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Ouverture hier du sommet Euromed à Barcelone La représentation diplomatique au menu des discussions entre Abbas et Siniora Chareh privé de son intervention lors d’une réunion

BARCELONE, de notre envoyé spécial Michel HAJJI GEORGIOU Il fallait bien un événement spécial pour fêter les dix ans du processus de Barcelone (1995) et la mise en place du partenariat entre les pays du pourtour de la Méditerranée. L’anniversaire de la plateforme de dialogue et du partenariat – fondée sur les trois volets politique, socio-économique et financier et échanges au niveau de la société civile – entre les pays membres de l’Union européenne et les pays de la rive sud de la Méditerranée a été l’occasion hier de l’ouverture dans la capitale catalane du premier sommet euro-méditerranéen des chefs d’État et de gouvernement dépassant le simple cadre des habituelles conférences ministérielles de l’Union européenne. Réunis jusqu’à aujourd’hui lundi sous haute sécurité (mais jusqu’à présent, seuls quelques manifestants très pacifiques « pour une Catalogne libre et ne faisant pas partie de l’Espagne » ont « allégé » un peu ce climat ultrapolicier rigide) à quelques kilomètres du cœur de Barcelone, les responsables européens et méditerranéens ont pour objectif de redynamiser la coopération Euromed en établissant un programme d’action pour les cinq années à venir, divisé en quatre volets, sous les titres suivants : paix, sécurité, stabilité, bonne gouvernance et démocratie ; développement économique durable et réformes ; éducation et échanges socioculturels ; justice, sécurité, migration et intégration sociale. L’objectif étant de mettre en place dans la région une zone de paix et de prospérité, avant de déboucher, d’ici à 2010, sur une zone de libre-échange. L’Orient-Le Jour a obtenu une version de ce projet d’une dizaine de pages, qui fait l’objet depuis hier de discussions entre les hauts responsables euro-méditerranéens. Un document supplémentaire, une sorte de charte de bonne conduite antiterroriste exigée par la présidence britannique de l’UE, n’est pas sans susciter des polémiques, surtout du côté des représentants des pays arabes. La question du terrorisme, qui doit être l’un des principaux thèmes du sommet, fait déjà couler beaucoup d’encre. Ainsi, à l’exception du chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, les chefs d’État arabes (sauf Émile Lahoud, qui n’a apparemment pas été officiellement invité par les Britanniques) ont préféré bouder le sommet, laissant la présidence de leur délégation à leurs Premiers ministres. La traditionnelle distinction byzantine entre « terrorisme » et « résistance » dans le cadre du conflit israélo-arabe aurait été l’une des raisons justifiant l’absence de ces chefs d’État. Il reste que le Premier ministre britannique Tony Blair et le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ont fermement condamné le terrorisme dans une conférence de presse commune avec le président de la Commission européenne, José Manuel Durão Barroso, et le haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune de l’UE, Javier Solana. « Le terrorisme ne résout rien. Il est inadmissible et ne fait que compliquer les choses » sur le plan du conflit israélo-arabe, a indiqué M. Abbas, faisant écho au Premier ministre britannique, selon qui le terrorisme est d’abord « un obstacle au progrès démocratique » et à l’émergence de deux États voisins indépendants palestinien et israélien. « Je crois qu’on aura quand même une bonne conférence », a d’ailleurs lancé Tony Blair, un peu cynique, en réponse à une question sur l’absence des chefs d’État arabes. Une autre raison du boycott présidentiel arabe serait par ailleurs un désaccord au niveau de la notion de « société civile », la plupart des pays arabes ayant un problème au niveau de la reconnaissance des ONG qui œuvrent sur leur territoire, ce qui prouve bien que, sur le plan de la démocratie, le monde arabo-musulman a encore du chemin à faire. Fort heureusement, le Liban de Fouad Siniora a fait bande à part, en précisant qu’il n’avait aucun problème à ce niveau, puisque les autorités libanaises reconnaissent tous les acteurs de la société civile sans que le problème légal ne se pose. Ce que prouvent ces deux facteurs, qui ne sont d’ailleurs pas la seule pomme de discorde entre le monde arabe et le reste de la Méditerranée, c’est que la diffusion de la culture civique et démocratique dans le respect des spécificités de chaque pays est un processus de longue haleine. Ce qui explique pourquoi le partenariat reste une dynamique à plusieurs vitesses (l’exemple syrien, « partenaire » qui évolue le plus lentement, est assez révélateur à ce niveau). Rencontre Siniora-Abbas C’est avec Mahmoud Abbas que le chef de la délégation libanaise, Fouad Siniora, a tenu sa première rencontre à Barcelone, après avoir déjeuné avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Le Premier ministre a évoqué avec le chef de l’Autorité palestinienne la question de la représentation diplomatique. M. Siniora a demandé au responsable palestinien comment il concevait cette représentation au Liban, l’interrogeant sur le système de fonctionnement de la représentation diplomatique palestinienne avec les autres pays. Il a été question, dans ce cadre, du bureau de l’OLP à Beyrouth, qui existe techniquement, mais qui est paralysé et pourrait fort bien être redynamisé. Les deux hommes ont ensuite discuté des autres points majeurs relatifs au dossier palestino-libanais : les conditions de vie socio-économiques des réfugiés et l’arsenal palestinien. Sur le premier point, le Premier ministre a noté que le Liban était disposé à déployer des efforts pour améliorer les conditions de vie dans les camps, mais qu’il ne pouvait pas donner plus que ce qu’il ne peut, et qu’il fallait mettre les pays arabes et les pays donateurs à contribution. Il a cependant insisté sur le fait que le Liban veut empêcher tout ce qui pourrait créer des foyers de tension et d’instabilité dans les camps qui pourraient « mener à l’isolationnisme ». Concernant la question des armes extra-muros, le Premier ministre a rappelé qu’elles n’ont aucun sens. Chareh occulté Dans le cadre d’une rencontre de travail en soirée entre les chefs de délégation, Fouad Siniora a pris la parole au nom du Liban pour réfuter la théorie du choc des civilisations et plaider en faveur du dialogue des cultures. Le Liban est un « pays-message » qui incarne cette formule de dialogue des cultures, a-t-il dit. Répondant à une intervention de Tony Blair, M. Siniora a mis l’accent sur la nécessité de lutter contre le terrorisme, tout en soulignant que ce dernier a aussi des origines, notamment le sentiment d’injustice et la pauvreté. Au cours de cette réunion, le chef de la délégation syrienne, Farouk el-Chareh, avait demandé la parole pour intervenir. Ne se trouvant point à sa place le moment de son intervention venue, son tour a tout bonnement sauté. Le ministre n’a pu se rattraper par la suite, ont constaté des témoins. M. Siniora a en outre participé au dîner des chefs d’État et de gouvernement, donné par le roi Juan Carlos d’Espagne, tandis que le ministre des Affaires étrangères, Faouzi Salloukh, a pris part au dîner donné simultanément par le chef de la diplomatie espagnole, José Luis Maria Zapatero, en l’honneur de ses homologues.
BARCELONE, de notre envoyé spécial Michel HAJJI GEORGIOU

Il fallait bien un événement spécial pour fêter les dix ans du processus de Barcelone (1995) et la mise en place du partenariat entre les pays du pourtour de la Méditerranée. L’anniversaire de la plateforme de dialogue et du partenariat – fondée sur les trois volets politique, socio-économique et financier et échanges au...