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Salon du Livre - Roger Azzam signera aujourd’hui son ouvrage « Liban, l’instruction d’un crime », paru chez Cheminements Un livre révélateur de l’effroyable calvaire du Liban
le 18 novembre 2005 à 00h00
On sait désormais beaucoup de choses sur la guerre du Liban. Livre après livre, la vérité se fait de plus en plus claire : le cynisme de la politique américaine, l’ambition dévorante de la Syrie, le jeu d’Israël. Et le Liban effroyablement écartelé, victime parfois complaisante du jeu des nations. Depuis un an, de nouveaux ouvrages, chroniques, analyses, témoignages, sont venus préciser notre connaissance de cette période de notre histoire. Citons, au hasard, les ouvrages d’Alain Ménargues, Jocelyne Khoueyri, Robert Fisk. Un nouveau livre, celui de Roger Azzam, vient s’ajouter utilement aujourd’hui à cette liste.
Membre fondateur de l’organisation al-Tanzim, née durant la période de la « guerre de deux ans », et membre fondateur du Bureau central de coordination nationale (BCCN), Roger Azzam a été étroitement associé à la lutte d’indépendance du Liban, compromise par la montée en puissance des formations militaires palestiniennes. Ingénieur horticole de formation, politologue par passion pour le Liban, il offre aujourd’hui un livre monumental de 750 pages couvrant toute la période de la guerre. Une guerre de trente ans dont l’épilogue n’est pas, selon lui, l’accord de Taëf (1989), mais le retrait de l’armée syrienne, le 26 avril dernier (2005).
La proposition de Roger Azzam est la suivante : le drame libanais commence après la guerre du Kippour (1973) entre l’Égypte et la Syrie, d’une part, et Israël de l’autre. L’embargo saoudien sur le pétrole pousse Washington à s’intéresser de près à la solution de la crise régionale, pour assurer son approvisionnement en pétrole. Henry Kissinger, secrétaire d’État, se déplace dans la région et aboutit au désengagement sur les fronts syrien et égyptien. Reste le cœur du problème, les Palestiniens, dont la centrale (l’OLP) se trouve au Liban.
C’est Hafez el-Assad qui est chargé de mettre fin à l’anarchie palestinienne pour inclure l’OLP dans le projet de paix américain. En échange de cette mission, Washington livre le Liban à la Syrie. Damas va s’efforcer d’éliminer politiquement et militairement la communauté chrétienne, la seule à s’opposer par les armes à l’hégémonie syrienne et palestinienne. Il cache son stratagème sous l’aspect d’une guerre intercommunautaire qu’il s’acharne à provoquer. Sur cette guerre vont se greffer plusieurs projets régionaux et internationaux. L’URSS tente d’exploiter l’OLP de Yasser Arafat pour prendre pied dans la région. Israël tente de créer un État chrétien. L’Iran rêve d’un État islamique.
La mort de Hafez el-Assad (2000) et le cataclysme du 11 septembre 2001 vont engendrer une nouvelle politique américaine et permettre, trente ans après le 13 avril 1975, le soulèvement de l’indépendance et la révolution du Cèdre.
L’auteur a voulu faire œuvre d’historien et donc se montrer impartial, objectif. « Ce livre se veut une synthèse explicative aussi complète que possible de la guerre du Liban et de ses implications régionales et internationales », dit-il dans son avant-propos. Mais à ses yeux, impartial ne veut pas dire « neutre » ou désengagé politiquement.
Le titre de l’ouvrage Liban, l’instruction d’un crime le dit bien. « Tel un avocat général, j’ai dressé un réquisitoire contre ceux qui portent la responsabilité de cette tragédie », dit-il dans son avant-propos. Si le livre est polémique, il l’est donc à dessein, précise Roger Azzam, qui ajoute : « La finalité première demeure la recherche de la vérité politique de cette guerre, pour en tirer les leçons et les conclusions qui s’imposent et qui servent à la construction d’une solution politique au drame du Liban. »
Dans son effort d’objectivité, Azzam garde les yeux ouverts sur les failles des uns et des autres. Longtemps proche de Aoun, notamment avant les années d’exil (1990-2005), il refuse « d’idéaliser, encore moins d’idolâtrer un quelconque leader politique, qu’il soit vivant ou décédé », estimant que « ce serait porter atteinte à la vérité, et par conséquent à la justice qui doit être faite au peuple libanais, à ses trente ans de calvaire, et d’abord à tous ses martyrs ».
F.N.
(*) Roger Azzam signera son ouvrage à 18h, au stand de la Librairie Antoine.
On sait désormais beaucoup de choses sur la guerre du Liban. Livre après livre, la vérité se fait de plus en plus claire : le cynisme de la politique américaine, l’ambition dévorante de la Syrie, le jeu d’Israël. Et le Liban effroyablement écartelé, victime parfois complaisante du jeu des nations. Depuis un an, de nouveaux ouvrages, chroniques, analyses, témoignages, sont venus...
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