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Actualités - CHRONOLOGIE

Conseil des ministres - Hamadé et Aridi proposent un tribunal international pour juger les auteurs de l’attentat du 14 février ; les ministres chiites éludent

L’unilatéralisme du Hezbollah critiqué, mais le parti obtient la solidarité gouvernementale face au Conseil de sécurité Ce sont les développements des derniers jours au Liban-Sud et la question de la formation d’un tribunal international qui ont tenu le devant de la scène, hier soir, en Conseil des ministres. La séance, qui s’est déroulée au palais de Baabda sous la présidence du chef de l’État, Émile Lahoud, a surtout permis l’amorce timide d’un dialogue franc et sincère entre les ministres du 14 mars et ceux du 8 mars autour de la flambée de violence dans le secteur des hameaux de Chebaa. Des sources ministérielles interrogées hier par L’Orient-Le Jour ont salué cette prise de contact directe, qui a duré près d’une heure, et qui constitue « une entrée en matière pour un début de dialogue sur la relation entre l’État et la Résistance ». La ministre des Affaires sociales, Nayla Moawad, a pris la parole pour ouvrir avec beaucoup de franchise le débat sur le Liban-Sud. Mme Moawad a qualifié les incidents survenus à la frontière d’« inquiétants », estimant que les tracts lâchés par l’aviation israélienne au-dessus des villages sudistes « constituent une violation de la souveraineté libanaise ». Cependant, la ministre a estimé que la réponse devait « venir du Conseil des ministres, qui est censé, lui, détenir le monopole de la violence légitime sur le plan institutionnel, et prendre la décision de faire la guerre ou la paix ». Mme Moawad a proposé la tenue d’une séance urgente à ce sujet. Elle a été appuyée dans sa position par le ministre du Tourisme, Joe Sarkis, qui a précisé que d’ordinaire, le Conseil des ministres se réunit pour prendre des décisions concernant les questions les plus simples. Qu’en serait-il alors des affaires stratégiques telles que les actions du Hezbollah… Et s’il est impossible de tenir le Conseil au courant de ces opérations, pourquoi au moins ne pas en informer le Premier ministre… Nayla Moawad, qui a dû quitter la séance en raison d’engagements urgents antérieurs, s’est attirée une réponse du ministre du Travail, Trad Hamadé, selon qui « on ne peut pas convoquer le Conseil des ministres à chaque fois qu’il y a un incident à la frontière ». M. Hamadé a également évoqué le « comportement responsable » du parti de Dieu et sa coordination permanente avec l’armée libanaise. Quant au ministre de l’Énergie, Mohammed Fneich, il a défendu la position du Hezbollah, estimant que « la Résistance avait répondu aux agressions de l’ennemi », et qu’il n’existait « aucune contradiction entre elle et le Conseil des ministres ». M. Fneich a insisté sur la volonté du Hezbollah de dialoguer « sur toutes les questions, y compris celles qui sont en rapport avec les opérations de la Résistance ». Le Conseil des ministres réuni n’a pas occulté la responsabilité d’Israël dans les affrontements des trois derniers jours, mais critiqué plutôt la position du Conseil de sécurité qui avait imputé mercredi soir la paternité de l’escalade au Hezbollah. Le ministre des Affaires étrangères, Faouzi Salloukh, a jugé que la position onusienne était « déséquilibrée », précisant que le palais Bustros avait adressé un message à la mission libanaise à l’ONU dénonçant les multiples atteintes israéliennes à la souveraineté libanaise, pour qu’il soit remis au secrétaire général de l’ONU. Le parti intégriste a réclamé de son côté une position critique du Conseil des ministres par rapport à la position onusienne « qui manque d’objectivité et qui est irréaliste et injuste», et le Premier ministre a dû jouer quelque peu les équilibristes, puisqu’il a estimé qu’il ne fallait pas pour autant provoquer le Conseil de sécurité et la communauté internationale. Aussi a-t-il appelé à la retenue tout en rendant hommage au comportement du Hezbollah face à l’affaire du parapentiste qui s’était égaré du mauvais côté de la ligne bleue. Il a finalement été décidé de mener des contacts diplomatiques avec le Conseil de sécurité à travers la mission du Liban à l’ONU, pour expliquer la position libanaise et dénoncer les violations israéliennes de la souveraineté libanaise. Il convient de signaler que le ministre Michel Pharaon a insisté de son côté sur la nécessité de privilégier les solutions diplomatiques. Le tribunal international La question de la création d’un tribunal international pour juger les auteurs de l’attentat du 14 février n’était pas à l’ordre du jour, mais elle s’est posée d’elle-même dès lors que le Premier ministre Fouad Siniora a évoqué la teneur de ses entretiens téléphoniques avec son homologue syrien, Mohammed Nagi Otri. Les ministres chiites, dont la position (hostile) sur cette question est bien connue, ont réclamé son renvoi à la séance de la semaine prochaine. Trad Hamadé a d’ailleurs tenu à marquer sa désapprobation en jetant de but en blanc : « Il n’y aura pas de tribunal international. » Ce n’était pas là l’opinion du ministre des Télécommunications, Marwan Hamadé, relayé par le ministre de l’Information, Ghazi Aridi. Pour les deux ministres joumblattistes, il était temps que cette affaire soit soulevée en Conseil des ministres, dans la mesure où l’absence de coopération syrienne avec la commission internationale d’enquête concernant l’interrogatoire des officiers syriens au Liban prouve bien une chose : c’est que si le régime de Damas oppose un refus aussi catégorique à l’interrogatoire lui-même au Liban, qu’en sera-t-il alors de leur jugement sur le territoire libanais ! Sur cette question, le Premier ministre Fouad Siniora a souhaité que les officiers syriens soient écoutés ailleurs que sur le territoire libanais, compte tenu des problèmes que tout cela pourrait générer avec la Syrie, et précisant qu’en fin de compte, cela était du ressort de la commission d’enquête internationale. Il a précisé que c’était là aussi le résultat de ses entretiens avec M. Otri. Le silence du président Lahoud durant cet entretien a été fort remarqué. Il convient de signaler la critique fulgurante de Marwan Hamadé de la mission de l’émissaire soudanais, un pays qui n’a pas, selon le ministre des Télécoms, « un registre brillant en matière de droits de l’homme, et dont l’initiative reste pour le moins déplacée ». Il reste à signaler la phrase de Ghazi Aridi au sujet du tracé des frontières en réponse aux récentes déclarations syriennes, qui n’est pas dépourvue d’intérêt : « Le tracé des frontières dans les fermes de Chebaa renforce la position libanaise et la position syrienne face à Israël. » Le Conseil des ministres a enfin évoqué d’autres questions, relatives aux contractuels dans les écoles publiques, ou à la loi sur l’assurance-vieillesse. Le président Lahoud a mis l’accent dans ce cadre sur la nécessité d’aller de l’avant dans les questions à caractère social et de résoudre les problèmes sur le plan de l’urbanisme qui pourraient découler des intempéries.
L’unilatéralisme du Hezbollah critiqué, mais le parti obtient
la solidarité gouvernementale face au Conseil de sécurité

Ce sont les développements des derniers jours au Liban-Sud et la question de la formation d’un tribunal international qui ont tenu le devant de la scène, hier soir, en Conseil des ministres.
La séance, qui s’est déroulée au palais de Baabda sous la...