Actualités
LIRE EN FRANÇAIS ET EN MUSIQUE Conférence et exposition picturale Paul Wakim stigmatise l’asservissement de l’image et présente son atelier-création
le 21 novembre 2005 à 00h00
Tribune libre, le Salon du livre accueille à loisir écrivains, poètes ou peintres. Pour l’avant-dernière soirée de cette manifestation culturelle, alors que des maîtres-penseurs titillaient la politique, le public pouvait écouter, dans la salle Jean-Paul Sartre, le peintre Paul Wakim qui livrait une vision analytique de son œuvre complète en dénonçant l’asservissement de l’image.
Difficile de compiler un tel travail artistique ou d’en faire un résumé. Il serait donc juste de tenter une approche en compagnie de Paul Wakim qui, à l’aide de diapos, va éclairer l’assistance.
« Dans son atelier, dit-t-il, l’artiste en proie aux images intrusives qui l’assaillent s’en éloigne et crée une cassure avec le monde extérieur. Sans aucun but esthétique du point de vue création, ces images, qui usent de tous les moyens pour vendre un objet, deviennent agressives. Confronté à elles, le sujet est toujours consommateur et non participant à un projet artistique commun. L’artiste donc est en perpétuelle lutte contre les facteurs extérieurs qui conditionnent son imaginaire. »
Vision philosophique de l’art
Commencé il y a deux ans, le projet de Paul Wakim, « installation du matériel atelier », prend naissance grâce aux pensées de Bachelard sur la poésie et la peinture (Lire Bachelard et peindre), qui analyse les rapports de l’imagination avec le matériel. Mais c’est en 1998 qu’il conçoit et réalise l’atelier de création, doté de conditions qu’il a voulues idéales (lumière et spatialité). « Une œuvre totale, à la fois évidente et complexe, organisée et composite, une et multiple, comme l’a décrite Gilbert Lascault. Elle se veut être simultanément une architecture, une sculpture, une peinture et un lieu de travail… », poursuit ce dernier.
Plus tard, en travaillant sur les quatre thèmes de la matière, le feu, l’air,
l’eau et la terre, pour faire surgir l’image, l’artiste évoque l’archétype. « Cette expérience m’a conduit, dit-il, à me rappeler la chute que j’ai faite, enfant, dans un brasero et qui a probablement été mon premier contact avec le feu. Je suis donc reconnaissant à Bachelard qui m’a permis de découvrir l’inconscient de ma gestuelle artistique et c’est à partir de là que je me suis laissé guider par mes œuvres. Elles m’ouvrent le chemin et me permettent de sonder mon imaginaire. La preuve, souligne-t-il, j’ai soumis une de mes œuvres aux enfants qui ont pu y voir des éléments invisibles à mes yeux. Bachelard m’a donc offert un outil pour ma peinture. »
Mallarmé ou Baudelaire
Des cours de grec ancien (1991-1992), de philosophie et d’esthétique (1993-1994), suivis à la Sorbonne, vont aider l’artiste dans cette recherche intérieure. Mais Wakim pousse plus loin l’exploration de son travail artistique.
En 2004, il va effectuer un cheminement pictural parallèle à la poésie de Mallarmé et plus particulièrement au poème intitulé Un coup de dé, jamais n’abolira le hasard. À l’image du poète qui croyait fermement que « la poésie est une quête de l’être qui, pour parvenir à se rapprocher de son but intangible, a besoin de se forger une langue différente de celle qui préside aux échanges vulgaires. »,Wakim stigmatise dans la recherche de son art la photographie, cette image figée et fixe qui ne renvoie qu’un seul objet et qui n’ouvre aucune porte à l’imaginaire.
Plus tard, c’est vers Baudelaire qu’il oriente ses expériences picturales et fait le chemin inverse, de la photo à la peinture. Ce poète qui, malgré sa haine pour le cliché, se photographiait dans l’atelier de son ami Nadar, va l’éclairer et lui démontrer que l’homme est un être photographique puisque son attitude change devant la pellicule.
Dans un pigeonnier dans la région du Var, où il dit avoir vécu quatre mois dans des conditions précaires mais en compagnie de Baudelaire,Wakim va approfondir dans la quête de soi et se réconcilier avec lui-même. Preuve en est qu’il prendra par la suite son propre portrait.
« La grande toile qui entoure l’atelier-création de Paul Wakim est peuplée de créatures, de signes et de figures ébauchées, de personnages absents plus que présents » dit Jaques Liger-Belair.
Univers non hermétique, mais ouvert à l’imaginaire dans lequel l’artiste- peintre a ouvert une brèche.
Ses travaux sont expliqués plus clairement dans un ouvrage, La création et l’œuvre (aux éditions Le figuier).
Colette KHALAF
Tribune libre, le Salon du livre accueille à loisir écrivains, poètes ou peintres. Pour l’avant-dernière soirée de cette manifestation culturelle, alors que des maîtres-penseurs titillaient la politique, le public pouvait écouter, dans la salle Jean-Paul Sartre, le peintre Paul Wakim qui livrait une vision analytique de son œuvre complète en dénonçant l’asservissement de...
Les plus commentés
Le CPL hors du gouvernement, mais pas de la vie politique ?
Affrontements à la frontière libano-syrienne : nouveau revers pour le Hezbollah ?
Lieu, timing et discours de Kassem : le Hezbollah donne des détails sur les funérailles de Nasrallah