Des témoins oculaires dans la région de Chebaa affirment en tout cas avoir entendu, après le déclenchement...
Actualités - ANALYSE
Éclairage - La formation aurait entraîné plus de 50 000 personnes au maniement des armes Le Hezbollah annonce la couleur : Poursuite de la lutte armée contre vents et marées
le 26 novembre 2005 à 00h00
Qu’il ait ou non provoqué l’affrontement de lundi dernier, le Hezbollah a en tout cas réagi avec vigueur, caméra à l’appui, montrant bien qu’il était préparé à l’éventualité d’une escalade le long de la ligne bleue. Cela s’il ne l’a pas lui-même sollicitée.
Des témoins oculaires dans la région de Chebaa affirment en tout cas avoir entendu, après le déclenchement de l’incident, des tirs fournis en provenance des régions contrôlées par le Hezbollah, pendant plusieurs heures, précisant que les Israéliens ont mis un peu de temps avant d’y répondre, comme si cette fois, au moins, ils semblaient désireux d’éviter d’attiser la tension.
Pour ceux qui suivent les développements au Sud, le constat est clair : même si les Israéliens ont commencé – et de toute façon, l’ampleur des affrontements qui ont eu lieu lundi soir a rendu cette question secondaire –, le Hezbollah a voulu envoyer un message clair sur sa détermination à poursuivre ses activités militaires contre les Israéliens. À l’heure où les pressions sur le Liban se multiplient et où les débats sur son éventuel désarmement, conformément à la résolution 1559 du Conseil de sécurité, se multiplient, à l’heure surtout où l’armée s’apprêtait à défiler en grande pompe pour la fête de l’Indépendance, le Hezbollah a voulu donner une réponse sans équivoque : le combat continue et il reste primordial. Les questions internes et même l’enquête internationale sur l’assassinat de Rafic Hariri ne doivent pas, selon le parti de Dieu, détourner l’attention de ce qui reste essentiel aux yeux du Hezbollah : la lutte armée pour la libération de la terre, fût-elle limitée à la région des fermes de Chebaa.
En fait, des sources proches du Hezbollah précisent que depuis quelques mois, la formation a tenu à rester calme, évitant de prendre la moindre initiative militaire dans la région des fermes de Chebaa, essayant de se faire un peu oublier et de ne pas fournir de prétexte à une plus grande campagne locale et internationale contre elle.
En se tenant coi, le Hezbollah a donc voulu tester la scène interne et sa capacité à résister aux pressions internationales visant à réclamer son désarmement. Les sources ajoutent qu’il y a pourtant eu de nombreuses provocations, notamment à travers les violations constantes de l’espace aérien libanais, l’enlèvement d’un pêcheur de la famille Farran au large de Tyr, ainsi que des bombardements dans le secteur de Chebaa pendant la fête du Fitr, sans oublier les tracts distribués aux Libanais et dans lesquels les Israéliens les incitent clairement à se soulever contre le Hezbollah, sous prétexte que ce dernier les mène vers la guerre et l’affrontement avec la communauté internationale.
À ces provocations répétées, ajoutent les sources, le Hezbollah a refusé de répondre immédiatement, se contentant de chercher à consolider ses appuis internes, mais, surtout, se livrant discrètement à une vaste opération d’entraînement militaire de recrues volontaires. Selon les mêmes sources proches de la formation, plus de 50 000 personnes ont été entraînées au cours des derniers mois au maniement des armes individuelles. Dans quel but ? Nul ne le précise ouvertement. Mais officiellement, le Hezbollah répète constamment que ses armes sont tournées vers Israël. Quant à l’entraînement de la population, il n’aurait pas d’objectif précis et il s’agirait d’une simple mesure de précaution. L’argumentation n’est pas vraiment convaincante et, malgré l’apparence de calme et de profil bas, tout indique que la formation se prépare à une grande confrontation. Avec les affrontements de lundi dernier, cette impression s’est confirmée et le Hezbollah a beau déclarer haut et fort qu’il est favorable à un débat interne, il ne semble pas prêt à renoncer à ses armes dans le contexte actuel.
Il se préparait donc discrètement, mais semblait attendre un climat propice pour dévoiler ses intentions véritables. Il y a eu d’abord les propos du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, appelant à la destruction de l’État d’Israël, puis le discours guerrier et explosif du président syrien, Bachar el-Assad. Même si le Hezbollah ne reçoit pas ses instructions de la Syrie et de l’Iran, comme l’affirment ses membres, il surveille en tout cas le climat régional et s’inscrit dans la ligne politique de ces deux pays. La décision de confrontation étant visiblement prise, aussi bien en Syrie qu’en Iran, le Hezbollah a suivi le mouvement et souhaité le montrer aussi bien aux parties internes libanaises qu’à la communauté internationale. « Notre désarmement ne sera pas facile et nous poursuivrons notre lutte contre l’ennemi israélien. » C’est en mots très clairs ce qu’a annoncé sayyed Hassan Nasrallah à travers les affrontements de lundi et dans son discours d’hier, fort de l’appui du gouvernement qui, une fois de plus, s’est rallié à son point de vue et s’est solidarisé avec lui, face aux accusations internationales.
Pour le Hezbollah, le test a donc été concluant, il bénéficie encore de solides appuis internes officiels.
Mais dans un contexte aussi complexe et mouvant, rien n’est vraiment acquis.
Scarlett HADDAD
Qu’il ait ou non provoqué l’affrontement de lundi dernier, le Hezbollah a en tout cas réagi avec vigueur, caméra à l’appui, montrant bien qu’il était préparé à l’éventualité d’une escalade le long de la ligne bleue. Cela s’il ne l’a pas lui-même sollicitée.
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