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Damas doute de la volonté de coopération de la commission Mehlis « Nous nous défendrons si l’affrontement nous est imposé », affirme Chareh

Un bel exemple d’inversion des rôles. Accusé depuis plusieurs semaines de tergiverser sur la question du lieu de l’interrogatoire des six officiers syriens, Damas a contre-attaqué hier en mettant en doute la volonté de coopération de la commission d’enquête de l’ONU, accusant cette dernière d’avoir refusé d’interroger les responsables syriens au quartier général de l’ONU (Fnuod) sur le Golan. Une semaine après la réunion qui a regroupé le conseiller juridique du ministère syrien des Affaires étrangères Riad Daoudi et Detlev Mehlis à Barcelone, Damas a renvoyé la balle hier dans le camp du chef des enquêteurs précisant que si l’affrontement lui « est imposé », « la Syrie se défendra ». De son côté l’enquêteur allemand persiste et signe : « M. Mehlis attend toujours la réaction des Syriens au sujet des résultats de la rencontre de Barcelone, le plus tôt sera le mieux », a souligné la porte-parole du magistrat, Nasra Hassan. Des informations de presse ont cependant indiqué que le magistrat allemand aurait fixé à ce soir la date limite pour obtenir « la réponse officielle » sur sa demande de rencontrer les officiers syriens à Vienne ou à Genève. On apprenait également que le projet de sanctions contre Damas – prévu par la résolution 1559 basée sur le chapitre VII – aurait pratiquement été finalisé,. Revenant à la charge, la Syrie a continué pour sa part de réclamer la signature d’un protocole de coopération avec le chef des enquêteurs, qui refuse de se plier à cette exigence. Face à ce qui apparaît de plus en plus comme une impasse, les efforts diplomatiques se sont poursuivis au cours des dernières 48 heures, notamment par la visite à Damas, puis au Liban, de Moustapha Osman Ismaïl, envoyé spécial du président soudanais, Omar Hassan al-Bachir, et de celle du responsable jordanien à la Sécurité nationale, Maarouf el-Bakhith, qui aurait également rencontré le président syrien Bachar el-Assad, pour tenter de débloquer la situation. Damas doute des intentions de Mehlis La réaction syrienne est venue de la bouche du ministre syrien des Affaires étrangères, Farouk el-Chareh, qui a affirmé à des journalistes à Damas que le refus du choix du quartier général de l’ONU (Fnuod) sur le Golan « suscite le doute des dirigeants syriens » sur la volonté de coopérer. « Pourquoi Detlev Mehlis refuse-t-il (de signer) un protocole de coopération avec Damas », s’est interrogé M. Chareh en concluant que « cela signifie que la commission refuse de coopérer avec la Syrie ». « Nous ne souhaitons pas l’affrontement. Mais s’il nous est imposé, nous nous défendrons. » « Le Conseil de sécurité ne devrait pas (utiliser) les mauvaises options », a poursuivi le chef de la diplomatie syrienne, ajoutant que son pays est « visé injustement ». Lors d’une rencontre du conseiller juridique du ministère syrien des Affaires étrangères, Riad Daoudi, avec M. Mehlis vendredi à Barcelone, la Syrie avait proposé que les six officiers syriens de la sécurité, soupçonnés d’être impliqués dans le meurtre de Rafic Hariri, soient interrogés au quartier général de la force de l’ONU (Fnuod), déployée sur la ligne de cessez-le-feu entre la Syrie et Israël, sur le Golan. Interrogé sur les pays que M. Mehlis aurait proposés comme lieu d’interrogatoire, le ministre syrien a répondu qu’« un protocole de coopération aurait résolu beaucoup de points en suspens, y compris le lieu de l’interrogatoire ». Mercredi, Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a indiqué à la presse que l’Organisation était prête à mettre des locaux n’importe où, y compris en Europe, à la disposition du chef de la commission d’enquête. M. Chareh a indiqué que Damas « attendait toujours la réponse de la commission » d’enquête internationale sur la conclusion d’un protocole de coopération. « L’espoir qu’un protocole soit signé existe toujours », selon lui. « Nous voulons que l’enquête internationale se termine et que ce dossier soit clos, c’est le pays qui est visé. Il n’existe pas de différence entre la direction et le peuple syriens », a-t-il dit. La résolution 1636 qui prévoit que « la commission aura l’autorité de décider du lieu et des modalités d’interrogatoire de responsables ou de citoyens syriens qu’elle jugera utile d’interroger ». Manifestation à Damas Poursuivant leur campagne de soutien à leur chef d’État, environ deux mille Syriens se sont rassemblés sur la place des Omeyyades à Damas pour manifester leur solidarité avec la Syrie. « Nous ne permettrons jamais qu’un ressortissant syrien soit interrogé hors du pays », a martelé un député syrien, Mouhieddine Habbouche, dans une allocution, sous les applaudissements. « Tout le monde sait que l’assassinat de Rafic Hariri signifie l’assassinat de la Syrie. Nous voulons la vérité mais pas aux dépens de la dignité du peuple » syrien, a ajouté le député qui portait une écharpe rouge blanc noir, aux couleurs du drapeau syrien. La Chambre de commerce de Damas était à l’origine de cette manifestation à laquelle ont participé notamment des hommes d’affaires, des industriels et des députés. « Dieu, la Syrie, Bachar, et c’est tout », « Par notre âme et notre sang nous nous sacrifierons pour toi, Bachar », ont scandé les manifestants qui arboraient des drapeaux syriens et des portraits du président Assad. Les manifestations et sit-in se multiplient au fur et à mesure que s’approche le 15 décembre, délai imparti par l’ONU à Damas pour coopérer avec la commission d’enquête internationale.

Un bel exemple d’inversion des rôles. Accusé depuis plusieurs semaines de tergiverser sur la question du lieu de l’interrogatoire des six officiers syriens, Damas a contre-attaqué hier en mettant en doute la volonté de coopération de la commission d’enquête de l’ONU, accusant cette dernière d’avoir refusé d’interroger les responsables syriens au quartier général de l’ONU...