Actualités - CHRONOLOGIE
La majorité parlementaire, les États-Unis et l’Europe boycotteront la cérémonie de Baabda À la veille du 22 novembre, la contestation locale et internationale de Lahoud atteint son apogée
le 21 novembre 2005 à 00h00
À la veille du 22 novembre, jamais la position d’un président libanais n’aura été aussi précaire. Cette occasion censée habituellement mettre en valeur la grandeur de la République est devenue en 2005 le meilleur moyen de montrer au locataire de Baabda à quel point il est indésirable pour une partie de la classe politique libanaise, mais surtout pour les plus grands acteurs de la communauté internationale qui, comme l’indiquent certaines informations, seraient déterminés à en finir avec lui. Demain à Baabda, l’événement sera donc placé sous le signe de l’absence, puisque tout le monde cherchera à savoir qui sont ceux qui ne seront pas là en train de présenter leurs félicitations au premier magistrat, en guise de contestation de sa légitimité.
Mais à côté de ce paysage terriblement accablant pour la présidence, Émile Lahoud semble quand même avoir reçu deux bouffées d’air qui contribueront à éviter le désastre total, même si les personnes qui en sont à l’origine ne cherchaient certainement pas à rendre la vie plus agréable au président. La première bouée de secours est d’abord venue du Premier ministre, Fouad Siniora, qui a, encore une fois, fait prévaloir les considérations tenant aux intérêts suprêmes de l’État libanais sur ses affinités et son opinion personnelle. M. Siniora a ainsi annoncé hier, après plusieurs jours de concertations intenses avec le Bloc du futur et Koraytem, qu’il participera demain aussi bien au défilé militaire de la place des Martyrs qu’à la réception organisée au palais de Baabda, aux côtés de Lahoud et du président de la Chambre, Nabih Berry, qui avait lié sa participation à celle du chef du gouvernement. Une aide inespérée est également provenue samedi de la Maison-Blanche, puisque le président américain, George Bush, n’a pas voulu ignorer magistralement son homologue libanais. Il lui a donc envoyé une – très simple – lettre dans laquelle il félicite le peuple libanais pour tout ce qui a été réalisé en 2005 en matière d’indépendance et de souveraineté, tout en indiquant savoir, dans une phrase qui a sans doute donné des sueurs froides au président, que « le processus n’est pas encore terminé ».
L’Occident voudrait
en finir avec Lahoud
Quelle que soit la portée de ces deux initiatives, il n’en reste pas moins que le boycottage de Lahoud demain sera écrasant par son importance, tant sur le plan local qu’international. Localement, toutes les forces composant la majorité parlementaire ont décidé de ne pas monter à Baabda. Contactés par L’Orient-Le Jour, les blocs de la Rencontre démocratique, des Forces libanaises et du Futur ont clairement annoncé leur non-participation, même si, pour la dernière formation, cette décision devra être confirmée aujourd’hui lors d’une réunion de tous les députés haririens. Plus prudente est la position du bloc aouniste, qui devra se réunir également dans les prochaines heures pour prendre sa décision, quoique le député du Metn, Ibrahim Kanaan, a annoncé la couleur en indiquant à L’Orient-Le Jour que le CPL et ses alliés opéraient une distinction entre la dimension nationale de l’événement et les remarques qui pourraient concerner la personne du président. Un même souci existe cependant chez tout le monde : faire de sorte que l’armée libanaise, qui défilera demain matin sous les regards de la République, ne souffre pas du discrédit touchant son ancien commandant en chef. Sur le plan international, la situation prend une tournure alarmante pour Baabda. En effet, un ambassadeur arabe à Beyrouth a indiqué hier à notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, que le boycottage de la cérémonie de Baabda par les ambassadeurs américain et européens s’inscrit dans le cadre de la détermination occidentale à mettre un terme au mandat de Lahoud « puisque son maintien en tant que président du Liban violerait la volonté internationale, telle que cristallisée dans la résolution » 1559. Les ambassades européennes et américaine pourraient cependant décider de se faire représenter à Baabda à un certain niveau diplomatique qui n’a pas encore été déterminé.
Enfin, la difficile réalité des choses n’empêchera pas M. Lahoud d’adresser ce soir aux Libanais le traditionnel discours de l’indépendance, dans lequel il essayera sans doute de montrer que tout ne va pas si mal que ça.
À la veille du 22 novembre, jamais la position d’un président libanais n’aura été aussi précaire. Cette occasion censée habituellement mettre en valeur la grandeur de la République est devenue en 2005 le meilleur moyen de montrer au locataire de Baabda à quel point il est indésirable pour une partie de la classe politique libanaise, mais surtout pour les plus grands acteurs de la...
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