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Exécutif - Épilogue de la crise politique à caractère socio-économique… ou report au prochain épisode ? Le Conseil des ministres décide de soutenir le bidon de mazout
le 18 novembre 2005 à 00h00
Sur fond de crise politique embryonnaire et avec comme épée de Damoclès la menace constante de certains partis de recourir à la rue, le Conseil des ministres a tenu hier une séance « pragmatique » et « calme », durant laquelle il a décidé d’accorder une avance du Trésor d’un montant de 55 milliards de LL au ministère de l’Énergie, pour soutenir chaque bidon de mazout pour un montant de 3 000 LL, sur une période de trois mois.
Un compte sera ouvert à cet effet à la Banque du Liban, dont les ministres des Finances et de l’Énergie pourront disposer en fonction d’un mécanisme qui sera fixé par consensus. Ce soutien sera suspendu si le prix du bidon de mazout atteint les 12 000 LL. Les Libanais à revenu limité et les industriels profiteront de cette mesure. Le compte ouvert à la BDL sera mis à la disposition de tous les Libanais, résidents et émigrés, ainsi que des non-Libanais, pour qu’ils puissent faire don du revenu d’une journée de travail au moins en signe de solidarité avec les Libanais.
La séance du Conseil s’est déroulée au Grand Sérail, sous la présidence du Premier ministre Fouad Siniora, et en l’absence des ministres Hassan el-Sabeh, Charles Rizk et Jean Oghassabian.
En début de séance, M. Siniora a indiqué que « nous ne pouvons pas, en tant que gouvernement, renier les droits des Libanais et refuser de reconnaître leurs souffrances ». Le gouvernement a planché à cet égard sur la question de la flambée des prix des carburants, et plus particulièrement du mazout, dont les Libanais « ont le plus grand besoin maintenant avec le début de l’hiver, surtout ceux d’entre eux qui habitent dans les régions froides ».
Le Conseil des ministres a mis en évidence sa volonté d’examiner ce problème « loin des dédales politiques », pour « étudier les besoins des citoyens » et se « solidariser avec eux », tout en « tenant compte de la situation financière du pays ». Il a décidé d’accorder à la question sociale en général toute l’importance qu’elle mérite, conformément à un agenda de priorités, avec à sa tête la question du mazout.
Le Conseil des ministres a demandé aux citoyens à ne pas couper les arbres dans les régions, notamment les arbres anciens, invitant les autorités compétentes à appliquer fermement la législation en vigueur sur ce plan, afin de préserver la richesse forestière et l’environnement dans le pays.
Le ministre de l’Information, Ghazi Aridi, a précisé dans un point de presse que ce soutien au mazout va constituer un poids pour l’État, mais que cette question sera discutée ultérieurement pour voir comment obtenir le montant voulu qui n’existe pas au Trésor actuellement.
M. Aridi a précisé que le soutien au bidon de mazout ne sera pas fait au détriment de l’essence.
Parallèlement à l’aspect socio-économique et technique de la décision du Conseil des ministres, il est intéressant de se pencher sur le volet politique de l’initiative, qui satisfait les contestataires d’Amal et du Hezbollah.
Le Conseil des ministres s’est justifié, par la voix de Ghazi Aridi, affirmant que le mazout n’était l’apanage d’aucune communauté, et que « les Libanais qui ont froid de Jezzine à Bécharré » ne sont pas tous des membres de la communauté chiite. Mieux encore, des députés de certaines formations comme le PSP avaient déjà adressé une question au gouvernement sur l’affaire du mazout il y a quelque temps, précisent certains au sein du gouvernement. Ghazi Aridi l’a d’ailleurs rappelé hier. Il reste que la démonstration n’est pas vraiment très convaincante, et révèle un souci certain de la part des ministres de la majorité parlementaire d’arrondir les angles… en donnant gain de cause au Hezbollah.
Force est de constater qu’il y a eu un compromis quelque part, visant peut-être à « rassurer » les formations politiques chiites pour débloquer la crise dont l’objectif, dans la lignée du discours du président syrien Bachar el-Assad, était de faire chuter le gouvernement. Mais on peut tout aussi bien inverser la raison, et transformer Amal et le Hezbollah de chevaux de Troie-coupables en victimes de manigances (syriennes). Comment ? En considérant que les déclarations de Techrine appelant à semer le grabuge au Liban et à provoquer le départ de Fouad Siniora ont sérieusement « embarrassé » les ministres des deux formations chiites, et qu’hier, les ministres du 14 mars ont encore une fois tendu la main de façon salutaire pour assainir la situation, la « décoincer », et tirer leurs confrères du 8 mars du mauvais pas dans lequel ils ont été mis. Ou dans lequel ils se sont placés la semaine dernière, en se retirant de la séance consacrée à l’étude du discours insultant du président Assad.
Chacun choisira sa version. Quoi qu’il en soit, le résultat devrait apparaître dans les semaines à venir : l’on aura su si le compromis sert vraiment à résoudre le malaise fondamental qui prévaut à l’échelle nationale, ou s’il n’a fait que servir temporairement de calmant, en attendant la reprise de la confrontation.
Sur un autre plan, le Conseil des ministres a fait assumer à Israël la responsabilité de la disparition du pêcheur Mahmoud Farran, chargeant tous les ministres concernés de soulever cette question devant les institutions internationales pour faire pression sur l’État hébreu et faire la lumière sur le sort du disparu.
M.H.G.
Sur fond de crise politique embryonnaire et avec comme épée de Damoclès la menace constante de certains partis de recourir à la rue, le Conseil des ministres a tenu hier une séance « pragmatique » et « calme », durant laquelle il a décidé d’accorder une avance du Trésor d’un montant de 55 milliards de LL au ministère de l’Énergie, pour soutenir chaque bidon de mazout pour un...
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