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Présidentielle Michel Aoun appelé à renouer avec l’esprit consensuel pour renforcer ses chances
le 21 novembre 2005 à 00h00
La date de l’ouverture de la bataille présidentielle est toujours inconnue. Il reste que les candidats potentiels multiplient ces derniers temps leurs contacts et leurs rencontres avec des chefs de parti et de bloc parlementaire pour tenter de savoir quelle est leur chance de remporter la victoire. Et c’est à partir de ce sondage de terrain et à partir des données collectées qu’ils pourront prendre les décisions qui s’imposent.
Il est évident, dans ce cadre, que parmi les candidats déclarés, c’est le député Michel Aoun qui est actuellement le plus dynamique dans cette bataille pour la présidentielle. Le général Aoun, fortement stimulé par la représentation chrétienne importante dont il bénéficie, sait par ailleurs qu’il s’agit peut-être de sa dernière opportunité pour briguer la présidence compte tenu de son âge. Mais le chef du Bloc du changement et de la réforme a aussi d’autres préoccupations en tête. Il se pourrait fort bien que le bloc polyvalent du général perde de sa solidarité et de sa cohésion d’ici aux prochaines législatives au cas où son chef n’accédait pas à la magistrature suprême. Plusieurs des membres du bloc pourraient en effet trouver opportun de nouer des alliances avec d’autres courants et d’autres partis à la lumière du contexte du nouveau mandat présidentiel. A contrario, l’accession du général Aoun à la présidence donnerait un coup de fouet supplémentaire à son bloc parlementaire, dont les rangs pourraient aussitôt se retrouver renforcés par l’arrivée de nouveaux parlementaires.
Partant, la question qui se pose est la suivante : quelles sont les chances du général Aoun de devenir président de la République ?
Selon des milieux politiques qui observent de près l’évolution de la situation sur le terrain, le général Aoun pourrait prendre position au sujet de la présidentielle à la lumière des résultats de son voyage aux États-Unis et des positions dont lui feront part des responsables américains dans le cadre de ses rencontres. Même si ces derniers semblent résolus pour l’instant à éviter d’accorder leur préférence ou leur soutien à tel ou tel candidat. Aussi se contentent-ils de dire que les États-Unis n’opposent de veto contre personne, et que s’ils ont une opinion à donner au sujet des candidats, cette opinion ne sera rendue publique que quelques jours avant l’élection, c’est-à-dire durant le dernier quart d’heure.
Le député de Zghorta, Samir Frangié, estime pour sa part, au sujet de la candidature de Michel Aoun, que si ce dernier est aujourd’hui le zaïm chrétien, cela ne fait pas nécessairement de lui le prochain président de la République, d’autant que l’aptitude principale du nouveau chef de l’État doit être sa nature et son esprit consensuel, donc sa capacité à nouer des relations avec les différentes parties libanaises. Le candidat idéal doit aussi pouvoir, selon M. Frangié, exister politiquement au sein de chacune des principales communautés, et être capable d’orienter le pays vers la réforme et l’ouverture. Or, note Samir Frangié, lors de son retour d’exil, Michel Aoun s’est progressivement transformé de candidat à la présidence en leader maronite, et sa position originelle, qui prônait l’ouverture vis-à-vis des différentes parties, le qualifiait plus à prendre les rênes de la présidence que son leadership chrétien actuel.
De plus, rappelle le député de Zghorta, ce n’est jamais le candidat le plus populaire sur le plan chrétien qui accédait à la présidence par le passé, mais le candidat faidant preuve d’esprit consensuel… sauf en temps de guerre. Le Liban n’est pas bâti sur la logique de la majorité concurrentielle, mais sur la formule consensuelle islamo-chrétienne, qui est l’essentiel pour l’avenir.
Des contacts en coulisses
Certains membres du bloc parlementaire du général Aoun mènent en parallèle, en coulisses, des contacts, dont certains se font à la lumière du jour et d’autres restent secrets, avec les autres parties. L’une des propositions faites dans le cadre de ces contacts est de dégager une unité de points de vue entre les leaders chrétiens pour une candidature unique à la présidence, avant que cette candidature ne soit discutée, dans un deuxième temps, avec les leaders musulmans.
Mais certaines figures prépondérantes chrétiennes, et plus particulièrement maronites, n’ont pas appuyé cette orientation, par crainte qu’elle ne soit interprétée par certains comme une réponse à ceux qui ont imposé un seul candidat à la présidence de la Chambre. Et ce, même s’il ne faut pas comparer l’incomparable et que la fonction de la présidence de la République n’a rien à voir avec les autres fonctions du pouvoir. En effet, le chef de l’État est le président de tout le Liban, et son choix doit se faire de manière consensuelle. Comme un accord est par conséquent nécessaire, il vaut mieux qu’il porte sur un certain nombre de candidats, qui seront jugés comme aptes à accéder à la présidence, plutôt que sur un seul candidat. Ensuite, des concertations seront menées entre les différentes parties autour de ces propositions de noms. Et si un accord est impossible, il reviendra à la majorité parlementaire de choisir, par la procédure du vote, entre ces candidats.
Une autre proposition des députés du bloc Aoun est d’obtenir le soutien des députés du Courant du futur ou bien de ceux de la coalition Amal-Hezbollah, pour que la candidature du général repose sur un soutien plus vaste sur le plan communautaire. Mais cette option semble difficile à réaliser.
Quant aux autres candidats à la présidence qui n’ont pas besoin d’un soutien musulman, ils tentent de trouver un soutien chrétien auprès des députés du courant aouniste ou du tandem Forces libanaises-Kataëb. Cependant, des observateurs estiment qu’il est encore trop tôt pour que les blocs se prononcent d’une manière tranchée, d’autant que la date de l’élection n’a pas encore été fixée, que le sort du président Lahoud reste inconnu, et que les puissances étrangères, régionales et internationales, n’ont toujours pas donné de signaux en faveur d’un candidat ou d’un autre.
Émile KHOURY
La date de l’ouverture de la bataille présidentielle est toujours inconnue. Il reste que les candidats potentiels multiplient ces derniers temps leurs contacts et leurs rencontres avec des chefs de parti et de bloc parlementaire pour tenter de savoir quelle est leur chance de remporter la victoire. Et c’est à partir de ce sondage de terrain et à partir des données collectées qu’ils...
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