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Actualités - CHRONOLOGIE

Dans son discours à la nation, Lahoud insiste sur la nécessité d’un dialogue national Réception sobre au palais de Baabda pour les cérémonies du 22 novembre

La réception traditionnelle pour la fête de l’Indépendance au palais de Baabda, mardi, ressemblait fort au discours du chef de l’État, prononcé la veille, pour la même occasion. Sobre, solennelle et empreinte d’une certaine tristesse car l’heure reste grave et le pays tiraillé entre des courants opposés qui pourraient, si l’on n’y prend garde, briser l’unité nationale pourtant si précieuse en temps de crise. C’est d’ailleurs pourquoi, dans son discours, le président Lahoud a insisté sur la nécessité d’établir un dialogue national sur les questions cruciales, dans le cadre des institutions étatiques et constitutionnelles. Il a aussi tiré la sonnette d’alarme sur la possibilité pour le Liban de se laisser entraîner dans des courants et des politiques qui lui feraient perdre son identité arabe et ses liens étroits avec ses voisins, notamment la Syrie. Ces thèmes ont d’ailleurs été repris au cours des conversations informelles qui ont été tenues au cours de la réception de mardi au palais. Disciplinés, les députés du Hezbollah… Mais ce qu’on retiendra surtout de cette réception, c’est la présence des députés du bloc aouniste, venus en groupe ou séparément (ce fut notamment le cas de Neemetallah Abi Nasr arrivé en dernier), des députés du bloc Hezbollah, venus tous ensemble avec une discipline bien rodée, ainsi que de ceux du mouvement Amal, qui ont suivi les instructions de leur chef, le président de la Chambre, Nabih Berry. On retiendra aussi cette image devenue rare des trois présidents côte à côte, avec un léger écart toutefois entre Berry et Siniora, d’une part, et Lahoud, d’autre part, ce qui a poussé ce dernier à avancer de quelques centimètres, pour saluer les centaines de personnes venues les féliciter pour la fête de l’Indépendance, au salon du 25 mai. Avant le début de la réception, le président Lahoud a tenu une réunion avec le président Berry qui n’était plus venu à Baabda depuis les consultations pour la formation du gouvernement, puis avec le président du Conseil qui, lui, est resté en contact permanent avec le chef de l’État. Le défilé de personnalités Parmi les personnalités et hauts responsables qui se sont rendus à Baabda, citons les membres du Conseil supérieur de la magistrature, à leur tête le président Antoine Kheir et le procureur général Saïd Mirza, dont la dernière visite à Baabda avait été critiquée par certaines figures du Courant du futur, le directeur général des FSI, le général Achraf Rifi, à la tête d’une délégation de ces forces, le directeur général de la Sûreté générale, et le directeur des SR de l’armée. Le premier à présenter ses félicitations était l’ancien président Élias Hraoui, qui se déplaçait péniblement, mais qui a tenu à être présent. Il a été suivi par les anciens présidents de la Chambre et du Conseil, sauf Omar Karamé, qui a présenté en guise d’excuse sa gêne de devoir faire la file, alors que l’an dernier c’était lui qui recevait les félicitations aux côtés des mêmes Lahoud et Berry. Nagib Mikati, lui aussi, s’est excusé en raison de sa présence à l’étranger. Ce fut ensuite le tour des députés. Près de 50 représentants de la nation ont ainsi défilé devant Lahoud, Berry et Siniora. Se sont abstenus les députés du Courant du futur, ceux des Forces libanaises, du bloc Joumblatt, et les membres de Kornet Chehwane. Des chargés d’affaires occidentaux Sur le plan de la participation diplomatique, les ambassadeurs des pays de l’UE et des États-Unis ont envoyé leurs chargés d’affaires alors que les autres pays ont envoyé les diplomates de premier rang. Les sources proches de Baabda ont tenu à minimiser l’impact de l’absence des ambassadeurs de l’UE et des États-Unis, rappelant que Lahoud a reçu des télégrammes de félicitations de la part de leurs chefs d’État. Présence remarquée, celle du représentant personnel du secrétaire général de l’ONU, Geir Pedersen, qui a longuement salué Lahoud, ainsi que celle des ambassadeurs arabes, à leur tête l’ambassadeur d’Arabie saoudite. Par contre, l’ambassadrice du Pakistan s’est perdue dans la cohue et elle a loupé son tour avant de devoir remonter la file et se retrouver derrière l’ancien ministre Georges Corm, qui a eu une longue accolade, assez émouvante d’ailleurs, avec Lahoud. Les ordres professionnels ont aussi défilé et en raison de la densité des convives, le président de l’Ordre des journalistes, Melhem Karam, a eu un malaise, provoquant l’inquiétude des présents. Aussitôt, le médecin de la garde présidentielle a été appelé et lui a donné les soins nécessaires, mais l’alerte a été chaude. Les différentes associations ont défilé à leur tour, celle des industriels, le RDCL, les associations des commerçants, les organisations internationales présentes au Liban, les municipalités… Il ne faut pas non plus oublier les représentants des chefs religieux, d’abord ceux du patriarche Sfeir, mais aussi ceux de toutes les autres communautés, sauf Dar el-Fatwa, qui n’a pas envoyé un émissaire. Cette absence a d’ailleurs été critiquée par les présents qui ne comprenaient pas son utilité alors que le Premier ministre et les hauts responsables sunnites au sein de l’État étaient présents. De même, le ministre Khaled Kabbani, membre du Courant du futur, était présent ainsi que les ministres Sami Haddad et Jihad Azour, proches de ce même courant. Quant au ministre de la Défense, Élias Murr, il a bénéficié d’un traitement spécial, recevant toutes les attentions dues à son état de santé. Les salutations effectuées, les présents discutaient nonchalamment de la situation générale et du discours du président de la République prononcé la veille. Court, il n’en semblait que plus solennel, rappelant que cette année, la fête de Indépendance est alourdie par la perte de Rafic Hariri mais aussi de tous ceux qui sont morts dans des attentats. Le président a ainsi rappelé les constantes qui dictent la politique officielle depuis des années, s’élevant contre les tentatives de les modifier. Le président a aussi affirmé que les assassinats, ainsi que les tentatives de s’en prendre à la Résistance, ne sont pas isolés et s’inscrivent dans un même scénario élaboré pour l’avenir du Liban. Un scénario qui pourrait diviser si les Libanais ne menaient pas un véritable dialogue national, dans le cadre des institutions, car l’unité reste la seule arme face aux complots des ennemis du pays. Lahoud a aussi mis l’accent sur les attaques personnelles dont il est l’objet, affirmant toutefois que malgré les blessures qu’elles occasionnent, elles ne le pousseront pas à renoncer à assumer ses responsabilités. Nombreux, parmi les présents, trouvaient le ton juste, d’autres pensaient que c’était un peu tard. Toujours est-il que tout le monde a relevé le fait que pour la première fois depuis 1990, aucune délégation syrienne ne participait à la cérémonie. Autres temps, autres mœurs, mais mêmes acteurs, un peu relookés quand même. Scarlett HADDAD
La réception traditionnelle pour la fête de l’Indépendance au palais de Baabda, mardi, ressemblait fort au discours du chef de l’État, prononcé la veille, pour la même occasion. Sobre, solennelle et empreinte d’une certaine tristesse car l’heure reste grave et le pays tiraillé entre des courants opposés qui pourraient, si l’on n’y prend garde, briser l’unité nationale...