choix de Vienne.
M. Siniora a eu vendredi soir un entretien téléphonique avec le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan qui l’a informé de l’accord, qu’il a qualifié de « positif ».
« L’essentiel est la coopération de la Syrie à l’enquête et non le lieu de l’interrogatoire, si l’on veut dévoiler la vérité sur l’assassinat de Rafic Hariri », a dit à M. Annan le Premier ministre.
Dans son entretien avec M. Annan, M. Siniora s’est en outre félicité du « professionnalisme, de l’impartialité et de la sagesse dont fait preuve le juge allemand Detlev Mehlis ».
Confrontation évitée
de justesse
Le compromis entre Damas et la commission d’enquête de l’ONU sur le lieu d’audition des responsables syriens a, en tout état de cause, évité à la Syrie une confrontation imminente avec les Nations unies.
La volonté de Damas de composer lui a permis d’éviter des « sanctions imminentes » qui allaient être imposées par l’ONU, a estimé un diplomate étranger à Damas, ayant requis l’anonymat.
Cependant, ce début de coopération doit se poursuivre, a-t-il ajouté, en rappelant que la Syrie était sous le coup d’une résolution de l’ONU « très contraignante » et que M. Mehlis restait seul juge en la matière.
On rappelle que, fin octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la résolution 1636 demandant à la Syrie une coopération inconditionnelle dans l’enquête sur le meurtre de Rafic Hariri.
Cette résolution prévoit notamment que « la commission d’enquête aura l’autorité de décider le lieu et les modalités d’interrogatoire de responsables ou de citoyens syriens qu’elle jugera utile d’interroger ».
Le 15 décembre, M. Mehlis doit présenter un nouveau rapport au Conseil de sécurité. Mais des sources diplomatiques à Damas ont estimé « très probable » que le mandat du magistrat allemand soit renouvelé.
C’est l’opacité la plus totale. Cinq personnalités syriennes seront interrogées au bureau de l’ONU, à Vienne, par Detlev Mehlis, le chef de la commission d’enquête sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. C’est ce qu’avait annoncé jeudi le vice-ministre syrien de la Défense, Walid Mouallem, et c’est pratiquement tout ce que l’on sait d’officiel au...
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