Pour mettre au clair...
Actualités - CHRONOLOGIE
Le mandat de la Finul ne changera pas, affirme le représentant personnel de Kofi Annan au Liban Pedersen : « Les malentendus concernant ma mission sont désormais dissipés »
Par JALKH Jeannine, le 19 novembre 2005 à 00h00
La récente initiative prise par le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, d’élargir les prérogatives du mandat de Gier Pedersen, devenu depuis le 14 novembre « représentant personnel de Kofi Annan pour l’ensemble du Liban », a suscité des malentendus et inspiré des interprétations multiples sur une éventuelle internationalisation de la crise libanaise.
Pour mettre au clair ce nouveau malentendu, le diplomate onusien d’origine norvégienne a organisé hier un point de presse au cours duquel il s’est évertué à couper court aux craintes exprimées par certains milieux politiques qui ont été jusqu’à le qualifier « de nouveau Bremmer ». Le message est on ne peut plus clair : « Désormais, les malentendus concernant ma mission sont dissipés, dit-il. Ma mission au sein de l’ONU consiste à soutenir l’indépendance, la souveraineté, la stabilité et l’unité du Liban. » « Ce sont ces principes qui vont guider notre action future », insiste Gier Pedersen, qui rappelle au passage que l’ONU ne cessera jamais d’être fidèle à ses principes fondateurs, à savoir l’impartialité et l’objectivité qui la caractérisent.
« La mission que m’a confiée le secrétaire général s’inscrit dans le cadre de l’élargissement des activités de l’ONU au Liban », précise le diplomate, qui laisse entendre qu’il n’est là ni pour « superviser » ni pour « empiéter » sur les mandats des autres responsables de l’ONU chargés de suivre des dossiers précis, notamment Terjé Roed-Larsen, l’émissaire de l’ONU chargé du suivi de la 1559, et Detlev Mehlis, chef des enquêteurs sur l’assassinat de Rafic Hariri, mandaté dans le cadre de la résolution 1595.
« Ma mission n’a rien à voir avec la 1595 ou la 1636 », tient à préciser M. Pedersen. « De plus, elle est différente de celle de Terjé Roed- Larsen qui est uniquement chargé du suivi de l’application de la 1559 », dit-il alors que sa tâche est de suivre de près et dans des termes plus généraux le développement de la situation au Liban sur l’ensemble du territoire.
Prié de commenter les propos du député Ali Ammar, qui a qualifié, il y a deux jours, M. Pedersen, dans le cadre de sa nouvelle mission, de « Bremmer », le diplomate onusien s’est contenté de répondre :
« Dès le premier jour de mon arrivée, j’ai été chaleureusement reçu par l’ensemble des interlocuteurs libanais, sans exception, qui ont bien accueilli mes nouvelles responsabilités. Certains avaient au départ quelques interrogations, des incertitudes, mais je peux dire que nous sommes aujourd’hui parvenus à une entente qui nous permettra de travailler ensemble. » Et d’insister :
« Concernant mes nouvelles prérogatives, je peux affirmer qu’il n’existe plus de malentendus. Toutes mes rencontres avec mes interlocuteurs ont été caractérisées par le respect mutuel et une volonté de comprendre les points de vue de chacun et de respecter nos divergences. »
Et M. Pedersen de préciser : « Il faut savoir que la Finul poursuivra sa mission comme d’habitude, et rien ne changera dans sa mission », a-t-il affirmé, signifiant que l’interprétation faite par certaines parties, notamment le Hezbollah, concernant l’expansion de la mission de la Finul sur l’ensemble du Liban n’est pas fondée.
Une source autorisée a confirmé hier soir qu’une rencontre a eu lieu entre des responsables du Hezbollah et M. Pedersen, au cours de laquelle ce dernier a tenu à clarifier les objectifs de sa mission. Une information que le Hezbollah s’est abstenu de commenter.
L’accroissement des responsabilités de l’ONU
Quant au choix du « timing » de la décision relative à l’extension de ses prérogatives à l’ensemble du Liban, M. Pedersen a affirmé que « cette décision est le fruit de plusieurs mois de consultations au sein des Nations unies. Elle survient à la lumière de l’accroissement des responsabilités de l’ONU au Liban », explique le diplomate.
« Si elle n’a abouti qu’aujourd’hui, c’est à cause de la durée de la procédure bureaucratique interne qui est propre à une organisation telle que les Nations unies », dit-il.
Sa mission serait-elle, en quelque sorte, un renforcement du rôle des Nations unies pour apaiser les craintes de ceux qui appréhendent une mainmise américaine sur le Liban par le biais de la 1559 ?
« Il faut savoir que les Nations unies représentent une organisation qui se distingue par son impartialité et son objectivité. Nous sommes ici pour et à cause des principes fondateurs de l’organisation, et en vue de soutenir l’indépendance, la souveraineté, la stabilité et l’unité du Liban, des principes de base qui vont guider notre action future », répond le diplomate.
À la question de savoir si les tentatives de la Syrie visant à déstabiliser le Liban, notamment par le biais de la fermeture des frontières ou des mesures d’intimidation prises à l’encontre des pêcheurs libanais, seraient à l’avenir relevées par M. Pedersen, ce dernier a répondu par la positive, soulignant qu’il « fera état de tout ce qui affecte la souveraineté du Liban, son indépendance et sa sécurité. Ceci est au cœur même de ma mission. Cela fait partie de notre fonction diplomatique traditionnelle ».
Certes, dit-il, mon rôle est d’informer régulièrement le secrétaire général de toutes les questions intéressant la situation au Liban, y compris mais non exclusivement la 1559, « sans que cela ne signifie un empiètement sur la mission de Terjé Roed-Larsen qui est spécifiquement mandaté sur cette question et qui doit alimenter en informations le rapport que soumet le secrétaire général au Conseil de sécurité ».
Bien que globale, la mission du représentant de M. Annan au Liban restera cependant condition des demandes spécifiques formulées par les Libanais dans des domaines précis.
Le diplomate explique à ce propos qu’il aura moins à intervenir par exemple dans le dossier du dialogue palestino-libanais, qui, a-t-il dit, « est sur la bonne voie. Les parties en présence ont donné la preuve qu’elles étaient capables de le mener ensemble sans l’aide de qui que ce soit ». De même, ajoute M. Pedersen, pour ce qui est du dialogue avec le Hezbollah qui, comme l’a exprimé M. Gambari, est « une question interne libanaise. Nous avons intérêt à ce qu’il se poursuive, mais je ne ferai pas de rapport à ce sujet, qui relève directement de la responsabilité de M. Roed-Larsen », dit-il.
Et d’ajouter : « Lorsque nous serons sollicités, nous serons prêts à aider. »
En élargissant son mandat, le secrétaire général a voulu confier à son représentant la charge de « coordonner les différentes activités politiques de l’ONU », et ce dans tous les domaines, y compris ceux qui ont trait à l’aide socio-économique promise au Liban par le « Core Group » rassemblant des pays amis parmi lesquels figurent les Nations unies.
Telle que définie dans la lettre envoyée par le secrétaire général de l’ONU au ministre libanais des Affaires étrangères, Faouzi Salloukh, le 14 novembre, la mission de M. Pedersen s’inscrit dans la logique selon laquelle « il est devenu quasiment impossible de dissocier le dossier du Liban-Sud de ce qui se passe dans le reste du pays », comme exprimé il y a deux jours par le secrétaire général adjoint de l’ONU, Ibrahim Gambari.
Cette décision est justifiée « par le besoin d’aboutir à une plus grande cohérence et de coordonner les multiples activités de l’ONU au Liban. Elle permettra en outre aux différentes agences relevant des Nations unies, aux fonds, aux programmes et missions de poursuivre leurs objectifs de manière efficace et ce dans le cadre des mandats existants », explique le diplomate.
« Cela signifie qu’il est désormais nécessaire de suivre de près non seulement ce qui se passe au Liban-Sud mais au niveau du Liban tout entier, sans oublier pour autant ce qui se passe tout au long de la ligne bleue, qui est une zone de grand intérêt », dit-il, précisant que la situation dans cette région « est, de toute évidence, liée aux développements qui ont lieu dans l’ensemble du pays ».
Également parmi les tâches dont il aura la responsabilité, celle d’être à « l’écoute de soucis des Libanais », dont il devra informer régulièrement M. Annan.
« C’est une opportunité de nous faire entendre à New York et de transmettre ce qui préoccupe les citoyens de ce pays », conclut-il.
Jeanine JALKH
La récente initiative prise par le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, d’élargir les prérogatives du mandat de Gier Pedersen, devenu depuis le 14 novembre « représentant personnel de Kofi Annan pour l’ensemble du Liban », a suscité des malentendus et inspiré des interprétations multiples sur une éventuelle internationalisation de la crise libanaise.
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